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L’African Agriculture Fund achève sa seconde capitalisation

  • Date de création: 15 mars 2013 10:46

(Agence Ecofin) - Premier fonds d’investissement privé pour l’Afrique créé en 2010, l’African Agriculture Fund (AAF) se prépare, ces prochaines semaines à boucler sa deuxième levée de fonds. L’objectif demeure la sécurité alimentaire du continent, explique Gilles Peltier, qui siégea à son Conseil de surveillance jusqu’en juin 2012 au titre de l’Agence française de développement (AFD), un des promoteurs initiaux du Fonds.

Où en est le deuxième closing financier de l’AAF et quel bilan tirez-vous de la première phase ?

Gilles Peltier : Au regard de l’objectif du Fonds, créé en 2010, et de son parcours jusqu’à ce jour, le premier point à souligner est que, par delà la crise financière, le Fonds devrait réussir une levée de fonds remarquable même si nous nous rapprochons de l’objectif affiché (porter son capital à $ 300 millions), sans toutefois l’atteindre.

Le deuxième point -et c’est au crédit de l’équipe de gestionnaire que les promoteurs ont sélectionné - est que, sur les quatre premiers projets financés, la plupart sont tout à fait emblématiques de la thèse d’investissement et de l’impact qu’ils auront sur la situation alimentaire du continent.

Enfin, l’équipe gestionnaire, Phatisa Fund Managers, a eu le talent d’agréger dans son équipe de jeunes professionnels africains de l’ensemble du continent. C’est important, car ceci crédibilise la démarche : c’est un fonds africain qui a une démarche totalement endogène sur le continent par delà l’expertise de chaque expert. En outre, pour la gestion de sa facilité d’assistance technique, l’équipe a fait le choix original de Technoserve qui apporte son expertise dans la gestion indépendante de la facilité. Avec le fonds filial géré par Databank pour les petites et moyennes entreprises agricoles, les trois composantes d’AAF sont ainsi opérationnelles à la fin de ces deux ans et pour ce second closing final.

En quoi la spécificité africaine du fonds fait-elle la différence avec d’autres fonds ?

Gilles Peltier : Si on regarde l’enjeu de la crise alimentaire de l’Afrique ces prochaines années, notamment au travers des travaux de la FAO, ce n’est évidemment pas l’AAF à lui seul qui va changer la donne. Il intervient, naturellement, avec d’autres instruments existants.

En réalité, l’originalité de l’AAF est sa thèse d’investissement et ses points de rigueur qui sont inscrits dans ses statuts. Par exemple, 25% des investissements du fonds doivent être réalisés dans l’agriculture primaire, c’est-dire la production, puis dans les secteurs amont, la transformation des produits et les services aux filières : vous évitez ainsi tous risques de dérives vers des cibles ne contribuant pas directement à la sécurité alimentaire.

L’autre point est que, dans sa thèse d’investissement, l’AAF doit prendre en compte la chaine de valeur au sens anglo-saxon du terme. C’est clairement le fil d’Ariane pour évaluer un projet. Ce qui veut dire que lorsqu’un projet est identifié, le volet villageois doit être pris en compte.

Chaque projet est de $ 15 à $ 20 millions. C’est à la fois beaucoup et peu…

Gilles Peltier : C’est exact. L’idée est de ne pas éparpiller nos efforts. Si le fonds investit $ 15 à 20 millions, comme c’est le cas pour le secteur avicole en Zambie, l’objectif est d’avoir un réel impact sur la filière. Cela a été aussi le cas en Sierra Leone où le Fonds a investi $ 10 millions dans l’huile de palme et a réussi très facilement à convaincre d’autres investisseurs d’ajouter 10 autres millions. Donc l’intérêt de ce fonds est d’inviter à des cofinancements et d’avoir un réel effet de levier.

Quels sont les critères de sélection du fonds quant aux projets et aux pays retenus et en quoi diffèrent-ils d’un fonds d’investissement non africain ?

On va les définir à l’envers et prendre les critères sur lesquels le fonds ne va pas. C’est un fonds de sécurité alimentaire, donc il n’ira que sur les productions en bouche. Par exemple, le Fonds ne peut pas investir dans la production cotonnière ou les filières hévéa.

Pourtant ces filières commerciales sont souvent étroitement liées aux cultures vivrières…

Gilles Peltier : J’y arrive. Le fonds n’intervient que pour les cultures destinées à l’alimentation domestique ou aux exportations régionales ou sous-régionales. Sur les filières dites d’exportation, il ne s’y intéressera qu’au regard de sa composante villageoise et vivrière. Pour ces cibles, le fonds a créé une filiale dotée aujourd’hui de $ 30 millions, ce qui est assez peu mais devrait monter à $ 60 millions. Dans le cas des PME-PMI sur la filière avicole au Cameroun, l’investissement du fonds de $ 1,14 million porte sur un projet sous-jacent à cette filière tendant à accélérer la production de soja pour alimenter les poules pondeuses. Donc, on est dans une logique d’accompagnement d’une filière pour laquelle on va suréagir notamment sur la composante villageoise dans le cadre du capacity building.

Par ailleurs, le fonds est dans une logique de subsidiarité. En d’autres termes, un fonds d’investissement classique va investir dans les filières café, cacao, sucre, etc. et va créer de la valeur qui va elle-même créer du revenu agricole, mais ce ne sont pas ces types d’investissement qui vont empêcher des crises alimentaires de se développer. AAF, quelque part, s’intercale dans cette logique.

