(Agence Ecofin) - Avec les nouvelles politiques des grandes compagnies pour atteindre la neutralité carbone, on n’investit plus assez dans le pétrole. Or, la demande à ce niveau ne cesse de croitre, un mouvement loin de s’estomper.
Le monde risque d’être confronté à une grave pénurie de pétrole et de gaz naturel à long terme, car les producteurs mondiaux sont forcés de canaliser de plus en plus de fonds vers une transition énergétique précipitée. C’est ce qu’a déclaré le week-end écoulé, Igor Sechin (photo), le patron de Rosneft, lors du Forum économique international de Saint-Pétersbourg.
« La stabilité à long terme de l’approvisionnement en pétrole est menacée par le sous-investissement. On s’attend à ce que certaines pénuries se manifestent à partir du second semestre de 2021 », a déclaré Sechin, qui ajoute qu’on ne devrait pas rejeter le pétrole, mais le brut provenant de projets non conventionnels comme le pétrole de schiste.
Pour lui, la transition énergétique telle qu’elle se présente est précipitée, car elle exige un lancement trop rapide des sources d’énergie renouvelable et se heurte à des problèmes de stockage, de fiabilité et de stabilité de la production d’électricité.
Ses commentaires font écho à ceux du vice-premier ministre russe Alexander Novak, qui a rejeté cette semaine les appels à un abandon rapide du pétrole et du gaz, affirmant que priver l’industrie d’investissements nuirait à l’économie mondiale. Cependant, les producteurs d’énergies fossiles continuent d’être soumis à une pression croissante pour passer à des formes d’énergie plus propres.
Pour la Russie et son partenaire saoudien, il faudra encore des décennies pour développer des technologies vertes économiquement efficaces afin d’atteindre la neutralité carbone et 2050 est un scénario irréaliste.
Par ailleurs, Sechin a averti que les nouvelles subventions gouvernementales et les allégements fiscaux accordés aux entreprises pour une décarbonisation rapide de l’économie pèseraient davantage sur les budgets des Etats, rendant les énergies alternatives coûteuses.
La Russie, qui dépend fortement des revenus tirés des ventes de pétrole et de gaz, s’est engagée à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais elle reste largement en retard en ce qui concerne le développement de sources d’énergie renouvelable.
Olivier de Souza