(Agence Ecofin) - Il y a quelques mois, le cours du nickel a fortement augmenté alors que les acteurs du marché craignaient une pénurie. La tendance a changé en mars dernier quand une entreprise chinoise a émis l’idée de transformer le nickel initialement destiné à l’acier inoxydable pour l’adapter aux batteries.
Dans une nouvelle édition de son rapport Quintessentially Nickel publiée fin mai, l’entreprise russe Norilsk Nickel a mis à jour ses prévisions pour le marché. Elle prévoit un excédent de 52 000 tonnes en 2021, en baisse par rapport à sa précédente estimation de 90 000 tonnes. Toutefois, cet écart devrait grandir à nouveau en 2022 pour dépasser les 100 000 tonnes.
Premier producteur mondial de nickel raffiné, Norilsk a expliqué qu’en 2021 la reprise post-Covid de la demande de nickel primaire sera compensée par l’extension massive des capacités de production en Indonésie. En 2022, d’autres extensions entraineront une nouvelle hausse de l’excédent. Cependant, une croissance accélérée du secteur des batteries pourrait atténuer cette prévision.
Ce nouveau rapport intervient alors que le prix du nickel a connu en mars dernier une chute sévère, perdant plus de 4 000 dollars, sa plus forte baisse depuis 2011. Il avait atteint plus tôt un sommet de 20 000 dollars, alors que prévalait un risque de pénurie avec une demande en hausse et la production qui suivait le chemin inverse. Le cours a chuté après que le chinois Tsingshan, un leader du marché de l’acier inoxydable (qui compte pour le tiers de la demande mondiale de nickel), a annoncé vouloir produire du nickel de qualité batterie à partir de minerai de latérite et de fonte de nickel à bas coût.
L’équilibre futur du marché du nickel dépendra du rythme auquel avancera la transition énergétique, du secteur des batteries, du succès des lancements de nouvelles unités de production, mais aussi de la réussite ou non des plans du conglomérat chinois Tsingshan. Pour l’Afrique, représenté sur le marché par l’Afrique du Sud et Madagascar (10e et 13e producteurs mondiaux), l’objectif devrait toutefois rester le même : augmenter les capacités de production pour mieux se positionner. La nation arc-en-ciel et la Grande île doivent continuer d’œuvrer pour exploiter pleinement les ressources en nickel de leur sous-sol, car la tendance pourrait rapidement changer. Le nickel reste un métal d’avenir et avec de nouveaux projets à plus petite échelle, d’autres pays comme le Zimbabwe, la Tanzanie, la RDC ou encore la Zambie peuvent également jouer un rôle dans le futur.
Louis-Nino Kansoun
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Accra, Ghana