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Libération des 279 filles enlevées au Nigeria : après le soulagement, l'heure est aux questions

  • Date de création: 03 mars 2021 04:16

(Agence Ecofin) - Vendredi 26 février 2021, des hommes armés avaient enlevé des centaines de filles à Jangebe dans le nord-ouest du Nigeria. En moins de trois mois, quatre attaques contre des écoles du pays ont été recensées.

Au Nigeria, les 279 filles du collège-lycée de Jangebe ont été libérées par leurs ravisseurs. C’est ce qu’a annoncé le mardi 2 mars 2021, le gouverneur de l’Etat de Zamfara, Dr Bello Matawalle.

« Je suis heureux d'annoncer que les filles ont été libérées. Elles viennent juste d'arriver dans la maison du gouvernement, et sont en bonne santé. Le nombre total de filles enlevées dans l'école est de 279. Elles sont toutes ici avec nous, nous remercions Allah », a indiqué le responsable aux médias.

Les adolescentes avaient été enlevées le vendredi 26 février 2021, par des hommes armés qui avaient fait irruption dans leur pensionnat. Leur libération est un soulagement pour des centaines de parents, mais également pour toute la société nigériane tristement habituée à ces kidnappings de masse depuis 2014.

Une fois le soulagement passé, l’heure est aux questionnements et aux doutes. Quel était le but de cet enlèvement ? Gonfler les rangs des groupes terroristes comme Boko Haram ? Obtenir de l’argent de la part du gouvernement et des parents ? Ou tout simplement envoyer une sorte d’avertissement aux autorités ? Pour de nombreux observateurs, la réponse pourrait être un mélange des trois hypothèses.

On sait que les groupes criminels qui sévissent dans le nord du Nigeria collaborent parfois avec les groupes terroristes présents dans le pays. En 2014, plusieurs lycéennes de Chibok enlevées par Boko Haram avaient été mariées de force à des djihadistes ; ce qui rend plausible la première hypothèse.

Lorsqu’il ne s’agit pas de gonfler les rangs des terroristes, ces enlèvements sont le plus souvent destinés à renflouer les caisses des kidnappeurs qui demandent des rançons. Dans ce cas, les libérations de lycéens enlevés ces derniers mois ont-elles été le fruit de négociations qui ont abouti au paiement des rançons exigées par les ravisseurs ? Officiellement, les autorités nigérianes ont toujours nié avoir versé une quelconque somme aux bandes criminelles et terroristes pour libérer leurs otages. Mais de nombreux experts en sécurité continuent de penser le contraire.

Que cela soit vrai ou pas, payer les groupes terroristes ou criminels pour obtenir la libération des otages reste une stratégie pernicieuse sur le long terme. Sans minimiser la bonne nouvelle que représente la libération de ces jeunes filles, mais également celle des 42 personnes enlevées avant elles à Kangara, ou celle des 344 garçons enlevés à Kankara, il est important de souligner que le fait de donner de l’argent à ces groupes armés et terroristes entretient un cercle vicieux. Car plus les ravisseurs auront de l’argent de la part du gouvernement, mieux ils s’armeront pour commettre leurs méfaits, et plus ils continueront à enlever des gens.

Pour de nombreux observateurs et critiques de la gestion de la crise sécuritaire du Nigeria par le président Muhammadu Buhari, mettre fin à cette série d’enlèvements impose non seulement de renforcer les moyens de l’armée et de la police pour défendre ces zones sensibles, mais également d’accompagner la riposte militaire par des projets de développement pour faire reculer la pauvreté.

Alors qu’il semble évident depuis plusieurs années que les élèves sont devenus des cibles privilégiées de ces groupes, aucune mesure gouvernementale n’a encore permis d’éloigner définitivement la menace de ces rapts dans des zones pourtant connues pour être dangereuses à cause de leurs exactions.

Moutiou Adjibi Nourou

Moutiou ADJIBI NOUROU


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