(Agence Ecofin) - Le private equity africain serait en train de perdre un investisseur américain de poids, a-t-on appris de sources crédibles. Blackstone aurait engagé, depuis un an, le processus de revente de Black Rhino, apprend-on du Wall Street journal, qui cite un porte-parole. Les acquéreurs seraient l’équipe managériale de cette filiale depuis 2014, du fonds de capital investissement qui est basé à New York
L'opération n'a jamais été signalée et ne serait pas encore été finalisée. Blackstone serait aussi en pourparlers avec le développeur énergétique Globeleq, filiale du Commonwealth Development Corporation, pour la cession de ses droits de développer et d’exploiter un projet énergétique au Nigéria.
L’aventure avait pourtant bien commencé lors de l’acquisition de Black Rhino. « Nous sommes impatients de nous associer à Black Rhino pour développer des infrastructures énergétiques et des projets énergétiques en Afrique, où les besoins en investissements sont énormes », avait alors déclaré Sean Klimczak, directeur général de Blackstone au moment de l'association à Black Rhino.
Mais il faut dire que le bureau Afrique du département d'Etat américain aux affaires étrangères venait d'établir une feuille de route ambitieuse pour le plan africain du précédent président Barack Obama. Les besoins de financement pour des infrastructures en Afrique qui avaient motivé Blackstone sont restés intacts. Ils ont même quasiment doublé selon de récentes estimations de la Banque Africaine de Développement, à 170 milliards $ annuellement, contre 90 milliards $ précédemment.
Mais il n'est pas exclu que l’effet Obama disparu, le manque d'engagement franc du président Donald Trump sur l'Afrique semble avoir refroidi les enthousiasmes.
Il y a aussi la complexité de l'environnement des affaires en Afrique qui cadre souvent mal avec les stratégies des investisseurs américains, souvent en quête de très gros deals.
En 2017, KKR & Co, une firme de private equity basée aussi à New York a cédé sa seule acquisition en Ethiopie et démantelé son équipe. En 2016, c'est le firme Bain Capital qui est basée à Boston, qui a lâché sa participation dans le sud-africain Edcon, dans le cadre d'un échange actions contre obligations avec des banques pour une valeur de 1,5 milliard $.
Selon un rapport publié par l'association des sociétés de capitaux investissement ciblant l'Afrique (AVCA), lorsqu'on exclu les clôtures de fonds intermédiaires, les ressources de private equity destinées à l'Afrique étaient de 400 millions $ a la fin du premier semestre 2018, soit le niveau le plus bas depuis 2013.
La défiance africaine n'est cependant pas une réalité pour tout le monde. Warburg Pincus, Carlyle Group et bien d'autres ont signé de nouveaux investissements d'envergure dans la région. On peut aussi noter le closing à plus de 600 millions $ du quatrième fonds de la firme Emerging Capital partner destiné à l'Afrique.
Idriss Linge
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