(Agence Ecofin) - Le gouvernement burundais prévoit de lever des fonds via ce qui s’apparente à une campagne de crowdfunding (financement participatif) pour financer les prochaines joutes électorales prévues pour 2020.
Cette nouvelle mesure fait partie du plan de l'Etat, visant à combler la baisse du financement extérieur enregistrée depuis le début de la crise politique.
En effet, si jusqu'en 2015, le Burundi a toujours utilisé l'aide extérieure pour financer ses élections, depuis la crise politique qui a commencé au lendemain de la réélection du président Pierre Nkurunziza pour un troisième mandat, la majorité des bailleurs de fonds ont suspendu leur appui financier.
Dans ce tourment, le recours au financement domestique est devenu la seule option viable. Mais de là, penser au crowdfunding, est une étape cruciale dans l’histoire du petit pays d’Afrique de l’Est, dévasté par des violences d’une singularité rare.
Selon Pascal Barandagiye (photo), le ministre de l'Intérieur, les fonctionnaires sont invités à contribuer à ce « financement participatif» à hauteur de la dîme de leurs salaires mensuels. Les ménages quant à eux, devront payer 2 000 francs burundais par an (1,14 $), tandis que les étudiants en âge de voter y participeront à hauteur de 1000 francs, selon Reuters. L’aide étrangère sera également acceptée.
Mais, le montant global attendu pour cette campagne reste encore un mystère. « Le coût global des élections n'est pas encore connu ... Mais dès que le financement nécessaire sera obtenu, la campagne de collecte de fonds sera stoppée.», a déclaré le ministre tout en faisant une nuance : « Cette contribution devrait être faite volontairement, elle ne devrait pas être considérée comme une taxe.»
Pour donner le bon exemple et motiver ses concitoyens encore réticents vis-à-vis de ce nouveau mécanisme de mobilisation de l’épargne publique, le chef de l’Etat, de passage dans son village Ngozi, situé dans le nord du pays, aurait déjà donné le ton en déposant la bagatelle de 3 000 $.
Au Burundi, le revenu national brut par habitant s'élevait à 280 dollars en 2016, et près de 65% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, selon les données de la Banque mondiale.
Fiacre E. Kakpo
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