(Agence Ecofin) - En poste depuis 4 ans à la tête de la NISA, Fahad Yasin Haji, ancien ministre des Transports, a été limogé pour avoir refusé d’enquêter sur la mort d’Ikran Tahlil Farah, ancienne membre des services de renseignements. Dans l’entourage du président Farmaajo, la nouvelle semble difficile à digérer.
En Somalie, de nouvelles tensions viennent d’émerger entre le président Mohamed Abdullahi Mohamed dit Farmaajo (photo, à droite) et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble (à gauche). Ce dernier est accusé par le chef de l’Etat d’avoir violé la Constitution en limogeant Fahad Yasin Haji, directeur de la National Intelligence Service Agency (NISA).
Patron des services de renseignements somaliens, Fahad Yasin avait été sommé par le Premier ministre de produire un rapport sur le décès d’Ikran Tahlil Farah, une femme membre de la NISA, décédée en juin, dans des circonstances mystérieuses. Bien que la NISA ait accusé les terroristes shebabs d’être les auteurs de cet assassinat, le groupe a toujours nié son implication dans ces événements. Des mouvements de contestations avaient alors essayé de faire pression sur le gouvernement, afin que les véritables coupables soient désignés.
Fahad Yasin Haji, directeur de la NISA
D’après M. Roble, Fahad Yasin Haji aurait refusé de produire le rapport demandé, entraînant ainsi son renvoi et son remplacement temporaire par le général Bashir Mohamed Gobe. Cependant, l’ancien ministre des Transports semble bénéficier du soutien du très contesté président Farmaajo. Dans un communiqué publié ce lundi, le dirigeant a jugé la décision de son Premier ministre « anticonstitutionnelle », indiquant que M. Haji « devrait continuer à être le directeur de la NISA ».
H.E President @M_Farmaajo instructs National Intelligence and Security Agency head Fahad Yasin to remain in charge of the Security Agency.? https://t.co/bwKdGPX0fx
— Villa Somalia (@TheVillaSomalia) September 6, 2021
Pour rappel, la NISA avait déjà été au cœur des tensions politiques qui retardent la tenue des élections en Somalie, depuis plusieurs mois. En effet, le chef de l’Etat a longtemps été accusé par ses opposants de placer plusieurs membres des services de renseignements au sein de la Commission électorale, afin d’avoir la mainmise sur les élections.
De plus, ce n’est pas la première fois que les deux personnalités les plus importantes de l’appareil étatique somalien s’opposent publiquement. En avril, M. Roble avait publiquement dénoncé la tentative de prolongation de mandat du président, avant d’être désigné par toutes les forces vives du pays pour organiser les prochaines élections.
Les nouvelles déclarations des deux responsables semblent indiquer que les tensions politiques sont loin d’avoir été apaisées. Une situation de nature à compromettre la tenue rapide des élections générales dans ce pays miné par l’insécurité et la pauvreté.
Moutiou Adjibi Nourou
Johannesburg, Afrique du Sud : « Faire place au changement : façonner la prochaine ère de prospérité de l’Afrique »