Dans un environnement en mutation, Citigroup expose sa vision de la banque du futur en Afrique

(Ecofin Hebdo) - Début octobre 2018, le groupe bancaire américain Citi a réuni à Dubaï des journalistes et des organisations majeures de la société civile d’Afrique et du Moyen-Orient, pour leur présenter sa vision du secteur dans les deux régions. Une rencontre qui survient dans un contexte marqué par des transformations profondes, pour la banque en général, et pour la banque africaine en particulier.

L’environnement bancaire africain connaît une importante mutation. L’époque où le secteur bancaire et sa chaîne de valeur en terme de projets, étaient totalement dominés par des multinationales non-africaines, semble révolue.

 

Un environnement de banque d’investissement qui accueille de nouveaux acteurs

Une première observation de cette mutation se constate dans le rapport de Thomson Reuters, qui classe les banques opérant en Afrique subsaharienne en termes de revenus de banque d’investissement.

L’époque où le secteur bancaire et sa chaîne de valeur en terme de projets, étaient totalement dominés par des multinationales non-africaines, semble révolue.

En effet, au cours des neuf premiers mois de 2018, c’est Rand Merchant Bank, un groupe sud-africain, qui a enregistré le volume le plus important d’honoraires dans ce secteur avec un total de 32,2 millions de dollars, soit une part de 8,7% du total des commissions. Sur le podium, on retrouve aussi Standard Bank, elle aussi sud-africaine, même si son premier actionnaire est chinois. Par ailleurs, on a aussi vu apparaître la firme ghanéenne IC Securities, en tête du classement des commissions de souscriptions pour le marché des actions, grâce notamment à l’importante introduction en bourse de l’opérateur mobile MTN Ghana. Ainsi, des acteurs financiers africains s’octroient désormais des parts majeures dans les transactions financières en Afrique. A cet effet, l’américain Citigroup, sur cette période, est resté en tête des revenus sur les transactions de dette, mais a perdu sa première place pour ce qui concerne les revenus générés dans les banques d’investissement.

Ainsi, des acteurs financiers africains s’octroient désormais des parts majeures dans les transactions financières en Afrique.

Il y a, en partie, une explication à cela : les entreprises sud-africaine ont particulièrement animé le secteur de la banque d’investissement cette année 2018, ce qui peut expliquer une solide performance des banques de ce pays. Par ailleurs la chute des matières premières a diminué l’appétit des investisseurs internationaux pour la région. Ces derniers ont, soit réduit leur présence, soit désinvesti. Et la situation actuelle n’est pas complètement résorbée.

 

Des mutations perçues comme de nouveaux challenges chez Citi

Chez Citigroup, on positive. Ces différentes dynamiques sont analysées et appréciées davantage dans le sens des opportunités qu’elles apportent. Le groupe se refuse à y voir un risque pour la réduction de ses positions en Afrique. « Il va falloir travailler dur, j’en suis conscient, mais je suis optimiste. Les choses sont en train de se stabiliser et il va falloir se remettre à soutenir les investissements dans les deux régions », a fait remarquer Atiq Rehman, le directeur du groupe en charge de l’Afrique et du Moyen-Orient.

Atiq Rehman photo 2017

Atiq Rehman : « Il va falloir travailler dur, j’en suis conscient, mais je suis optimiste.»

 

Le groupe semble vouloir trouver la bonne équation entre maintenir ses engagements et s’adapter aux changements de l’environnement macroéconomique, et plus spécifiquement bancaire en Afrique. Dans le cadre de ce qui est, par exemple, de l’exigence nouvelle de prise en compte des objectifs du développement durable, dont l’Afrique est en première ligne des actions à mener, le groupe américain essaye de trouver le juste équilibre entre ses objectifs d’entreprise et la nécessité de parvenir à une certaine durabilité dans son environnement d’exploitation.

« Il y a beaucoup de bonnes initiatives que vous pouvez lancer. Mais comment lancer des choses qui sont bonnes, tant pour le monde que pour l’entreprise ? »

« Il y a beaucoup de bonnes initiatives que vous pouvez lancer. Mais comment lancer des choses qui sont bonnes, tant pour le monde que pour l’entreprise ? Alors, nous nous sommes vraiment assis et avons examiné ce qui compte pour nos employés. Et nos clients. Nous avons examiné les défis auxquels ils sont confrontés, ce qui compte pour les responsables des administrations, les citoyens et les communautés avec lesquelles nous travaillons » a expliqué, Brandee McHale, la président de la Citi Foundation, parlant des projets du groupe à l’horizon 2030.

 

Être au service du business, mais aussi des communautés et des Etats

Dans le domaine de la création d’emploi, Citigroup après une expérience réussie aux Etats-Unis ente 2014 et 2016, a lancé un projet global dénommé « Pathways to Progress ». Doté d’une enveloppe globale de 100 millions $, qui sera dépensée sur une période de 4 ans, le projet vise à toucher 500 000 jeunes. En Afrique, cette ambition a pris deux formes. Travailler pour aider les entrepreneurs à accéder à des formations, au capital et au mentorat afin de créer ou de développer des entreprises créatrices d’emplois dans leurs communautés locales. Et aussi, soutenir les jeunes migrants dans des initiatives d’auto-emploi.

Dans le domaine de la digitalisation, le groupe s’est voulu plus prospectif. Plutôt que de voir le mobile money comme un danger, il a entrepris d’en faire un levier pour l’introduction de mécanisme de règlements de toutes sortes, entre les acteurs économiques. Au Kenya, par exemple, où le Mobile Money est très développé, il est question de permettre aux cultivateurs de rembourser leurs emprunts via le mobile. « C’est une expérience intéressante qui a permis d’accroître de 48% les revenus de ces fermiers », a fait remarquer Joyce-Ann Wainana (photo de Une), la directrice de la banque pour l’Afrique de l’est, basée au Kenya.

« Il n’est pas juste de dire qu’il y a une crise de la dette pour les gouvernements, notamment des pays africains. Il y a un problème pour les gouvernements à mobiliser des revenus, ce qui est différent.»

Le groupe financier américain se montre aussi disponible à accompagner les Etats africains dans la gestion de leurs nouveaux challenges. Selon David Cowan, son économiste en chef en charge de l’Afrique, les problèmes que connaissent actuellement les pays africains ne sont pas toujours liés à des facteurs extérieurs.

David Cowan

David Cowan : « Le tout c’est d’accepter d’avoir une approche différente des choses ».

 

« Il n’est pas juste de dire qu’il y a une crise de la dette pour les gouvernements, notamment des pays africains. Il y a un problème pour les gouvernements à mobiliser des revenus, ce qui est différent. Je pense personnellement que si les pays de la région apportent des réponses appropriées à leurs défis, ils devraient s’en sortir. Le tout c’est d’accepter d’avoir une approche différente des choses », a-t-il fait savoir.

Idriss Linge, envoyé spécial.

Idriss Linge

 

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