Egypte: les choix économiques douloureux du président Al-Sissi

(Ecofin Hebdo) - Les Egyptiens vont se rendre aux urnes à partir de ce lundi pour choisir celui qui présidera aux destinées de leur pays. Vote de formalité car sans surprise, Abdel-Fattah al-Sissi sera réélu. Si son bilan politique attise toutes les controverses conduisant plusieurs acteurs de la société à appeler au boycott des joutes électorales, sur le plan économique, l’Egypte d’Al Sissi I sera passée de violentes secousses conjoncturelles à une apparente reprise, surfant sur un ambiant magma social.

 

Sur le plan social, un bilan plus que mitigé…

Au cours des deux dernières décennies, l'inflation en Égypte a évolué en dents de scie, atteignant par moment des niveaux insoutenables. Depuis le coup d'État militaire de 2013 et l'élection du président Al-Sisi en 2014, l'inflation est passée d'environ 12% à son sommet (plus de 33%) à la mi-2017 avant de tomber progressivement à environ 15%, son niveau moyen entre 2008 et 2010. Il faut noter cependant, qu’elle est restée sous la barre de 10% durant l’administration Morsi.

sissi conference

Al-Sissi a mis fin aux politiques de subventions sociales.

Depuis des années, le gouvernement égyptien a pour politique de subventionner le coût de la vie de ses citoyens. Il a veillé à ce que les besoins essentiels restent abordables pour tous, tout en réduisant les cas de mortalité infantile et de malnutrition. Ce postulat a été battu en brèche par Al-Sissi durant tout son mandat. Si le dirigeant a fixé depuis 2013, un salaire minimum de 1200 livres égyptiennes, les soubresauts qu’a connus la monnaie nationale ont vu la valeur de ce salaire reculer, en raison de la hausse du niveau de vie. S’il valait 174$ en 2014, il n’équivaut désormais plus qu’à 68$.

Si le dirigeant a fixé depuis 2013, un salaire minimum de 1200 livres égyptiennes, les soubresauts qu’as connu la monnaie nationale ont vu la valeur de ce salaire reculer, en raison de la hausse du niveau de vie. S’il valait 174$ en 2014, il n’équivaut désormais plus qu’à 68$.

La chute de la monnaie locale a contraint le pays à se tourner vers le Fonds monétaire international qui lui a imposé une thérapie de choc en échange d’un financement de 12 milliards de $ décaissables sur trois ans. Ce financement est fonction de reformes qui comprennent la dévaluation, combinée à une libéralisation de la livre, l’introduction d’une TVA, la suppression des subventions aux carburants. Ces réformes ont laissé des séquelles sur une population dont le niveau de vie s’étiolait déjà.

 

Salué par le FMI

Le FMI a d’ailleurs salué en janvier les progrès effectués dans la conduite des reformes en indiquant que les mesures produisaient « des résultats de plus en plus satisfaisants », avec une croissance prévue de 4,8% cette année, et que l'inflation, qui a culminé à 33% en juillet dernier, devrait tomber à environ 12% en juin. Dans le même, le chômage régresse progressivement grâce à la croissance économique, soutenue par le retour des investisseurs étrangers qui avaient déserté le pays à cause de la situation monétaire et des mesures restrictives mises en place par la Banque centrale. Mais ce qui est fait est encore loin des objectifs. Selon le Fonds, l’économie égyptienne doit générer 700 000 nouveaux emplois chaque année.

 egypt city

L’économie égyptienne doit générer 700 000 nouveaux emplois chaque année.

Le FMI dans son évaluation n’a d’ailleurs pas manqué d’alerter sur le grand rôle de l'Etat qui limite l'espace budgétaire pour les investissements productifs et marginalise le secteur privé, le moteur de la création de richesse et d’emploi. Pour la première fois depuis 2008, le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) de l'Egypte devrait atteindre 5% au cours de l'année fiscale 2017/2018 (juillet à juin).

L’Egypte du Marechal Sissi est, d’une certaine façon, une économie qui reprend du poil de la bête. Alors qu’elle était au point mort en 2011, en plein printemps arabe, Sissi a su impulser une autre dynamique à l’économie, malgré les difficultés rencontrées.

L’autre Egypte qui bouge, c’est celle de la diaspora. On en estime à 10 millions le nombre d’Egyptiens vivant à l'étranger et leurs envois de fonds ont aidé le pays à rester à flot.

L’autre Egypte qui bouge, c’est celle de la diaspora. On en estime à 10 millions le nombre d’Egyptiens vivant à l'étranger et leurs envois de fonds ont aidé le pays à rester à flot. Les envois de dollars ont atteint un niveau record à la fin de 2017, en hausse de près de 40% par rapport à l'année précédente.

