(Agence Ecofin) - Le ministre tunisien des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a envoyé une requête à la Présidence pour déterminer les circonstances de la production et de la diffusion de Livre noir : le système de propagande sous Ben Ali. Cet ouvrage paru depuis avril 2013 en France, aux éditions La Découverte, a été produit par les services de communication du président de la République, Moncef Marzouki. Depuis, la polémique ne cesse d’enfler dans le pays, car les archives du régime de l’ex-président déchu sont encore closes. Or, les archives du Palais présidentiel ont été abondamment sollicitées pour ce livre.
L’ouvrage de 354 pages (www.slideshare.net/slideshow/embed_code/28809224) est fourni en données sur le système de propagande qui a prévalu sous le règne de Ben Ali. Plus de 500 noms de personnes sont livrés, mélangeant sans distinction toutes celles qui ont collaboré, d’une manière ou d’une autre, avec l’agence gouvernementale de communication ATCE, qu’il s’agisse de promotion culturelle, économique, touristique ou de réelle propagande politique.
Au cours d’une rencontre avec la presse ce 4 décembre, le directeur de publication du bimensuel l’Audace, Slim Bagga, a annoncé qu’il portera plainte contre le président Moncef Marzouki. L’universitaire Olfa Youssef avait accusé le président de la République de fabriquer des mensonges. Elle l’avait alors mis au défi d’apporter des preuves de son implication présumée dans les campagnes pour polir l’image de l’ancien régime. L’éditeur tunisien, Art Libris, avait quant à lui appelé au boycott du livre.
Sans condamner la divulgation des archives, le Syndicat national des journalistes de Tunisie (Snjt) avait plutôt manifesté sa crainte que les données contenues dans le livre soient utilisées pour régler des comptes. L’organisation avait alors rejeté l’instrumentalisation partisane et politique des archives.
Pour le spécialiste de droit constitutionnel, Amine Mahfoudh, la publication du livre a été faite en violation de plusieurs lois à la fois. Il en conclut que le président de la République, qui ne bénéficie pas d’immunité judiciaire, encourt une peine d’emprisonnement, ainsi que toute personne ayant participé à l'élaboration du livre. Les peines pouvant aller jusqu'à deux ans de prison pour chaque plainte déposée.
Le porte-parole de la présidence de la République, Adnène Mansar, répond que la Présidence « assumera pleinement sa responsabilité ».
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