(Agence Ecofin) - Le pétrole est en train de devenir une source supplémentaire de richesse pour l’Ouganda. Mais l’impact sur l’environnement est sujet à débat, au niveau international. Ce cas est l’exemple typique des arbitrages de l’Afrique sur la finance climat.
Le mouvement dénommé StopEACOP continue de pousser pour que le projet d'exploitation pétrolière entre l'Ouganda et la Tanzanie ne trouve pas de financement, après que les groupes TotalEnergies et China National Offshore Oil Company ont annoncé être parvenus à une décision finale d'investissement, il y a quelques jours, 15 ans après la découverte de réserves dites commercialisables en Ouganda.
« Les militants opposés aux pipelines affirment qu'il reste beaucoup de chemins à parcourir pour que le projet se réalise, car les partenaires n'ont pas encore atteint le bouclage financier qui correspond à l'exécution et à la livraison du financement et des autres accords liés au projet », peut-on lire dans une communication reçue par l'Agence Ecofin.
As we commemorate #WorldWetlandsDay2022, Total Energies and CNOOC are scheming how they can put Uganda & Tanzania's water resources & wetlands at risk as they announce EACOP Final Investment Decision.
— StopEACOP (@stopEACOP) February 2, 2022
We need Wetlands action for People and Nature. Not for Oil Barons#StopEACOP pic.twitter.com/RyEUuWTODO
Les investissements initiaux requis par le projet tournent autour de 18,5 et 25 milliards $ qu'il faudra mobiliser préalablement, avant d'engager la production. Les deux partenaires opérateurs du projet devront les mobiliser via des institutions financières pour des questions de gestion des risques. Or, le mouvement StopEACOP indique que 11 banques ont manifesté leurs engagements respectifs à ne pas soutenir le projet, y compris selon des médias français, les groupes Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole. Les autres institutions financières ayant refusé de financer le projet sont : Credit Suisse, HSBC, Anz Bank d’Australie, ou encore Barclays.
FACT
— StopEACOP (@stopEACOP) February 1, 2022
Total Energies and China National Offshore Oil Company (CNOOC) Jointly own 70% of the EACOP.
Doesn't sound like Ugandan oil to Us!#UgandaOilFID #StopEACOP pic.twitter.com/KmoDjOPy9D
Toutefois, le projet pourrait continuer de bénéficier du financement de grosses banques d'investissement qui, soit n'ont pas manifesté une opposition claire, soit n'ont pas refusé de continuer de le soutenir. Le groupe sud-africain Standard Bank dont le premier actionnaire (20,45% des parts) est International Commercial Bank of China (3e banque au monde de par la valeur des actifs) a indiqué dans une lettre en mars 2020, qu'il continuerait à assurer son rôle de conseil financier sur le projet.
D'autres institutions financières internationales comme Deutsche Bank, Goldman Sachs, Black Rock, Citi, Standard Chartered Bank et plusieurs banques chinoises ne se sont pas prononcées contre le projet. Cette exploitation pétrolière est l'exemple type des arbitrages que doivent faire les pays africains, en l'absence d'une position commune à la région sur les questions climatiques.
L'autorité pétrolière ougandaise y voit des opportunités de gains pour le pays, et n'aborde pas directement les impacts sur l'environnement, sur les sites d'exploitation et le long des pipelines, sans compter les risques d'insécurité qui grandissent rapidement sur les sites de ressources minières en Afrique au sud du Sahara. L'exportation de pétrole devrait en effet ajouter de la diversité à une économie dont les exportations sont concentrées autour de l'or et ses dérivés (1er) et le café (2e).
Mais en même temps, il y a cette course au net zero qui encourage les pays et les entreprises du monde à effectuer des ajustements qui conduiront vers moins d'émission de gaz à effet de serre. Une situation qui, selon plusieurs experts, impactera négativement les pays africains qui ont moins de leviers financiers pour faire face aux situations de catastrophe.
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