Or de Kiniéro, mines de bauxite : le ministère guinéen des Mines dément les allégations d’irrégularités et de prises illégales d’intérêt

(Ecofin Hebdo) - Le ministère guinéen des Mines et de la Géologie a vivement contesté les allégations de corruption, d’irrégularités et de prise illégale d’intérêts formulées à son encontre par des sources de l’Agence Ecofin. Ces dernières pointaient du doigt le flou autour du processus d’appel d’offres ayant conduit à l’attribution du contrat de relance de la mine d’or Kiniéro à la société britannique Sycamore Mining. Elles évoquaient également un vif conflit entre le Ministère des Mines et la société Eurasian Resources. Voici donc les éléments qui devraient permettre à chacun de se forger une opinion.

 

Ici notre article du 9 décembre 2019 :

09/12/2019 - Or de Kiniéro, mines de bauxite : les arrangements douteux de hauts cadres du ministère des mines de Guinée

 

Ici le droit de réponse du Ministère des Mines et de la Géologie de Guinée (fichier PDF de 7 pages)

DROIT DE REPONSE A L’ARTICLE INTITULE « OR DE KINIERO, MINES DE BAUXITE : LES ARRANGEMENTS DOUTEUX DE HAUTS CADRES DU MINISTERE DES MINES DE GUINEE »

Les arguments développés par le Ministère guinéen :

Point 1 : Concernant le flou autour du processus d’appel d’offres de Kiniéro

Selon les sources de l’Agence Ecofin, le processus de sélection et d’attribution n’aurait été qu’une «mascarade de transparence institutionnelle servant à la conclusion de contrats privés au bénéfice du cabinet du ministre». Le ministère a rejeté cette accusation en indiquant qu’il y a eu deux processus d’appels d’offres sur le dossier relatif à la mine de Kiniero qui est à l’arrêt depuis 2014.

Le premier appel d’offres aurait eu lieu en 2017 et a vu la participation de 7 entreprises. Suite à un processus de sélection qui a conduit à la réduction du nombre d’offres à 4 puis à 2 (dont Emedi Resources), la Commission d’évaluation a déclaré qu’aucun des soumissionnaires «n’a démontré de manière satisfaisante la preuve de la disponibilité du financement pour la reprise de la mine de Kiniéro immédiatement mobilisable selon les exigences du cahier spécial de charge».

Le deuxième appel d’offres aurait eu lieu en 2019 avec la participation de 4 entreprises, dont Sycamore Mining, SWR International, Toro Gold et Groupement National pour le Développement de la Guinée (GNDG). Sycamore a été désignée comme l’entreprise ayant présenté la meilleure offre le 16 avril 2019, et l’Etat a entamé des négociations avec la société, lesquelles négociations ont abouti le 19 novembre 2019.

«Il importe de rappeler que durant tout le processus d’évaluation des offres, il n’a jamais été question d’évaluer une offre portée par la société dénommée Emedi Resources. Cette société n’a jamais soumis d’offres spontanées et par conséquent la Commission d’Evaluation n’a pas identifié un lien formel existant entre Emedi Resources et le groupe Sycamore», a déclaré le ministère.

Pourtant, une lettre datée du 21 décembre 2018 et adressée au ministre des Mines Abdoulaye Magassouba par Emedi Resources, il est fait état d’une offre conjointe entre la société et son partenaire financier Sycamore Mining pour obtenir les titres miniers sur les gisements de Kiniéro. Le ministère n’a pas indiqué dans le cadre duquel des deux processus d’appels d’offres cette lettre a été envoyée. Le 21 décembre 2018 se trouvant après la clôture du premier appel d’offres et avant le lancement du second, selon les dates communiquées.

Il n’a pas non plus indiqué s’il a connaissance des requêtes évoquées dans ladite lettre, y compris la disposition de la coentreprise Emedi-Sycamore à accepter une partie tierce. Rappelons que dans la lettre vue par Ecofin, Emedi Resources présente Sycamore comme son partenaire financier et affirme que les requêtes ont été reçues du ministère.

