(Agence Ecofin) - L'industrie du miel en Afrique subsaharienne a un potentiel de rendement économique important. Si l’apiculture demeure une activité secondaire, la modernisation de la filière pourrait représenter une opportunité de création d’emplois et de revenus supplémentaires non négligeables pour les pays africains en plein développement.
On note en effet une demande supérieure à l’offre sur le continent. Le Nigéria par exemple, ne répond qu’à 10% environ de sa consommation nationale selon les données de l’entreprise locale Barg National Honey. D’un autre côté, les freins de l’exportation n’aident pas à la croissance de la filière. L’Ethiopie par exemple, qui est le premier producteur de miel en Afrique, exporte moins de 1000 tonnes sur les 45 000 qu’elle produit par an.
L’industrie apicole représente ainsi une opportunité pour les entrepreneurs, à travers les investissements et l’innovation.
Les connaissances nécessaires
Les connaissances sur les pratiques de récolte de miel, le conditionnement et la protection contre les possibles attaques sont incontournables. Il faut avoir une maîtrise de l’élevage des abeilles, de la production d’essaims et de la transhumance (déplacement des ruches pour faire bénéficier aux abeilles des saisons successives, afin d’obtenir plusieurs variétés de miel). On doit également avoir des connaissances sur les types et formats de ruches, le type d’abeille, le lieu d’implantation de la ruche, le démarrage de l’essaim, etc.
Comment apprendre ?
Pour devenir apiculteur, on n’a pas forcément besoin de diplômes ou de cursus scolaire ou universitaire particulier, mais être en possession d’un certificat professionnel est un atout majeur au vu des risques liés à l’exposition aux abeilles, et aux mesures appliquées aux produits alimentaires.
Au niveau local, des coopératives soutenues par les gouvernements ou instituts de recherche forestière proposent des formations sur l’apiculture moderne. En Afrique, la Banque africaine de développement, le Fonds africain pour le commerce, l’Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture, et plusieurs ONG accordent formations et financements pour soutenir la compétitivité dans la chaîne de valeur du miel.
Quel budget pour se lancer ?
On peut fabriquer soi-même une ruche kényane à partir de 6 dollars environ. Le budget minimal pour une entreprise professionnelle incluant l’achat d’une ruche moderne, la nourriture et le traitement des abeilles, ainsi qu’une possible formation, est d’environ 997 dollars. Il variera en fonction du nombre de ruches que l’on souhaite acheter. Pour un projet semi-industriel, on peut se regrouper en collectivité d’apiculteurs ou en entreprise familiale, et commencer avec un budget d’une centaine de ruches.
Quel matières premières ou équipements ?
Le matériel de base comprend : combinaison de protection individuelle, brosse, rayons, enfumoir, ruches, etc. On aura le choix entre l’équipement pour une apiculture traditionnelle, améliorée ou moderne en fonction de ses moyens. Les ruches améliorées sont de plus en plus adoptées par les apiculteurs qui n’ont pas un budget élevé. Comme les ruches traditionnelles, elles peuvent être conçues à l’aide de matériaux locaux, à la différence que celles-ci ont deux ouvertures pour l’entrée des abeilles et la récolte.
Les ruches modernes quant à elles comportent un couvercle sur la partie supérieure et sont équipées de barrettes (ruches à barrettes), ou de cadres (ruches à cadres). Ces ruches, à rayons mobiles, sont conçues pour que chaque rayon puisse être enlevé, examiné et replacé séparément, contrairement aux ruches traditionnelles.
Où s’approvisionner ?
De nombreuses entreprises proposent différentes innovations dans la conception et l'utilisation des matériaux, permettant aux apiculteurs de choisir leur équipement en fonction de leurs propres besoins et préférences. Une autre option consiste cependant à fabriquer soi-même ses ruches ou se rapprocher des éleveurs locaux.
Le moyen le plus simple d'obtenir des colonies d'abeilles est d'acheter des ruches complètes chez un apiculteur établi. Toutefois, l’approvisionnement en abeilles dans les pays d’Afrique subsaharienne, est généralement fait dans les troncs d’arbres, les bas-fonds, etc.
Comment trouver des clients ?
Les chasseurs de miel du secteur informel vendent directement leur récolte aux commerçants et aux particuliers. Si on est une entreprise ou une coopérative formelle, on peut proposer une marque de miel dans un packaging moderne, au niveau des grandes surfaces et à l’exportation. Dans ce cas, on devra miser sur l’innovation, en proposant par exemple un packaging individuel sous forme de sachets, de coupelles, plus pratiques et plus accessibles pour la majorité des consommateurs.
A quel moment/volume devient-on rentable ?
Pour une activité individuelle, on peut commencer avec 4 ruches. Compter une vingtaine pour une activité familiale. Si on veut lancer une entreprise professionnelle avec un budget réduit, il est utile de se regrouper en collectivité si l’on n’a pas les moyens. On pourra ainsi commencer avec un ensemble de 100 essaims d’abeilles et de ruches.
Une ruche produit en moyenne entre 18 kg et 23 kg de miel. A partir de ces données, on va produire entre 1800 kg et 2300 kg de miel par an. Le prix d’un litre de miel varie de 1,8 à 11 dollars en fonction de la qualité et du lieu de vente. A cette activité, on peut ajouter la production de cire, de gelée royale et de pollen pour des revenus supplémentaires.
Le bénéfice d’une entreprise est obtenu en comparant le coût des matières premières, le coût de la main-d'œuvre, aux recettes générées par la vente. Si la rentabilité peut être établie six mois environ après la mise en place des abeilles, il est recommandé de mettre sur pied un plan financier sur période d’au moins 3 ans.
Aïsha Moyouzame
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »