(Agence Ecofin) - Dans un contexte de sommet extraordinaire des chefs d'Etat de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale, des voix s'élèvent pour critiquer la gouvernance à la tête de la commission en charge de la conduite des objectifs politiques, économiques et sociaux de cette institution. Dans la ligne de mire, l'actuel président de ladite commission, Daniel Ona Ondo (photo) qui assure le mandat dévolu à la République gabonaise.
Des indiscrétions obtenues auprès de personnes proches de la commission, révèlent que M. Ondo aurait instauré un système de gestion unilatérale et sans concertations. « Le principe de la collégialité censé guider l’action à la commission vise à garantir que tous les Etats membres se sentent impliqués dans les décisions, afin d’y adhérer plus aisément. Or, s’éloignant complètement de ces préceptes, Monsieur Daniel Ona Ondo considère qu'il dispose du droit de se servir de la commission selon son bon vouloir », ont indiqué nos sources qui ont requis l'anonymat.
Cet état de choses se confirme dans une note écrite par la vice-présidente de la commission à son président, et dont l'Agence Ecofin a pu avoir une copie. Dans ce document, l'ancienne membre de la Commission de l'Union africaine qui a été désignée par le Tchad, s'offusque du traitement peu compatible aux statuts de la CEMAC que lui applique son collègue.
Il est aussi reproché au président de la Commission de la CEMAC d'avoir effectué des recrutements, des nominations ou attribué des marchés sans avoir respecté le processus approprié pour chacune de ces interventions. L'affaire serait connue des chefs d'Etat, selon le commentaire d’une autre source proche des instances communautaires. Par deux fois, ils auraient manqué de prendre une décision définitive sur ce sujet pour des raisons de convenance diplomatique.
Pour l'instant, l'agenda du sommet extraordinaire des chefs d'Etat de cette sous-région demeure inconnu. Il n'est pas exclu que cette crise profonde au sein de l'organe de mise en œuvre des décisions de la communauté, fasse l'objet de discussions entre eux. Il est à noter que les responsables de cette institution sont désignés par les Etats membres et pour le président, intervient le respect du principe de rotation par pays.
Le mandat de l'équipe dirigeante actuelle de la Commission de la CEMAC doit courir jusqu'en 2021. Mais pour de nombreuses personnes proches de l'institution, l'ambiance est tellement dégradée en son sein qu'il est impossible de voir évoluer des dossiers courants dont elle a la charge.
La CEMAC depuis 2016, traverse une profonde crise et a entrepris de mener des réformes pour en sortir. Cela passe par la mise en œuvre de certaines initiatives non seulement par les Etats membres mais aussi par la Commission de la CEMAC. Or jusqu'ici, à part la BEAC, aucune des instances communautaires de la sous-région n’a enregistré d’avancées majeures ; principalement la Commission de la CEMAC.
Idriss Linge
Lomé, Togo - Organisé par la BIDC.