Masai Ujiri, le premier General Manager africain de l’histoire, remporte la NBA

(Ecofin Hebdo) - C’est fait ! Les Raptors, la franchise de basketball de la ville canadienne de Toronto a arraché le trophée de la NBA. A la manœuvre, un homme est de plus en plus cité par les spécialistes. Il s’agit de Masai Ujiri, le « General Manager » des Raptors, dont les choix forts ont permis à Toronto de remporter la première NBA de son histoire. Pourtant, au début de la saison, le premier General Manager africain de la NBA a subi un véritable lynchage médiatique pour avoir échangé le meilleur joueur de son équipe contre l’une des stars les plus redoutées de la ligue. Quelques mois plus tard, il fait taire toutes les critiques !

Tout le Canada a vibré au rythme des paniers marqués par les Raptors de Toronto, en finale du championnat de la NBA. Personne n’aurait pu imaginer un tel scenario en début de saison lorsque Masai Ujiri, le directeur général de l’équipe a décidé, à la surprise générale, d’échanger Demar Derozan, le meilleur joueur de l’histoire de l’équipe, contre la star Kawhi Leonard.

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Contre toute attente, Masai Ujiri a décidé de se séparer de son joueur vedette Demar Derozan.

 

Trainé dans la boue par les médias, qui lui promettent une saison abominable, pris en grippe par le leader du vestiaire et conspué par certains fans, le Nigérian semblait avoir fait le pire choix de sa carrière. Et pourtant, grâce à sa décision, son équipe fait la meilleure de ses saisons, de tous les temps.

Trainé dans la boue par les médias, qui lui promettent une saison abominable, pris en grippe par le leader du vestiaire et conspué par certains fans, le Nigérian semblait avoir fait le pire choix de sa carrière.

De quoi rappeler à tous que Masai Ujiri a toujours su prendre de bonnes décisions, surtout lorsque la situation semblait désespérée. Combien auraient pu, comme le Nigérian, arrêter une carrière de joueur où ils ne se trouvaient pas assez bon, pour se reconvertir en recruteur ?

 

Le spleen du joueur banal

Sans sa reconversion en recruteur, en entraineur, puis en General Manager, peut-être que Masai Ujiri n’aurait jamais vu son nom lié à la NBA (National Basketball Association), la prestigieuse ligue nord-américaine de basketball. Il faut dire qu’en tant que joueur, le Nigérian n’avait rien de spécial. Lui-même le reconnait et finit par l’accepter. « Je n’étais pas assez bon pour continuer une carrière professionnelle, notamment sur le plan des revenus financiers », se souvient-t-il.

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« Je n’étais pas assez bon pour continuer une carrière professionnelle. »

 

En effet, à cette époque, le Nigérian gagnait, à 30 ans, un peu plus de 5000 dollars par mois. Une misère pour un joueur professionnel de basketball. Pourtant, ce sport est tout pour lui. Il l’a découvert au Nigeria à l’âge de 13 ans avec des courts-métrages tels que le fameux « Come fly » de Michael Jordan, ainsi que des posters obtenus dans des magazines de basketball.

Pourtant, ce sport est tout pour lui. Il l’a découvert au Nigeria à l’âge de 13 ans avec des courts-métrages tels que le fameux « Come fly » de Michael Jordan, ainsi que des posters obtenus dans des magazines de basketball. 

A cette époque il joue un peu au foot. La passion du basket sera plus forte. Il reçoit le soutien de ses parents, un père nigérian et une mère kényane, lorsqu’il décide de devenir basketteur professionnel. Il semble doué. Et avec 1m93, il a des dispositions physiques naturelles pour ce sport. Mais, il lui faut encore quitter le Nigeria pour aller s’améliorer aux États-Unis, loin de ses parents. Ce n’est pas réellement un problème pour le garçon.

Né le 1er janvier 1970 à Bournemouth, en Angleterre, Masai Ujiri est rentré avec ses parents au Nigeria alors qu’il n’avait que 2 ans. Dès son entrée au lycée, ses parents lui permettent de poursuivre son rêve de jouer au basketball professionnel. Il quitte le Nigeria pour jouer dans une école préparatoire de Seattle, aux États-Unis. Après l'école préparatoire, Masai Ujiri s'inscrit et joue pendant deux ans au Bismarck State College, dans le Dakota du Nord. Après son passage dans ce collège, il est transféré à la Montana State University Billings, qu’il quittera après un an pour l’Angleterre où il débute une carrière professionnelle. Mais à 30 ans, il reconnait ne pas être assez doué pour poursuivre une carrière de basketteur professionnel. Il arrête de jouer et décide de devenir recruteur.

 

Une ascension fulgurante au bout de nombreux efforts

Masai Ujiri a envie de découvrir les talents du continent africain, pour les faire jouer dans de grandes équipes occidentales.

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Il arrête de jouer et décide de devenir recruteur.

 

Il passe quelques mois au Nigéria, durant lesquels il entraîne l’équipe nationale junior, avant de retourner aux États-Unis. Il passe alors la grande majorité de son temps à suivre des tournois amateurs, découvre de nombreux joueurs, avec lesquels il s’assure de garder le contact. Durant cette période, il vit sur les économies réalisées pendant sa carrière professionnelle.

Il doit même partager la chambre de quelques amis ou joueurs, lors des tournois où il observe les nouveaux talents. Heureusement, le relationnel est un domaine dans lequel le Nigérian excelle. Il réussit si vite à se construire un carnet d’adresse bien fourni, que les entraineurs de la NBA n’arrêtent plus de le solliciter.

