(Agence Ecofin) - Une nouvelle étude menée par des universités et des ONG vient de révéler que le projet de culture de palmiers à huile de la compagnie américaine Herakles Farm au Cameroun constitue une menace pour la biodiversité.
Les résultats préliminaires de cette menée par l'Université de Dschang au Cameroun, en collaboration avec l'Université de Göttingen (Allemagne), et soutenue par Greenpeace, SAVE Wildlife et WWF Germany, montrent que ce projet « pourrait détruire l'habitat unique d'espèces menacées tels que les chimpanzés du Nigeria-Cameroun et le Drill ».
L’étude a révélé que la zone est non seulement un habitat pour les chimpanzés, mais aussi pour l’éléphant de forêt et des primates rares tels que le drill (photo), en danger (liste rouge de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature/UICN), et le Colobe roux du Cameroun, en danger critique d’extinction, en plus d’un certain nombre d’espèces de poissons dont plusieurs sont ne peuvent être trouvées que dans cette partie de l'Afrique.
Les chimpanzés du Nigeria-Cameroun sont classés par l'UICN comme étant une espèce en danger. En effet, certaines estimations de scientifiques recensent seulement 3500 individus survivant encore à l'état sauvage. Par ailleurs, le drill est l'un des primates les plus menacés d'Afrique et 80% de l'habitat de la population restante dans le monde se situe dans une partie forestière relativement petite du Cameroun.
« Le gouvernement américain a investi massivement ces dernières années dans un grand plan d’action pour la conservation des chimpanzés au Nigéria et au Cameroun. Il est donc à la fois ironique et tragique qu’une entreprise américaine soit en passe de détruire une zone forestière qui est vitale pour la survie de ces chimpanzés », a déclaré Filip Verbelen, Chargé de campagne Forêts à Greenpeace International.
L’étude montre ainsi que les études d’impact environnemental présentées par Herakles Frams n’étaient pas crédibles. «Les résultats de notre enquête montrent que la zone ciblée par le projet de plantation est de grande valeur pour la conservation. Certaines régions pourraient même représenter un véritable sanctuaire pour les chimpanzés », a déclaré le Docteur Kadiri Serge Bobo de l’Université de Dschang, au Cameroun. « Ils montrent également que les études antérieures présentées par l’entreprise étaient inadaptées et ne mentionnaient pas la présence d’espèces de mammifères menacées comme elles auraient dû le faire», a-t-il ajouté.
Herakles Farms a signé en 2009 une convention avec l’Etat du Cameroun pour exploiter 73 000 hectares dans le sud-ouest pour la culture du palmier à huile.
Ce projet n’a cessé d’être l’objet de controverses depuis son lancement. Selon plusieurs ONG, le développement de la plantation s’est déroulé « illégalement» et a été associé à des « pratiques de corruption ».
Le ministère camerounais des Forêts et de la Faune avait, lui aussi, dans un rapport publié fin avril, reproché à Herakles Farms, des méthodes «d'intimidation et de corruption» pour acquérir des terres au Cameroun.
Autant de critiques ont poussé le gouvernement camerounais à annuler, en juin dernier, la première convention signée avec Herakles Farms et à demander à la société américaine de réduire la taille de son projet à 20 000 hectares contre 73 000 hectares auparavant. Le nouveau site de 20 000 hectares n'a pas encore été déterminé, selon ministère des Forêts et de la Faune.
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