Sur le marché de la dette, l’Egypte surfe presque sur des nuages. En 2017, le pays arabe avait annoncé les couleurs avec ce qui deviendra les premiers eurobonds africains de l’année. Un franc succès puisque le pays a récolté trois fois le montant demandé. Tout au long de l’année, les titres égyptiens ont regagné la confiance des investisseurs.

Un autre fait marquant est que depuis la libéralisation de la livre en novembre 2016, les réserves de changes n’en finissent de grimper. Le mois dernier, elles ont atteint un record, grâce au récent eurobond. De 4,3 milliards de $, les avoirs en monnaies étrangères ont bondi à 42,5 milliards de dollars, un coussin de trésorerie non négligeable.

Profitant de la baisse des coûts de la dette sur le marché européens, la nation arabe envisage de s’y porter à nouveau. On évoque un montant évalué 1,2 milliard de dollars dans les semaines à venir.

 

Les rêves d’un pharaon

A 45 kilomètres à l'est du Caire, la future capitale égyptienne est en train de sortir de terre. Plus de 45 milliards $ sont prévus pour peaufiner ce chef-d’œuvre, un projet pharaonique lancé par Al Sissi en 2015.

New Cairo plan

New Cairo, un projet à 45 milliards $.

La ville qui est censée accueillir toutes institutions égyptiennes fait sept fois la taille de Paris intra muros. Pour ce grand projet d’investissement, le maréchal a misé sur la Chine aux côtés d’Orascom, l'entreprise de bâtiment et travaux publics de la famille milliardaire Sawiris. Des émiratis sont également annoncés.

A 45 kilomètres à l'est du Caire, la future capitale égyptienne est en train de sortir de terre. Plus de 45 milliards $ sont prévus pour peaufiner ce chef-d’œuvre, un projet pharaonique lancé par Al Sissi en 2015. La ville qui est censée accueillir toutes institutions égyptiennes fait sept fois la taille de Paris intra muros.

Selon les informations, le Canada, la Suède, les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne auraient déjà signé un partenariat pour la construction d’universités.

Le Chinois China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) a signé en octobre un contrat de 3 milliards de dollars pour la construction d'un grand centre d'affaires. La construction de vingt hautes tours vient de démarrer. Cette capitale devrait être portée par la dynamique favorable enregistrée dans l’immobilier. L'immobilier a été le secteur de l’économie égyptienne ayant connu la plus forte croissance au cours des trois premiers trimestres de 2017, avec une progression de 10,8%, selon les autorités égyptiennes. Le secteur a attiré environ 18,5% des investissements globaux en Egypte, au cours de cette période

 

Dans le secteur de l’énergie

Entre 2001 et 2017, les firmes présentes dans l’exploration d’hydrocarbures en Egypte, ont signalé 800 découvertes dont 520 de pétrole et 280 de gaz naturel, selon des chiffres récemment publiés par le Bureau national égyptien des statistiques (CAPMAS). Parmi ces découvertes, le plus grand gisement de gaz naturel du pays, le Zohr, découvert en août 2015 par Eni, et entré en production en décembre 2017, sera au coeur de la transformation énergétique du pays. Grâce à la fourniture du site, le pays économisera jusqu’à 4 milliards de dollars entre la mise en production du champ et fin 2019. Des économies qui devraient grandir au fur et à mesure que les nouveaux projets entreront en service.

Jusqu’en 2014, l’Egypte était un importateur net d’énergie. Un statut qui devrait changer en exportateur net dès juillet 2018.

Jusqu’en 2014, l’Egypte était un importateur net d’énergie. Un statut qui devrait changer en exportateur net dès juillet 2018, date à laquelle, les principaux gisements de gaz naturel du pays entreront dans la phase de pleine production. A cette échéance, le pays atteindra l’autosuffisance en gaz naturel, satisfera la demande de l’ensemble de ses centrales thermiques et tournera totalement le dos aux importations. Par ailleurs, il sera un fournisseur majeur de GNL sur le marché mondial.

Pour ce qui est du pétrole, le pays en produit environ 750 000 barils sur une base quotidienne actuellement, avec une moyenne de consommation de 853 000 barils, selon des statistiques du dernier rapport de BP sur la situation énergétique mondiale. Une situation qui maintiendra encore le pays dans une position d’importateur. On estime qu’avec l’entrée en production des nouveaux champs, le pays devrait rapidement tourner le dos aux importations pour combler ce gap.

Fiacre Kakpo, Olivier de Souza

 

 

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