(Agence Ecofin) - La valeur des actions du groupe Glencore Plc a connu, jeudi 5 décembre 2019, sur le London Stock Exchange, sa chute (-9%) la plus lourde depuis le 8 mars 2016, après que le marché soit au courant qu’il faisait l'objet d'une enquête par l’Autorité britannique chargée de la délinquance financière (SFO) pour des affaires de corruption. Aucun autre détail officiel n'a été donné sur ce dossier qui implique de nouveau le géant mondial du négoce des matières premières et qui est très actif en Afrique.
Sur le Johannesburg Stock Exchange, le principal marché financier sud-africain où le groupe est aussi coté, la valeur de son action a baissé de 5,71%, sa plus importante chute depuis le début de l'année 2019. Il faut dire que l’entreprise suisse dont l’un des premiers actionnaires est une structure d'investissement du Qatar (Qatar Holding), fait déjà l'objet d’une enquête pour corruption devant la justice américaine, pour des faits survenus dans plusieurs pays, dont la République démocratique du Congo et le Nigeria.
Les investisseurs anticipent au mieux un arrangement et au pire une lourde condamnation qui devrait se traduire par le règlement de sommes d'argent importantes au titre d'amende. Le groupe Glencore ne devrait pas être surpris par cette évolution des choses. Depuis le début de l'année 2019, le groupe a lancé un vaste programme de rachat de ses actions, officiellement pour gratifier ses investisseurs.
Mais on peut bien voir que cela lui éviterait surtout d'avoir une grosse volatilité sur sa valeur boursière, qui à 37 milliards $, est encore près de deux fois inférieure à sa valeur comptable estimée (70,5 milliards $). Outre des défis de corruption, Glencore doit faire face à des dépréciations sur la valeur de certains de ses actifs notamment en Zambie et en RDC, où de nouveaux codes miniers sont venus réduire les perspectives de revenus nets.
Cette nouvelle affaire est conforme à la demande des organisations internationales de la société civile comme Global Witness, qui ont fait le plaidoyer pour que l'office britannique de fraudes sérieuses, ouvre une enquête sur les pratiques du groupe en RDC.
Curieusement, ces entreprises qui sont soupçonnées de corruption dans de grands pays ne sont jamais inquiétées par les administrations judiciaires d'Afrique, un continent qui perd chaque année des milliards de dollars de revenus fiscaux en raison des pratiques de corruption qui sont à l'origine des abus fiscaux de toute sorte.
Idriss Linge
Casablanca, Maroc : « Quelle assurance dans un monde d’incertitudes ? »