(Agence Ecofin) - Nhlanhla Nene (photo) n’est plus ministre des finances de l’Afrique du Sud. Celui qui occupait ce poste depuis le milieu de l’année 2014 a été relevé de ses fonctions depuis hier. Ce limogeage intervient moins d’une semaine après que l’agence de notation Fictch ait abaissé la note de la nation arc-en-ciel.
Il faut dire que Nhlanhla Nene était perçu comme l’homme des réformes. Depuis le début de son mandat le dirigeant avait insisté sur la nécessité de limiter les dépenses publiques, et surtout la taille des augmentations salariales pour les fonctionnaires. Ce faisant, il s’attaquait à la méthode par laquelle l’African Nation Congress (ANC) se maintenait au pouvoir dans un contexte où il perd progressivement le soutien populaire.
Selon Mohammed Nalla, qui dirige la recherche de la Nedbank, «Le problème ici est la soudaineté de la manœuvre. Pourquoi faire partir un ministre des finances qui était bien accueilli et respecté dans la communauté des investisseurs?» s’interroge-t-il auprès de Reuters. «L’annonce du président Zuma du limogeage de Nene est une manœuvre imprudente et dangereuse qui ne manquera pas d’avoir d’autres conséquences négatives sur l’économie.» a affirmé Mmusi Maimane, leader de l’Alliance démocratique, un parti d’opposition.
Si lundi dernier, certains médias avaient annoncé que Nhlanhla Nene serait relevé de ses fonctions dans le sillage de la présidente de la South African Airways (SAA) Dudu Myeni, qui avait été éjectée de son poste pour mauvaise gestion d’un contrat d’un milliard de rands avec Airbus, beaucoup avaient accueilli la nouvelle avec scepticisme.
«A mon avis, Nene a été limogé en raison de désaccords qu’il avait eu avec le président Zuma à propos du projet nucléaire.» a affirmé Peter Montalto, analyste spécialiste de l’Afrique chez Nomura. Cette explication aussi prévaut dans les milieux informés où on souligne la réticence de l’ex-ministre des finances à engager son pays dans cette initiative destiné à fournir 9600 MW à la nation arc-en-ciel d’ici 2030.
Le principal motif d’opposition du dirigeant était le coût élevé du projet (100 milliards de $) et les pratiques opaques du pays en matière d’attribution des marchés publics. Aussi avait-il promis des attributions transparentes via des procédures claires. Reste à savoir si son remplaçant, le député ANC David Van Rooyen tiendra ces promesses.
En attendant, la manœuvre de Jacob Zuma a reçu un accueil plutôt hostile sur les marchés et fait chuter le rand tellement bas qu’il est resté à 5% au-dessus de son niveau le plus bas jamais enregistré.
Aaron Akinocho
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