Jeunesse et changement, les deux mots à retenir de 2017

(Ecofin Hebdo) - Jeunesse et changement. Tels auront été les principaux mots qui résumeront l’année 2017 de l’Afrique. En effet, C’est bien la jeunesse qui a tenu cette année à rappeler qu’elle avait son mot à dire dans la direction que prenait ce continent. Dans les régions francophones, elle a été à l’origine de la réouverture du débat sur le franc Cfa. Elle s’est emparée du débat, l’a porté sur le net et dans la rue, sans toujours saisir toutes les subtilités d’une question complexe. Qu’importe, le message, le vrai est ailleurs: il émerge sur ce continent, une génération de jeunes désireux de reprendre en main leurs destinées et déterminés à demander des comptes.

Canalisé, cet élan peut aider dans la marche vers le développement qui est celle de tout un continent. Laissé à elle-même, cette prise de conscience peut tourner à la crue et entraîner des ravages. D’où la nécessité, d’insister sur l’éducation, d’apporter l’information juste, de s’ouvrir au dialogue et d’offrir des opportunités. Et vite. Car, pendant que les décideurs du continent tergiversent, certains de ces jeunes font le choix difficile de l’exil. Un exil qui peut passer par la porte, ouverte grâce aux diplômes, ou par la fenêtre, offerte par la Méditerranée avec le risque d’y laisser la vie.

Le second mot qui aura marqué cette année écoulée aura été Changement. 2017 aura vu des bouleversements sur l’échiquier politique africain. Des régimes vieux de plusieurs décennies se sont effacés, des présidents qu’on a longtemps cru inamovibles ont été écartés. Que ces choix aient été la conséquence d’une décision personnelle, comme dans le cas de l’Angola, ou d’un mouvement impulsé par l’armée comme on l’a observé au Zimbabwé ou encore des caciques d’un parti comme l’ANC en Afrique du Sud, ils traduisent la preuve que la dynamique du changement que l’on a longtemps cru assoupie dans certains de ces pays, est à l’oeuvre. Dans certains cas, ces mouvements sont porteurs d’espoir. Il en est ainsi de l’Afrique du Sud où l’élection de Cyril Ramaphosa paraît pour beaucoup une bouffée d’air frais dans le marais que devenait la nation arc-en-ciel, marquée par les dérives d’un Jacob Zuma de plus en plus contesté et de plus en plus démagogue. Il en est également ainsi de l’élection de George Weah. L’ex-footballeur, icône de son pays et de son continent, prend enfin les rênes du Libéria. Il lui reviendra de mener vers sa destinée un pays qui a définitivement tourné la page de la guerre civile mais où les challenges sont hélas nombreux. Décevra-t-il les espoirs placés en lui? Si gouverner n’est certes pas un exercice facile on ne peut lui souhaiter à la tête de son pays que le même bonheur qu’il a connu dans les stades.

D’autres transitions cependant laissent sceptique, à l’instar de celle instaurée par la Faction Lacoste au Zimbabwe. Choisir entre Grace Mugabe et Emmerson Mnangagwa revenait parfois aux yeux de beaucoup à choisir entre la peste et le choléra. Mais les frasques de l’une, son goût du luxe, son influence (réelle ou supposée), sur son mari nonagénaire, et son ambition débridée auront poussé les caciques de la ZANU PF à opter pour celui qu’on surnomme «le crocodile» et le manifester par un coup d’Etat qui n’en était pas un. Ceci était le dernier acte tragi-comique d’un règne qui a suscité beaucoup d’espoir à ses débuts et qui a dérivé vers une dictature ubuesque, poussée à certains moments, il est vrai, par l’attitude de certaines puissances. Mnangagwa, représente-t-il une alternative, un changement? Fermons les yeux et essayons un moment de le croire.

Plus au nord du Continent, le Maghreb a fait un pas de plus vers l’Afrique. Que la Tunisie et le Maroc manifestent leur désir de rejoindre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est heureux. Que l’on puisse y lire derrière des visées hégémoniques du royaume chérifien dans le cas du Maroc ne change que très peu de choses à un rapprochement qui a toujours été à la fois craint et désiré.

Alors que 2018 mènera l’Afrique vers d’autres enjeux, il serait sage de retenir deux leçons de l’année passée. D’abord, comprendre que le changement est inévitable. Le préparer évite de le subir. Ensuite reconnaître que la jeunesse est une force. Il convient, pour le meilleur de ce continent, de savoir en user. Sinon, on peut raisonnablement craindre le pire.

Aaron Akinocho

 

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