(Agence Ecofin) - En Côte d’Ivoire, la libéralisation des filières visant des marchés d’exportation a été l’une des réformes majeures sur la dernière décennie. Toutefois, si elle a permis l’arrivée de nouveaux opérateurs surtout étrangers, cette démarche a aussi fragilisé les acteurs locaux.
En Côte d’Ivoire, le segment de la transformation de la noix de cajou est aux abois. Dans une lettre adressée récemment au Conseil Coton Anacarde (CCA), le Groupement des industriels de cajou ivoiriens (GTCI) a sollicité un appui afin de permettre à ses membres d’améliorer leur compétitivité face aux multinationales asiatiques.
En effet, selon le GTCI, ces dernières ont la mainmise sur les achats de noix de cajou brutes dans la nation éburnéenne grâce à une meilleure assise financière et des économies d’échelle qui leur permettent d’offrir des prix plus rémunérateurs aux producteurs, ce qui marginalise les acteurs locaux.
Ainsi au 23 juin dernier, les opérateurs n’ont pu payer que 37 000 tonnes de matière première, soit environ 15 % de leur capacité installée de 250 000 tonnes alors que la récolte ivoirienne dépasse les 800 000 tonnes par an. Cette situation vient assombrir un tableau peu reluisant déjà marqué par un environnement des affaires difficile pour de nombreux opérateurs qui souffrent de coûts de production élevés.
« La transformation des noix brutes en amande n’est pas rentable en Côte d’Ivoire à l’heure actuelle simplement parce que la main-d’œuvre y est chère et très peu qualifiée. A cela s’ajoutent les coûts de production tels que le coût de l’énergie, des équipements industriels, de la maintenance industrielle qui rendent la transformation moins profitable. Pour chaque kilo de noix brute, nous perdons 160 Fcfa [équivalent à 800 CFA par kilo d’amande] », confie à Reuters, Aboubacar Touré, directeur général de la société ivoirienne de transformation Novarea.
Si le gouvernement octroie une subvention de 400 Fcfa/kg d’amandes et une prime de 800 Fcfa/kg pour la noix de cajou brute pour faire face à la pandémie de coronavirus, certains transformateurs locaux estiment qu’il faudra encore renforcer ce coup de pouce.
« Nous réclamons que la prime Covid-19 de 800 Fcfa/kg soit maintenue encore cette saison 2021 et d’autre part que la subvention actuelle de 400 Fcfa/kg passe à 800 Fcfa/kg afin de nous permettre de gagner en compétitivité face à nos concurrents asiatiques », indique M.Touré.
En plus du renforcement de ces facilités financières, la GTCI estime que l’exécutif pourrait accorder des droits exclusifs aux opérateurs locaux durant les deux premières semaines de la récolte pour leur permettre d’avoir accès aux noix de cajou de première qualité.
Globalement, cette situation au niveau des transformateurs ivoiriens d’anacarde est similaire à celle rencontrée par les exportateurs de cacao. Dans les deux cas, ce sont les entreprises transnationales qui dominent les achats de matière première par le biais de leurs partenaires locaux.
Pour rappel, le GTCI fédère environ 15 sociétés ivoiriennes qui emploient 2 300 personnes. Les opérateurs asiatiques principalement originaires du Vietnam et d’Inde achètent et exportent chaque année, 80 % de la production ivoirienne de noix de cajou.
Espoir Olodo
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