(Agence Ecofin) - Le spectre de l’hyperinflation s’approche à nouveau du Zimbabwe. L’inflation sur un an a enregistré une hausse de 97,85% en mai 2019 contre 75,86% le mois précédent dans ce pays d’Afrique australe, selon des données publiées ce lundi 17 juin par l'Institut national de la statistique (ZimStats).
En glissement mensuel, les prix ont augmenté de 12,54% en mai dernier, a ajouté Zimstats.
Durant plusieurs années, le Zimbabwe a connu une hyperinflation sans précédent, régulièrement supérieure à 1000% par an, liée à une grave crise économique qui a commencé avec la confiscation des terres des fermiers blancs au début des années 2000.
L’expropriation des fermiers blancs a en effet découragé les investissements étrangers et fait lourdement chuter les exportations, ce qui a incité l’ancien président Robert Mugabe à faire tourner à plein régime la planche à billet, au point que l’inflation a atteint un record de 500 milliards de pourcent en 2008, selon le FMI. C’est dans ce contexte que le gouvernement a été contraint à abandonner en 2009 le dollar zimbabwéen, au profit du dollar américain. Mais les précieux billets verts se sont faits de plus en plus rares, au point d’étrangler l’économie.
Face à la pénurie de dollars américains, le gouvernement a introduit en 2016, les «bonds notes», des obligations de substitution de la même valeur que les billets verts. Mais l’opération a échoué. La valeur des «bonds notes» s’est écroulée, provoquant une hausse de l’inflation et un retour des pénuries de produits de base comme le pétrole, le sucre ou la farine.
En février dernier, la Banque centrale du Zimbabwe avait annulé l’ancrage de son dollar électronique et de ses obligations de substitution à une valeur fixe au dollar américain. Elle a fusionné le tout dans une devise de transition de valeur inférieure appelée le dollar RTGS.
L’institut d’émission a également lancé une plateforme de négociation interbancaire permettant aux entreprises et aux particuliers d’acheter et de vendre des dollars américains. Mais les billets verts sont devenus de plus en plus rares sur le marché officiel, où un dollar américain se négocie actuellement à 3,4 dollars RTGS contre 6,3 dollars RTGS sur le marché noir.
Cet écart énorme a poussé les entreprises et les particuliers à vendre leurs dollars sur le marché noir et à aggraver ainsi le manque de liquidités, ce qui a entraîné une pénurie de carburant et de médicaments et la montée en flèche de l’inflation.
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