(Agence Ecofin) - Le gouvernement zimbabwéen a accusé, le 27 mai, les exportateurs de conserver 900 millions de dollars de leurs recettes dans des banques offshore, tout en leur enjoignant de rapatrier cette somme pour atténuer les pénuries de dollars dont souffre le pays et contribuer à stabiliser le taux de change.
« Sur les 4,3 milliards de dollars des recettes d’exportations enregistrées l’année dernière, 500 millions de dollars ont été conservés dans des banques offshore. Un montant supplémentaire de 400 millions de dollars provenant des recettes d’exportations engrangées entre janvier et mai 2019 n’a pas été aussi rapatrié.», a déclaré le secrétaire permanent du ministère des Finances, George Guvamatanga (photo), lors de son audition par une commission parlementaire.
Le Zimbabwe fait face à une grave pénurie de liquidités qui a entraîné une forte chute de la valeur de la monnaie locale et une envolée des prix des produits de première nécessité tels que le carburant et les médicaments. « Une somme de 1,7 milliard de dollars devrait être disponible dans cette économie pour payer les produits pharmaceutiques, le carburant et tous les autres biens et services dont nous avons besoin.», a souligné M. Guvamatanga.
Au Zimbabwe, les exportateurs disposent de 90 jours pour rapatrier leurs recettes, mais certains prennent délibérément plus de temps pour le faire. Se prononçant sous le couvert de l’anonymat, certains exportateurs indiquent qu’ils rechignent à vendre leurs dollars sur le marché des changes officiel, où des traders estiment que la Banque centrale influence le taux de change.
Le RTGS, une monnaie locale issue de la fusion du dollar électronique et des obligations de substitution zimbabwéennes, se négocie actuellement à 5 dollars américains sur le marché officiel contre 7,5 dollars sur le marché noir.
Le Zimbabwe traverse une grave crise économique depuis le début des années 2000, après la réforme agraire de l’ex-président Robert Mugabe, qui a brisé un secteur clé de l'économie du pays et l’a poussé à interrompre le remboursement de près de 6 milliards de dollars de dette à la Banque mondiale, à la Banque africaine de développement (BAD), à la Banque européenne d’investissement (BEI) et au Club de Paris.
Toujours privé du soutien des bailleurs de fonds internationaux, ce pays d’Afrique australe a beaucoup de mal à obtenir les lignes de crédit et à attirer les investissements étrangers nécessaires à la relance de son économie.
Lire aussi:
10/04/2019 - Le Zimbabwe veut mobiliser 613 millions $ pour faire face à sa crise humanitaire
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.