Le satellite peut permettre aux pays africains de déployer la TNT dans les délais

(Ecofin Hebdo) - Dans la conception classique de la télévision numérique terrestre, qui sous-entend l’envoi d’ondes d’un émetteur terrestre vers les récepteurs des populations, les opérateurs de satellites sont les derniers acteurs qu’on imagine impliqués dans le processus. Pourtant, ces dernières semaines, l’opérateur de satellites luxembourgeois SES a signé un accord de partenariat avec les autorités béninoises et ivoiriennes pour accompagner le déploiement de la TNT dans leurs pays. Nous nous sommes rapprochés de SES, qui dispose de 7 satellites actifs en Afrique, pour comprendre le rôle que pouvait jouer le satellite dans les processus de migration vers la télévision numérique observés dans de nombreux pays du continent.

 

« Le satellite permet d’assurer une couverture totale du territoire, à un coup raisonnable »

Le premier avantage du satellite est lié au relief particulier de certaines régions du continent. En effet, dans les régions montagneuses, par exemple, le signal des émetteurs utilisés par la TNT ne passe pas et les infrastructures pour régler le problème sont extrêmement coûteuses. Ce qui oblige des pays africains à garder les signaux analogiques allumés dans certaines villes.

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De nombreux opérateurs TNT finissent par décider de couvrir la zone restante avec le satellite.

 

L’une des alternatives à ce problème est l’usage du satellite. « C’est par exemple le cas du Bénin où nous reprenons le signal fourni par la plateforme nationale de TNT pour le redistribuer grâce à un de nos satellites vers les zones qui ne captent pas le signal du réseau de TNT. Grâce à cela, les Béninois qui ne captent pas, dans leurs régions, les ondes des émetteurs TNT, peuvent quand même obtenir les chaînes grâce à une parabole qui capte notre signal », nous explique Eric Lecocq, directeur des ventes pour SES Video en Afrique.

D’après lui, la plupart des pays africains arrivent, avec leurs budgets, à couvrir environ 75% des pays. Les derniers pourcentages de territoire à couvrir, qui affichent souvent une faible densité de population, coûtent pratiquement autant que pour les zones déjà couvertes. De nombreux opérateurs TNT finissent par décider de couvrir la zone restante avec le satellite pour ne pas sortir de leurs budgets. « Au Bénin par exemple pour couvrir les zones restantes jusqu’à la frontière et aux alentours du parc de la Pendjari, il faudrait installer le double des émetteurs ayant permis de couvrir les 70% du pays. Le satellite est moins couteux. C’est d’ailleurs pourquoi des pays voisins comme le Ghana, le Nigeria ou même l’Algérie, en Afrique du Nord, ont adopté la même configuration pour couvrir les zones reculées. Même la France, pour sa TNT, a environ 3 millions de décodeurs utilisant le satellite et le double, voire le triple, qui reçoit les ondes des émetteurs terrestres ».

Les derniers pourcentages de territoire à couvrir, qui affichent souvent une faible densité de population, coûtent pratiquement autant que pour les zones déjà couvertes. De nombreux opérateurs TNT finissent par décider de couvrir la zone restante avec le satellite pour ne pas sortir de leurs budgets.

Le satellite n’est toutefois pas la seule alternative des pays pour fournir la TNT dans les zones reculées. Les autorités peuvent choisir des infrastructures permettant de relayer le signal hertzien où la fibre. « Ces moyens existent mais nécessitent énormément d’entretiens. Je vous laisse imaginer ce qui peut arriver si la fibre est endommagée dans une zone difficile d’accès. En plus, il n’y a pas de problème de vandalisme ou de vol », confie Éric Lecocq. 

 

« Le satellite est aussi un moyen de déployer la TNT plus rapidement »

L’autre intérêt de l’utilisation d’une configuration hybride, mêlant émetteurs terrestres et équipements satellitaires, pour passer à la télévision numérique, est que les infrastructures numériques sont opérationnelles beaucoup plus rapidement que les émetteurs terrestres. Ce qui convient à la plupart des pays du continent qui doivent se hâter de se conformer à la deadline de l’Union Internationale des télécommunications (UIT) qui a fixé à 2020 le dernier délai pour passer à la télévision numérique. « En fait, nous discutions avec les autorités de plusieurs pays du continent depuis près de 8 ans. Nous avions même organisé les caravanes SES durant lesquelles nous avions sillonné plusieurs grandes villes africaines pour expliquer aux gouvernements africains, l’opportunité que représentait une configuration mixte. C’était à l’époque de la première deadline de l’UIT. A cette époque, l’organisation ne se faisait pas très pressante et très peu de gouvernements ont considéré notre offre. Cette fois, c’est différent. Le délai de juin 2020 est proche et de nombreux pays doivent passer à la TNT très rapidement. Nos propositions sont alors devenues importantes. Nos satellites fonctionnent déjà, notre offre peut être mise en œuvre très rapidement », explique Éric Lecocq.

« Le délai de juin 2020 est proche et de nombreux pays doivent passer à la TNT très rapidement. Nos propositions sont alors devenues importantes. Nos satellites fonctionnent déjà, notre offre peut être mise en œuvre très rapidement. »

Jusque-là, aucun pays du continent n’a coupé les ondes analogiques et l’UIT met plus de pression que jamais dans ce dossier. Les pays africains sont donc en plein rush. Entre les questions de budget, de création d’une société nationale de télédiffusion, d’installation des infrastructures, de communication, et les questions de régulation, la possibilité d’utiliser le satellite pour accélérer le processus et réussir à respecter le délai de l’UIT intéresse de plus en plus de pays. « Les pays peuvent même choisir de passer à la télévision numérique, majoritairement grâce au satellite, en quelques jours, pour ensuite développer leurs propres plateformes terrestres ».

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L’UIT met plus de pression que jamais dans ce dossier.

 

« Des opérateurs satellite comme SES, peuvent aussi aider à monétiser le contenu diffusé par les différentes offres nationales de télévision numérique. On peut par exemple digitaliser des archives de programmes analogiques, ou même créer des plateformes de vidéo à la demande rendant accessible, sur les terminaux mobiles, des chaînes des plateformes TNT. Elles peuvent être ensuite accessibles hors du pays via des abonnements », explique Eric Lecocq. Les chaînes des plateformes nationales de TNT peuvent donc être accessibles à la diaspora directement sur les terminaux mobiles.

Alors que seulement 7 pays sur le continent sont passés à la télévision numérique et que le dernier délai fixé par l’UIT est pour le mois de juin 2020, les offres des opérateurs de satellite pour accompagner la migration pourraient être déterminantes.

 

Servan Ahougnon

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Ndeye Khady Gueye

 

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