(Agence Ecofin) - Le FMI s’est résolu à soutenir le Tchad, bien qu’on en sache peu sur les discussions avec Glencore, qui constituaient un point de blocage. Cet appui reste cependant bien en dessous de ce que le pays perd en terme recettes fiscales du fait des multinationales et des personnes fortunés.
Le conseil d’administration du Fonds Monétaire International a annoncé avoir approuvé une facilité élargie de crédit (FEC) équivalente à 570,75 millions $, avec un décaissement immédiat de l’équivalent de 78,8 millions $, a-t-on appris d’un email de l’institution reçu tard dans la soirée du vendredi 9 décembre 2021. L’information a été confirmé par un tweet de Tahir Hamid Nguilin, le ministre en charge des Finances et du Budget.
« Ce soir, le FMI a approuvé le programme de politiques économique et financier du Tchad -2021/2024. Félicitations à tous », peut-on lire sur la page tweeter de ce responsable gouvernemental qui a remercié un certain nombre de personnes.
A major milestone for #Chad, the first country to request a #debt treatment under the #G20 Common Framework.
— Eddy Gemayel (@eddy_gemayel) December 10, 2021
Securing #restructuring agreements with key official and private creditors by end-March 2022 is essential for a successful start to the new #IMF program. https://t.co/CZRuvPrELQ
« L'économie tchadienne continue de faire face à d'importantes demandes humanitaires et sociales, notamment l'augmentation prévue de l'insécurité alimentaire et de la pauvreté, étant donné les coupes dans les dépenses prioritaires et l'insuffisance des pluies. En outre, l'augmentation du nombre de réfugiés fuyant les conflits sociaux dans les pays voisins complique la situation humanitaire » a fait savoir pour sa part Kenji Okamura, directrice adjointe du FMI et présidente Adhoc du conseil qui a statué sur le cas du Tchad.
Ces ressources n’iront cependant pas directement dans le budget du Tchad. Elles constituent une possibilité supplémentaire pour le pays de pouvoir effectuer le paiement de ses engagements internationaux, pendant que les autorités travaillent à remettre sur pied les équilibres macroéconomiques. Mais une chose décisive que cet appui apporte, c’est la capacité désormais pour le Tchad de mobiliser les ressources de la part de la communauté des autres bailleurs, et bénéficier des mesures de suspension de dette sollicités en début 2021 auprès du G20.
Le FMI semble finalement s’être décidé à accompagner le Tchad malgré qu’aucun accord n’ait été annoncé concernant la dette du pays envers Glencore, le trader des matières premières basé à Suisse. En juin, le Tchad avait reçu le soutien de ses créanciers officiels pour une restructuration de sa dette, mais jusque-là, Glencore et d'autres créanciers privés n'avaient pas donné de garanties sur de possibles négociations de bonne foi quant à leurs créances. Le FMI faisait de l’obtention de cet accord un préalable pour avancer sur le dossier tchadien.
Une annonce avait été faite le 12 novembre 2021, parlant des pourparlers sur ce litige, mais aucune mise à jour n’a été faite jusqu’ici. La décision du conseil d’administration, le 8 novembre dernier, d’apporter un appui de liquidités extérieures au Congo Brazzaville sonne désormais comme un indice que le FMI était prêt à soutenir également le Tchad, même sans l’accord avec Glencore. Le Congo Brazzaville a lui aussi vu sa facilité élargie de crédit traîner, parce qu’on lui demandait de donner davantage de précisions sur sa dette envers la Chine.
Rappelons aussi qu’un aspect du soutien qui n’est pas publiquement discuté avec le Tchad, c’est le fait que le pays est la victime de multinationales qui transfèrent les bénéfices et ne paient pas le juste impôt. Selon l’Etat sur la justice fiscale publié le 16 novembre par l’ONG Tax Justice Network, basée à Londres, le pays d’Afrique centrale a perdu près de 2 milliards $ de ressources fiscales du fait des grands groupes internationaux et des personnes fortunées qui y sont présents. Une somme qui aurait permis de rembourser totalement Glencore, de gagner plus sur le pétrole, et de financer davantage de programmes visant redynamiser l’économie.
Idriss Linge
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