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La France s'explique sur les hélicoptères de guerre saisis dans un avion cargo russe au nord du Nigéria

  • Date de création: 08 décembre 2014 10:59

(Agence Ecofin) - L'ambassadeur de France au Nigéria, Jacques Champagne de Labriolle (photo), a reconnu dans un communiqué dont le contenu a été rapporté par des médias locaux, que les deux hélicoptères de guerre retrouvés dans un avions cargo de marque Antonov (russe) et appartenant à une compagnie russe, dans l'aéroport de Kano au nord du pays, appartenaient effectivement à l'armée française.

Le communiqué explique que ces hélicoptères était acheminés vers le Tchad (voisin du Nigéria), mais où la densité du trafic aérien n'a pas rendu possible l’atterrissage de l'avion-cargo russe, et c'est pour cela que l'équipage a pris la destination de Kano, afin de refaire le plein de carburant, avant de revenir à Ndjamena au Tchad. « Les autorités fédérales et aéroportuaires nigérianes, satisfaites par les documents de vol et son caractère légal, ont annoncé que l’avion sera autorisé à poursuivre son vol vers N’Djamena », a déclaré monsieur de Labriolle.

L'ambassade de France a expliqué deux choses. La première est que le transport de ces hélicoptères faisait partie du processus de réduction progressive de ses forces affectées au maintien de la paix en République Centrafricaine d'où venait l'avion, afin de renforcer le dispositif de lutte contre le groupe radical Boko Haram en appui aux gouvernements du Nigéria, du Cameroun, du Tchad et du Niger, pays principalement touchés par le phénomène.

Elle a aussi expliqué, que c'était une pratique internationale d'utiliser des avions de transports commerciaux, pour transporter du matériel militaire, afin de pouvoir réduire les coûts associés à ces opérations de logistique. La nationalité du transporteur n'a pas été divulguée, mais sur son compte twitter, l'ambassade de Russie au Nigéria a tenu à faire savoir que si l'avion était de fabrication et appartenait à une compagnie russe, il n'appartenait pas à la Russie.

Certaines informations restent assez difficiles à vérifier et à confirmer. Les premières rapportées sur le sujet faisaient part de ce qu'il y avait à bord de l'avion, des armes lourdes. Des allégations qui ont été démenties par l'ambassade de France au Nigéria. « Contrairement à certaines informations de presse, il n’y avait absolument aucune arme ou munition à bord », a expliqué le communiqué. Aussi, même si la Russie dit n'avoir rien à voir dans l'affaire, on a appris que conjointement avec l'ambassade de France, elle a participé à la mise en place des moyens visant à faire relâcher l'avion-cargo russe de l'aéroport de  Kano

On peut se poser dès lors plusieurs questions. La première est celle de savoir quel est le niveau de densité qui a rendu l’atterrissage difficile pour un avion en principe commercial, dans un aéroport comme celui de Ndjamena, qui à l'image de plusieurs aéroports d'Afrique centrale présente un taux de trafic assez faible ? L'avion n'était-il pas attendu à Ndjamena alors qu'il participe à une mission de paix globale validée par les chefs d'Etats des pays impliqués dont celui du Nigéria, du Cameroun, du Niger, du Tchad et de la France? Qu'est-ce qui peut lier la France et la Russie dans cette situation, alors qu'on sait que les rapports entre les deux pays se sont un peu refroidis en raison de positions divergentes sur la crise ukrainienne?

Autant de questions pour l'instant sans réponses. L’affaire n'a pas fait l'objet d'une grosse couverture des médias occidentaux pourtant elle coïncide avec la double attaque de Boko Haram subie par la cimenterie d'Ashaka, située dans une localité, elle aussi du nord du Nigeria, et dont on sait qu'elle est une usine importante pour le groupe Français Lafarge spécialisé dans la production et la commercialisation des matériaux de construction. Le gouvernement français aurait-il voulu renforcer la protection de ce site ? c’est là l’ultime question de cette affaire

Idriss Linge

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