Il réussit si vite à se construire un carnet d’adresse bien fourni, que les entraineurs de la NBA n’arrêtent plus de le solliciter.

Son statut va réellement changer après une rencontre, avec David Thorpe, un recruteur très connu dans le milieu du basket. Ce dernier lui présente de nombreux collègues, à qui le Nigérian fait une très bonne impression. Masai Ujiri reçoit alors de plus en plus d’appels à propos de ses talents. Il devient si connu que le general manager de la franchise d’Orlando l’engage comme recruteur bénévole pour l’équipe. Ce poste fait partie des plus redoutés dans le monde du basketball, car il se révèle très couteux pour l’employé qui doit fournir des résultats sans aucune contrepartie. Qu’à cela ne tienne, Masai Ujiri relève le défi. Finalement, il est si compétent, que Jeff Weltman, un jeune membre du staff de la franchise des Nuggets, le recommande à son general manager de l’époque, Kiki Vandeweghe, qui engage le Nigérian en tant que recruteur international. Cette fois, le travail est payé.

 

Premier General Manager africain de la NBA

Après quelques années d’excellents services auprès des Nuggets, Masai Ujiri est recruté par les Raptors de Toronto en tant que directeur du recrutement. En 2008, il devient assistant du General Manager, avant d’être nommé lui-même, en 2010, General Manager de l’équipe. Il devient le premier General Manager africain de l’histoire de la NBA. A coup de recrutements intelligents, il arrive à renforcer la franchise qui arrive à fournir de bons résultats. Ses recrutements avisés font également économiser de l’argent à l’équipe. En 2013, Masai Ujiri remporte même le prix du dirigeant de l’année en NBA. Il est, à ce jour, le seul non-américain à avoir remporté le prix.

En 2013, Masai Ujiri remporte même le prix du dirigeant de l’année en NBA. Il est, à ce jour, le seul non-américain à avoir remporté le prix. 

Malgré sa brillante carrière et ses exigences, le Nigérian n’hésite pas à s’engager pour le développement du basketball en Afrique. « J'étais avec Dikembe Mutombo, à un évènement en Afrique du Sud, lorsque Nelson Mandela est venu nous voir. Il a dit à Mutombo que ce qu’il faisait pour l’Afrique était incroyable et qu’il ne devrait jamais arrêter. Il savait évidemment que Dikembe Mutombo construisait un hôpital et aidait beaucoup sur le continent. Puis il s'est arrêté, m'a regardé, et j'ai souri avec admiration. Il m'a dit : c'est un beau sourire que vous avez là jeune homme. Cela m'a inspiré et j’ai décidé de me battre, moi aussi, pour l’Afrique ».

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« Il m'a dit : c'est un beau sourire que vous avez là jeune homme. Cela m'a inspiré. »

 

Il se met à parrainer des camps de basket dans de nombreux pays africains. Il est si engagé que lorsque la ligue recherche quelqu’un pour s’occuper des projets de la NBA pour le basket-ball en Afrique, Masai Ujiri est choisi à l’unanimité.

Il est si engagé que lorsque la ligue recherche quelqu’un pour s’occuper des projets de la NBA pour le basket-ball en Afrique, Masai Ujiri est choisi à l’unanimité.

Pendant ce temps, il continue de faire progresser la franchise des Raptors de Toronto.

 

L’affaire Demar Derozan

Au milieu de l’année 2018, alors que son équipe a été éliminée des playoffs, Masai Ujiria a envie de lui faire passer un nouveau palier… quel qu’en soit le prix. Il n’hésite alors pas à échanger Demar Derozan, son meilleur joueur, idole de toute une ville, contre Kawhi Leonard, un des meilleurs joueurs de la ligue. Le public est choqué; la presse et le vestiaire aussi. D’autant plus que, selon les informations fournies par la presse locale, le joueur avait été rassuré par Masai Ujiri qu’il serait conservé. Le Nigérian est alors grimé en vil serpent, plein de fourberie par les médias. En effet, Demar Derozan s’était montré très fidèle à la franchise de Toronto, allant jusqu’à refuser des offres avec des avantages financiers hors du commun.

En effet, Demar Derozan s’était montré très fidèle à la franchise de Toronto, allant jusqu’à refuser des offres avec des avantages financiers hors du commun.

Kyle Lowry, le leader du vestiaire de Toronto, meilleur ami du joueur « échangé comme un malpropre », prend Masai Ujiri en grippe. L’atmosphère dans l’équipe est plus tendue que jamais et Masai Ujiri semble sur le point de vivre une saison horrible. Pourtant, son choix se révèle payant. Sous l’impulsion du joueur qu’il a rapatrié en échange du meilleur joueur de l’histoire de sa franchise, les Raptors se déchaînent. Ils se hissent en finale où ils mènent la vie dure au champion en titre. Puis ce jeudi, c’est la consécration. Toronto remporte le trophée de la NBA pour la première fois de son histoire. La capitale canadienne est au paradis !

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Avec Barak Obama.

 

Et alors que tout le Canada applaudit son équipe, beaucoup finissent par comprendre et valider le choix de Masai Ujiri. Pourtant, le Nigérian n’avait cessé de le clamer lorsqu’il était sous le feu des critiques. Son choix n’avait pour but « que d’améliorer l’équipe ».

Servan Ahougnon

servan ahougnon

 

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