Pourquoi une recapitalisation si rapide après deux ans seulement d’existence?

Gilles Peltier : C’est un choix politique dans le bon sens du terme. A l’origine, les promoteurs du fonds - la coopération espagnole, la BAD, l’AFD- avaient décidé de mettre chacun $ 40 millions. Ce sont agrégés ensuite des investisseurs purement africains, dont les trois banques de développement-Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Afrique australe- totalisant $ 30 millions. Et il a été décidé qu’aussitôt le montant de $ 150 millions atteint, le Fonds serait lancé. D’où les trois premiers projets. En revanche, il a aussi été décidé qu’il y aurait une levée de fonds rapide pour le closing final. Car les gestionnaires sont partagés entre concentrer leurs efforts pour lever des fonds dans une conjoncture financière mondiale difficile et la volonté d’investir. Par conséquent, l’idée initiale a été de réaliser des investissements à hauteur de $ 150 millions, tout en procédant à une levée de ressources d’un montant similaire d’ici fin 2012., c’est un Fonds qui va durer longtemps, de l’ordre de 10 à 12 ans, moyennant quoi il y aura peut-être après un AAF 2 !

De l’ordre au final de $ 250 millions, c’est peu au regard des besoins?

Gilles Peltier : Certes, c’est très peu en effet en regard des besoins financiers estimés par les institutions internationales pour éloigner la crise alimentaire ! Mais alors que, depuis des décennies, les investissements dans l’agriculture déclinent et que l’aide internationale a marqué un pallier sur un enjeu aussi important, nous avons observé et même participé dans l’histoire de la création du fonds à toutes les annonces très positives et prometteuses, notamment lors du dernier G20 agricole mené par la France qui a porté sur la crise alimentaire. On aurait donc pu s’attendre à une mobilisation plus forte de la part des bailleurs de fonds mais ce ne fut pas le cas. Et cela pour un ensemble de raisons, dont une que je qualifierais de « procédurale ». L’intérêt de ce fonds est qu’il a imposé aux grandes agences qui y participent- y compris les Nations unies avec le FIDA, l’ONUDI et l’Union Européenne à devoir unifier leurs procédures dans le cadre d’un même projet. On est arrivé à une logique de résilience dans lequel chacun a décidé d’abandonner une partie de son cursus de procédure en acceptant les autres. Il faut maintenant confronter cela à l’épreuve.

Le choix politique au début a été d’investir tout en sachant qu’il y avait des accords de cofinancement. Donc qu’il s’agisse de la BAD, ou de l’AFD ou des banques africaines, l’idée est qu’il y ait une concentration avec l’AAF sur leur propre programme d’investissement dans l’agriculture africaine. Le fonds est le point focal, et c’est en raison de cela que le Fida, par exemple, à ma connaissance, participe pour la première fois, de façon endogène, à un fonds d’investissement. Mieux encore, dans certaines géographies, lorsqu’il existe des politiques agricoles soutenables, les actions du fonds se coordonnent avec les politiques nationales.

Pourquoi « endogène » ?

Gilles Peltier : Parce que le Fida gère la Facilité pour le compte de l’UE. C’est le Fida qui a choisi Technoserve et c’est le Fida qui rend compte à l’UE. Il a donc pris un rôle et a un poste d’observateur au conseil de surveillance. Le Fida avait à l’origine signé la lettre d’intention en tant que promoteur. Historiquement, lorsqu’on a rencontré la Direction générale du Fida en 2008, c’était la première fois que le département juridique signait une intention pour rejoindre un fonds d’investissement. .

C’est le Fida qui a insisté pour qu’il n’y ait pas simplement un guichet PME-PMI mais un véhicule juridique. C’est le Fida qui a préparé la fiche d’action pour la facilitation et qui a négocié avec l’UE une dotation de € 10 millions pour le financement de la facilité. Enfin, c’est le Fida qui détient, quelque part, le rôle de balancier pour remettre au cœur d’un projet d’investissement l’objectif de développement et non une pure quête de rentabilité financière.

Quels sont les objectifs d’ici 2015 et comment se répartissent ces actions?

Gilles Peltier : Tout d’abord, le Fonds va investir, hors facilité d’assistance technique, de l’ordre de $ 50 millions par an durant cinq ans. C’est l’objectif global. D’autre part, comme c’est un fonds panafricain, il lui est statutairement défendu de dépasser dans un pays donné une limite maximum de 15% de son capital total.

L’autre limite, statutaire également, est la répartition par région : le Fonds doit investir 30% en Afrique de l’Ouest, 30% au Centre, et 30% en Afrique de l’Est. Les 10% restants peuvent être alloués à des opportunités dans les pays du Maghreb.

Enfin, l’AAF est un fonds agricole que je qualifie volontiers de « souverain », car il a aussi dans ses statuts un code de bonne gestion des terres. Il s’interdit d’acheter des terres, de les louer dans des conditions qui pourraient mettre de côté les producteurs villageois. Si le fonds investit dans un projet qui implique un volet foncier, c’est sur la base de concessions à long terme, où les producteurs villageois sont parties prenantes, et non d’acquisitions.


 
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