(Agence Ecofin) - Le financement octroyé par la France au secteur énergétique des pays pauvres par le biais de son agence de développement devrait être redirigé et réadapté afin de permettre le développement durable des bénéficiaires. C’est ce qui ressort d’une étude d’Oxfam, dénommée « Des énergies renouvelables pour lutter contre la pauvreté».
« Il faut éviter de regarder l’accès à l’énergie sous le seul angle comptable des mégawatts installés, mais s’assurer que les individus, notamment les plus pauvres, ont bien accès à un service de qualité, abordable d’un point de vue financier et fiable. Ainsi, un foyer peut être très bien raccordé à l’électricité, mais ne pas avoir les moyens financiers de payer le service.», peut-on lire dans le document. L’organisation a, en effet, relevé un certain nombre de pratiques financières qui réduisent l’efficience des financements français dans le secteur et dans le processus de lutte contre le réchauffement climatique.
Ainsi, 8% des financements concédés par l’Agence française de développement (AFD) vont encore au profit des énergies fossiles. En outre, l’efficacité énergétique qui participe à l’accès universel à l’énergie en mettant à disposition une plus grande capacité est également négligée.
L’agence tend, en outre, à privilégier la mise en place des infrastructures de grande capacité, selon le modèle occidental. Sauf que celui-ci n’est pas adapté dans les pays d’intervention, à cause des grandes superficies des pays africains et de la faible densité démographique. Cela rend plus difficile l’accès des zones reculées et, le cas échéant, conduit à des pertes en ligne élevées. En outre, le caractère descendant des lignes mises en place fait que la survenance d’une coupure prive tout le secteur en aval de l’électricité.
De plus, une analyse des projets soutenus par l’AFD montre, selon l’étude, que la privatisation ou l’intervention du secteur privé en appui est considérée comme une solution au problème de mauvaise gouvernance. Cependant, ce processus risque de conduire à une hausse du tarif, à cause du besoin de rentabilité des entreprises, ce qui ralentirait davantage l’accès à l’énergie. Selon Oxfam, en l’état actuel des investissements, l’Afrique ne parviendra pas à l’accès universel à l’électricité avant 2080 soit 30 ans plus tard que l’année 2050 fixée comme échéance dans les objectifs.
L’étude recommande donc un arrêt des financements aux énergies fossiles, l’octroi d’une plus grande place à l’efficacité énergétique, aux réseaux locaux autonomes et une intégration plus importante d’une approche globale de l’accès à l’énergie. Elle préconise également une plus grande attention au renforcement des capacités des ressources humaines, l’établissement de filiales durables ainsi qu’une plus grande transparence dans le mécanisme de financement de l’AFD. Enfin, Oxfam demande que l’aide de la France aux secteurs énergétiques des pays les plus pauvres passe à 1 milliard €, d’ici 2022, et que les financements globaux soient partagés de manière égale entre les financements climats et les financements énergétiques.
Gwladys Johnson