(Agence Ecofin) - Au Nigeria, l’industrie pétrolière continue de représenter un véritable défi pour l’environnement et les communautés locales. Le mois dernier, la société pétrolière nigériane Aiteo avait signalé un important déversement de brut à Nembe, dans l’Etat producteur de Bayelsa.
Une marée noire, signalée en novembre à Nembe dans l’Etat de Bayelsa au Nigéria, n’a toujours pas été contenue. D’après les informations relayées le 8 décembre par la presse locale, les efforts d’Aiteo, l’opérateur du puits Santa Barbara 1 de l’OML 29, ont jusqu’ici été infructueux pour stopper les déversements.
« Les tentatives des compagnies engagées dans l’exploitation du bloc pour arrêter le déversement continu de pétrole et de gaz ont échoué à plusieurs reprises pendant plus d’un mois », indique une note du Sénat, citée par des médias locaux. D’après la même source, l’inefficacité des actions entreprises aurait occasionné un rejet d’environ 2 millions de barils de pétrole et de gaz.
Des allégations que conteste Andrew Oru, un des responsables d’Aiteo. D’après lui, « l’évocation de deux millions de barils de pétrole s’échappant du puits est fallacieuse. Deux millions de barils, c’est environ deux superpétroliers. Le pétrole se serait alors répandu sur tout le pays. La réserve du puits lui-même est loin de deux millions de barils ».
What is happening in Bayelsa needs the World’s attention.
— Thεό Abu (@TheoAbuAgada) December 7, 2021
Spills of this magnitude can have potentially devastating effects on surrounding ecosystems.
What is the government and the oil company AITEO doing about this? #Savebayelsa pic.twitter.com/4ooLaUqiri
Oru a néanmoins souligné qu’Aiteo a fait appel à Boots & Coots, une filiale de la société américaine de services pétroliers Halliburton, afin de l’aider à mettre fin à la marée. Il faut savoir que jusqu’ici, les barrages flottants se sont révélés inefficaces.
Précisons que la situation inquiète tant les autorités que la société civile. D’après une source citée par le média local Vanguard, pas moins de 40 communautés auraient déjà été affectées par la marée. Le brut qui continue d’être déversé menace actuellement certaines populations de l’Etat voisin de Rivers.
La situation a poussé le sénateur de l’Etat de Bayelsa, Biobarakuma Degi-Eremienyo, à présenter une résolution au Sénat, afin que des mesures urgentes soient prises pour limiter l’impact de la marée sur les forêts, la vie aquatique, l’air et l’eau dans la région.
Les rejets de pétrole dans le delta du Niger sont devenus avec les années une problématique de santé publique au Nigéria. Les ressources déversées dans la nature affectent les terres cultivables et les cours d’eau, ce qui empêche par exemple les pêcheurs de la région d’accéder aux ressources halieutiques.
Plusieurs ONG ont montré que ces déversements sont à la base de malformations chez les nouveau-nés et de problèmes respiratoires chez les adultes. La société anglo-néerlandaise Shell, qui en est l’un des principaux acteurs, fait actuellement face à plusieurs procès de communautés locales, qui demandent réparation.
Rappelons que l’OML 29, sur lequel est logé le puits Santa Barbara 1, a été acquis en 2015 auprès de Shell pour 1,7 milliard de dollars. D’après un rapport de Wood Mackenzie, l’OML 29 compte 11 champs pétroliers et gaziers, dont quatre sont en production.
Abdel-Latif Boureima