(Agence Ecofin) - La faiblesse des prix du pétrole va continuer à fragiliser l’économie algérienne, même avec la nouvelle réduction de l’offre du groupe OPEP+. C’est ce qu’explique l'expert pétrolier Nazim Zouioueche dans une interview accordée à l'agence de presse officielle APS.
En Algérie, l'effondrement des prix a, comme ailleurs, faussé les prévisions de revenus, mais dans le cas d’espèce, la situation aura un impact plus important sur les réserves de devises étrangères.
Le président Abdelmadjid Tebboune a, lui-même, récemment reconnu la « vulnérabilité » de l'économie face à la faiblesse des prix du pétrole et la contraction de la demande mondiale, dues au Covid-19.
Les réserves de devises étrangères de l'Algérie sont tombées à moins de 60 milliards de dollars à fin mars, contre près de 80 milliards de dollars fin 2018 et plus de 97 milliards de dollars fin 2017.
Nazim Zouioueche et de nombreux analystes craignent qu’en raison des charges publiques, ces réserves ne s'épuisent rapidement. Pour l’économiste Ahmed Dahmani, cette situation entraînera non seulement un épuisement rapide des réserves de change, mais aussi une aggravation du déficit budgétaire et de la balance des paiements, une forte dévaluation du dinar et une poussée inflationniste, entraînant une récession économique et un chômage de masse.
Luis Martinez, économiste spécialiste de l'Afrique du Nord à Sciences Po, va plus loin, en affirmant que « l’Algérie est au bord d'un gouffre financier ». Il suggère à Alger d'élargir l'assiette fiscale, de recourir à la dette publique et de négocier des prêts, avant d’ajouter que les réserves de change restantes ne devraient permettre au pays que de tenir jusqu'en 2021.
Le gouvernement a décidé de réduire les dépenses publiques en mars, après que le prix du pétrole a chuté à 22,50 dollars. Le budget 2020 du pays avait été établi sur la base d'un prix du pétrole à 50 dollars le baril, avec une croissance d'environ 1,8 %. Récemment, le gouvernement a annoncé une réduction de 30% du budget de l'Etat. La Sonatrach va, quant à elle, réduire de moitié ses dépenses de fonctionnement et d'investissement. Celles-ci passeront à 7 milliards de dollars.
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