(Agence Ecofin) - A quelques jours de la COP 26 et dans la foulée de la publication du rapport du GIEC sur les changements climatiques, la pollution est revenue sur le devant de l’actualité. Dans cette ambiance, les industries pétrolières et gazières subissent des regards accusateurs qu’elles ont pourtant tout fait pour éviter.
D’après une étude du think tank Influence Map, des entreprises américaines actives dans les secteurs du pétrole et du gaz ont dépensé 9,6 millions de dollars en publicité sur Facebook durant l’année 2020. Ces publicités visaient essentiellement à convaincre de la nécessité de prolonger l’utilisation des énergies fossiles et de leur importance pour un mix énergétique réaliste. De nombreuses publicités laissaient entendre que le pétrole et le gaz étaient nécessaires pour lutter contre le changement climatique ou pouvaient être considérés comme des énergies pures.
Campagne organisée des secteurs pétrolier et gazier ?
L’étude s'est concentrée sur les publicités diffusées par 25 organisations pétrolières et gazières ou leurs groupes de défense. On y observe notamment la présence de l'American Petroleum Institute (API), qui compte ExxonMobil, Chevron, BP et Shell, entre autres, parmi ses membres. Des entreprises comme Phillips 66, Texas Oil and Gas Association et OneAlaska sont également concernées.
Sur les 25 174 publicités analysées par Influence Map, 48 % affichaient l'affirmation selon laquelle le secteur des combustibles fossiles « fait partie de la solution » à la crise climatique. Dans cette catégorie, des publicités ont également fait la promotion du gaz comme source d'énergie « propre, verte, à faible teneur en carbone ». Effectivement moins polluante que les autres énergies fossiles, cette ressource ne peut pourtant pas être considérée comme une énergie propre.
Il faut préciser qu’ExxonMobil a dépensé à lui seul 5,04 millions de dollars des 9,6 millions utilisés pour ces campagnes.
Les doubles discours de Facebook
L’autre principal problème révélé par cette étude concerne essentiellement les doubles discours de Facebook. Les politiques du réseau social interdisent la désinformation et soumettent la publicité sur les politiques climatiques à des restrictions. Pourtant, selon Influence Map, Facebook, malgré ses déclarations sur son engagement à atténuer les changements climatiques, continue à recevoir des millions de dollars de la part de l'industrie pétrolière et gazière pour afficher des publicités promouvant l'utilisation de combustibles fossiles. Ces posts ne respectaient pas tous les politiques de Facebook sur la désinformation.
Le fait que la plateforme de médias sociaux n'applique pas systématiquement ses propres règles malgré ses grands discours remet en cause son engagement réel dans la lutte contre la désinformation. Finalement, si après les nombreuses pressions subies, Facebook ne respecte pas ses propres règles concernant les publicités sur la politique ou les changements climatiques, peut-on réellement faire confiance à l’engagement des réseaux sociaux à tenir leurs promesses concernant la désinformation et d’autres sujets tout aussi importants ?
Notons que l’étude remet également en lumière des problèmes liés au grand pouvoir des réseaux sociaux comme moyen de diffusion des messages politiques.
Servan Ahougnon
Palais du Pharo, Marseille, France - Explorer, Investir, Réussir.