(Agence Ecofin) - Ces dernières années, le potentiel de l’IA pour plusieurs secteurs a souvent été vanté. Toutefois, certaines utilisations de la technologie suscitent de la polémique entre autres parce qu’elles menacent les droits et la sécurité des personnes, poussant l’UE à se lancer dans un projet de réglementation.
La Commission européenne a publié cette semaine une proposition de réglementation qui limiterait ou interdirait certaines utilisations de l’intelligence artificielle au sein de ses frontières. La proposition couvre entre autres la reconnaissance faciale, la conduite autonome et les algorithmes qui pilotent la publicité en ligne, ou encore l’embauche automatisée.
Dans le détail, la nouvelle réglementation suit une approche basée sur plusieurs niveaux de risques. Par exemple, apprend-on, les systèmes d’IA considérés comme une menace évidente pour la sécurité, les moyens de subsistance et les droits des personnes seront interdits (risque inacceptable). En cas de risque élevé (utilisation de l’IA dans l’éducation, l’emploi, le maintien de l’ordre, la gestion de la migration, l’administration de la justice, etc.), les systèmes devront respecter des obligations strictes. D’autres niveaux de risques ont été également établis, en l’occurrence le risque limité et le risque minime.
« En matière d’IA, la confiance n’est pas un luxe, mais une nécessité absolue. En adoptant ces règles qui feront date, l’UE prend l’initiative d’élaborer de nouvelles normes mondiales qui garantiront que l'IA soit digne de confiance », a déclaré Margrethe Vestager (photo), vice-présidente exécutive de la Commission, précisant que l’organisation veut ouvrir la voie à une technologie éthique dans le monde entier.
Nous voulons faire de l'Europe un pôle mondial d'excellence en matière d'intelligence artificielle ?
— Commission européenne ?? (@UEFrance) April 21, 2021
Les propositions dévoilées aujourd'hui visent à renforcer la confiance dans l'IA & à garantir que son développement se fasse dans le respect de nos valeurs ?? ↓#DigitalEU
Si cette proposition est soumise à l’approbation du Parlement européen et des Etats membres de l’UE, il faut noter que les réactions, cette semaine, étaient plutôt partagées. Pour Daniel Leufer, analyste politique chez Access Now, cité par Wired , bien que les règles proposées soient vagues, elles représentent un pas important vers le contrôle des utilisations potentiellement dangereuses de la technologie. Selon Ella Jakubowska d'European Digital Rights, certaines dispositions permettraient aux entreprises et aux autorités gouvernementales de continuer à utiliser l'IA de « manière douteuse ».
Une chose est certaine, la suite de ce projet, qui représente l’effort le plus important pour réglementer l’IA à l’échelle internationale à ce jour, sera très scrutée dans le monde. Si les règles sont adoptées, elles seront en effet appliquées aux géants américains et chinois de la technologie, mais également à toutes les entreprises du monde opérant dans l’espace européen.
Louis-Nino Kansoun