«Il importe de rappeler que durant tout le processus d’évaluation des offres, il n’a jamais été question d’évaluer une offre portée par la société dénommée Emedi Resources. Cette société n’a jamais soumis d’offres spontanées et par conséquent la Commission d’Evaluation n’a pas identifié un lien formel existant entre Emedi Resources et le groupe Sycamore», indique le ministère, précisant que le courriel en question «est un accord entre parties privées», mais pas «une expression d’intérêts».

Sycamore Mining n’a toujours pas répondu à notre demande de réaction.

 

Point 2 : Concernant le « coup de gueule » de la société Eurasian Resources

La compagnie kazakhe Eurasian Resources, active sur l’exportation de la bauxite des régions de Telimele et Fria dans le nord-ouest de la Guinée, a envoyé le 6 juin 2019 une lettre au ministre pour dénoncer des cas de prise illégale d’intérêts dont elle est victime. Alors qu’un décret présidentiel datant de 2018 lui a octroyé une zone pour construire un port de 7 quais dans un délai de six mois, la compagnie indique dans la lettre avoir été retardée sur le projet.

Pour ce qui est de la situation de cette société, indique le ministère, le retard dans la mise en œuvre de son projet ne peut être imputable à une tierce personne ou entité, en raison de «son incapacité à tenir ses engagements vis-à-vis de l’Etat ; sa volonté de ne pas respecter les procédures légales pour l’obtention des permis ; son non-respect des accords d’amodiation signés par elle avec la société Guinean Brain Touch (GBT) et AXIS Mineral ; le conflit entre ses actionnaires rendu officiel au niveau du Ministère des Mines ; le non-paiement total des droits de l’Etat après l’octroi du titre d’exploitation depuis déjà deux (2) ans, ce qui constitue un réel motif de retrait de son permis d’exploitation»

Selon le document envoyé à Ecofin, Eurasian se serait retirée de manière unilatérale des accords d’amodiation conclus en avril 2018 avec les sociétés AXIS et GBT, sur la base desquels lui a été accordé le périmètre.

«La société Eurasian Resources continue de mener des démarches auprès de certaines personnalités du pays afin que le consortium GBT/AXIS soit exproprié à son profit de la zone dans laquelle elle est en train de mener ses travaux, et ce, malgré les emplois déjà créés et les infrastructures en cours de réalisation», peut-on lire dans le document qui précise qu’à la suite de longues discussions, les responsables de la société Eurasian ont reconnu leurs erreurs et présenté leurs excuses. Des discussions auraient repris avec le ministère qui leur demande de payer les droits fixes et surtout de démontrer ses capacités techniques et plus spécifiquement les capacités financières pour réaliser le projet.
Eurasian n’a toujours pas répondu à notre requête de réaction.

 

Lutte contre la corruption dans le secteur minier guinéen

Le ministère a également réaffirmé l’engagement du gouvernement d’Alpha Condé à lutter contre la corruption par une gestion efficace du secteur à travers une meilleure transparence et le respect des textes en vigueur. L’objectif, apprend-on, est de promouvoir le secteur minier guinéen en vue de son développement rapide qui, sans doute, sera profitable au peuple de Guinée. Pour rappel, si la Guinée est l’un des plus grands producteurs de bauxite au monde et son économie quasi dépendante du minerai d’aluminium, ses richesses minières restent encore largement sous-exploitées.

 

L’Agence Ecofin avait-elle contacté le ministère avant publication de l’article ?

Nous confirmons que l’Agence Ecofin a bel et bien adressé le 5 décembre à 9h20, soit 4 jours avant la publication de l’article, le courrier ci-dessous, à l’adresse de contact du ministère, qui a procédé en retour de la même manière pour nous adresser son « droit de réponse ».

 2adresse ministère

3mails NINO

Ce courrier est resté sans réponse. Le 13 décembre, nous avons également sollicité une interview à M. Nimaga, qui l’a refusée.

La rédaction

 

 

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