(Agence Ecofin) - Le Malawi devrait bientôt faire une entrée remarquée dans le secteur des métaux de pointe. En attendant de pouvoir en profiter le pays démarre au passage l’application de sa nouvelle législation minière.
Le gouvernement du Malawi vient d’octroyer à Globe Metals & Mining un permis d’exploitation minière à grande échelle pour son projet de niobium Kanyika. Avec l’obtention de cette licence, la compagnie cotée sur l’ASX dispose de toutes les autorisations pour développer ce qui est présenté comme la première mine africaine de niobium. Le projet devrait également être, sous réserve de financement et de construction, le premier nouveau producteur de cette matière première au monde en 50 ans.
Une exploitation sur plus de 23 ans
Dans la foulée de l’annonce de l’obtention du permis minier, Globe a publié une étude de faisabilité pour le projet. La lecture du document montre que les ressources de Kanyika peuvent soutenir une exploitation sur 23 ans au minimum. Cette durée de vie peut être améliorée jusqu’à 38 ans sous réserve, apprend-on, de la conversion des ressources inférées par des forages supplémentaires.
Sur les 23 ans, l’étude indique que la mine est capable de produire annuellement une moyenne de 3 250 tonnes de niobium, mais aussi 140 tonnes de tantale (les deux métaux sont souvent liés dans la nature). Pour concrétiser ce projet, il faudrait un investissement de 250 millions $, récupérables en 1 an et demi après l’entrée en production pour le moment prévu pour 2025. Le projet devrait générer des revenus totaux de 5,6 milliards $ sur toute sa durée de vie, estimation basée sur un prix du niobium de 55 $ le kilogramme et un prix du tantale de 410 $/kg.
« Kanyika promet d’être un projet de premier plan au niveau mondial, utilisant une technologie de pointe pour un métal de pointe », indique Globe, qui aura besoin que le marché maintienne sa bonne santé pour réaliser son objectif.
Le niobium est en effet en grande partie utilisé dans la fabrication d’aciers à haute résistance. Il est essentiel aux industries militaire, aérospatiale, spatiale et médicale et devient de plus en plus important en électronique quantique, dans la fabrication de semi-conducteurs et dans l’industrie des véhicules électriques.
Une nouvelle ère
Pour Alistair Stephens, PDG de Globe Metals & Mining, c’est une nouvelle ère qui s’annonce pour l’industrie minière malawite. Il faut dire que la nouvelle licence à grande échelle obtenue par sa société est la première sous la nouvelle législation minière entrée en vigueur en septembre 2019. Qu’elle soit accordée au projet Kanyika est symbolique, car l’Etat mise sur la future mine pour devenir le quatrième producteur mondial de niobium derrière le Brésil, le Canada et l’Australie.
Les profits que tirera le gouvernement de la réussite de ce projet seront liés à sa participation non dilutive de 10 % dans Kanyika et une redevance de 5 % comme le préconise la législation minière. Globe paiera d’autres taxes selon la loi fiscale du Malawi et devra verser une redevance de 0,45 % à la communauté de Kanyika.
En plus des retombées positives sur son économie, il est prévu que le projet crée des emplois et des programmes communautaires pour les habitants de la région. Toutefois, la compagnie explique que les opérations commenceront avec une main-d’œuvre expatriée en raison de l’insuffisance ou de la non-disponibilité d’une main-d’œuvre locale qualifiée. Les travailleurs locaux seront affectés à des postes liés à la technologie et la gestion, ou encore à des emplois « peu ou semi-qualifiés ».
« La société a estimé que, sur la base d’un total de 400 personnes directement employées, 10 000 autres emplois au Malawi seront générés par une association indirecte avec la mine. En outre, 30 000 autres personnes dans la zone communautaire de Kanyika, telle que définie par la société, pourront bénéficier de l’impact indirect de la mine », a-t-elle indiqué.
Si le développement du projet Kanyika se concrétise, ce serait une première grande réussite pour le gouvernement Chakwera qui ambitionne de faire passer la contribution du secteur extractif au PIB de 1 % actuellement à près de 30 %.
Louis-Nino Kansoun
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