Marchés obligataires : l’intérêt des investisseurs internationaux pour l’Afrique pourrait grandir dans la deuxième moitié de 2019

(Ecofin Hebdo) - Après un deuxième semestre 2018 en berne pour le marché obligataire africain, les choses devraient bouger de manière plus vigoureuse en 2019. Plusieurs pays africains, notamment le Kenya, l’Egypte, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Sénégal, ont déjà signalé qu’ils seront sur le marché international des capitaux, mais on pourrait voir bien d’autres pays de la région y arriver à mesure qu’on progressera au cours de l’année. Pour l’instant, la conjoncture ne semble pas s’y prêter, mais les conclusions d’un sondage mené par Reuters auprès des spécialistes, indiquent que le monde de la finance internationale risque de vivre une mini explosion de la bulle obligataire aux USA, qui influent énormément sur le marché international des capitaux, mais aussi, qui pourrait profiter aux économies émergentes d’Afrique.

 

La hausse des rendements obligataire aux USA fait craindre l’explosion d’une bulle

Dans une analyse publiée fin décembre 2018, Bank of America Merill Lynch a indiqué que de nombreux fonds d’investissement, notamment les fonds de pension, se sont désengagés des actions (à hauteur de 27,8 milliards $) pour se repositionner sur les obligations. Même sur le court terme (moins d’un an), les rendements des obligations américaines sont devenus intéressants, depuis que la banque centrale (la FED) a laissé entrevoir qu’elle poursuivra au-delà de la normalisation, avec la hausse de ses taux d’intervention. Dans le même temps, les cadeaux fiscaux accordés par l’administration Trump aux ménages américains crée un surplus de liquidités au sein de l’économie, mais provoque aussi un trou budgétaire qui devrait atteindre les 1000 milliards $. Un problème pour la Maison Blanche, mais une opportunité pour les investisseurs obligataires, qui sont placés aux avant-postes.

Des analystes estiment donc que tout cela n’est pas durable et que la bulle exposera à un moment ou à un autre, car les entreprises qui seront sous valorisées en bourse vont continuer de perdre bon nombre d’investisseurs qui doivent, pour certains, payer 26 $ pour chaque dollar US de bénéfice dégagé par action y compris le risque...

 

Le monde s’endette dangereusement

Or le monde ne peut continuer de s’endetter impunément. Selon le récent rapport de l’Institute of International Finance (organisation spécialisé sur la finance basée à Washington), la dette mondiale à la fin novembre 2018 atteignait les 244 000 milliards $ soit plus de trois fois le Produit Intérieur Brut mondial. Quelques mois avant, un rapport de la même institution faisait remarquer, que le montant de la dette des USA dépassait de 4 fois, l’encours de monnaie fiduciaire (cash) qui y était en circulation.

En maintenant des taux élevés, la FED vont attirer plus d’investisseurs sur le marché obligataire où la demande restera importante pour combler le trou budgétaire du gouvernement Trump. Or si la banque centrale américaine veut voir la dette refluer, il faudra créer plus de monnaie, ce qui ne sera possible sans ralentissement des taux, car les banques s’évitent désormais de grosses prises de risques. C’est ce scénario complexe, qui donne l’avantage aux pays émergents, qui ont toujours besoin de devises notamment en Afrique. Au contraire de la tendance mondiale, l’endettement de la région reste contenu dans tous les segments (ménages, entreprises non-financières, gouvernement et entreprises financières) et ne dépasse pas les 50% de son PIB (sauf dans des cas comme celui de l’Egypte qui concentre une importante dette publique). Des pays comme l’Afrique du Sud qui est l’économie la plus développée et diversifiée d’Afrique, ont même une exposition très faible aux obligations en devises.

 

Un trouble qui profiterait bien à l’Afrique à condition…

Cette relative protection des économies frontières et émergentes d’Afrique devrait en faire des investissement idéaux si jamais l’hypothèse d’une nouvelle bulle de la dette dans les économie développé d’Occident et d’Asie se confirmait. Mais un défi subsiste, c’est que, dès 2020, les besoins de dollars pour rembourser des dettes arrivées à maturité seront de l’ordre de 800 milliards $ pour les gouvernements, et 1900 milliards $ pour les entreprises non-financières.

Dans tous les cas, il y aura un besoin de devises pour les pays africains, qui risque de durcir les conditions d’accès au marché international des capitaux.

Même si sa dette n’est pas aussi importante, le Nigéria est le pays frontière le plus exposé au besoin de refinancement en devises (80% de sa dette). La question à laquelle il est difficile de répondre est celle de savoir si, sur le continent noir, les politiques prennent véritablement en compte ces enjeux dans leurs évaluations de contexte.

Idriss Linge

Idriss Linge 

 

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