(Agence Ecofin) - Selon Precedence Research, le marché des batteries pour véhicules électriques devrait passer de 46 milliards $ en 2021 à 560 milliards $ d’ici 2030. L’extraction du minerai (lithium, nickel, cobalt, etc.) ne représente qu’une petite partie de cette manne, d’où l’intérêt pour la transformation.
La Commission de la concurrence et des tarifs douaniers du Zimbabwe a récemment approuvé l’accord de vente du projet de lithium Arcadia par Prospect Resources. C’est ce qu’a confirmé la semaine dernière le porte-parole de l’institution, Tatenda Zengeni, précisant que l’approbation est soumise à l’installation d’une usine de fabrication de matériaux de batteries dans le pays.
« La transaction a été approuvée à la condition que l’entité fusionnée, ses filiales, ses sociétés affiliées et ses successeurs en titre s’engagent à produire du lithium de qualité batterie au Zimbabwe dans les cinq ans suivant la réception de cette décision », précise la Commission, selon les détails relayés par Reuters.
Il faut noter que ce nouveau développement intervient seulement un mois après l’annonce du nouveau propriétaire, le chinois Huayou Cobalt, de son intention de produire les premières tonnes de spodumène et de pétalite dès l’année prochaine.
La compagnie prévoit un investissement de 300 millions de dollars dans la construction d’une mine et d’une usine de traitement permettant d’atteindre une capacité annuelle de 400 000 tonnes de concentré de lithium. Cependant, elle ne compte pas installer une usine locale de transformation permettant de produire par exemple du carbonate de lithium, un produit prisé par les fabricants de batteries.
Un pari loin d’être gagné pour le gouvernement
Selon Huayou Cobalt, produire une tonne de ce carbonate de lithium demanderait de mobiliser « 2 800 kWh d’énergie renouvelable, 500 à 600 mètres cubes de gaz naturel, 2,2 t d’acide sulfurique concentré (98,5 %), 2 t de carbonate de sodium de première catégorie, 20 kg d’hydroxyde de sodium de première catégorie, 4 t de poudre de calcium lourd et 1,6 t de dioxyde de carbone de qualité alimentaire ».
Il s’agit pour la plupart d’intrants qu’il faudrait importer à des coûts rédhibitoires pour la viabilité économique du projet, assure la société. La question de l’énergie en particulier est déjà problématique puisque le Zimbabwe fait déjà face à un déficit qu’elle s’efforce de combler en ayant recours aux pays voisins et en cherchant du financement pour construire de nouvelles centrales à charbon, réputées très polluantes.
Cependant, le pays dispose d’un potentiel hydroélectrique qui représente déjà plus de la moitié du mix électrique et qui pourrait donc être mieux exploité dans le cadre d’un projet minier, sans oublier le recours à l’énergie solaire. Cela suppose pour Huayou Cobalt de mobiliser davantage d’investissements pour ses plans au Zimbabwe.
S’il ne s’agit donc pas d’un objectif impossible à atteindre, la production de matériaux pour batteries électriques sur le sol du Zimbabwe ne sera pas non plus un long fleuve tranquille. Un compromis entre les parties, portant par exemple sur un allongement de la durée de mise en œuvre des plans de transformation locale, pourrait être la solution.
Emiliano Tossou
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