(Agence Ecofin) - La Trump Organization aurait-elle bénéficié d’un détournement de plusieurs millions de dollars opéré par la famille Sassou-Nguesso ? A en croire l’ONG Global Witness, la réponse à cette question serait oui.
Dans une enquête publiée ce mercredi, et intitulée « Le condo de luxe Trump : une affaire d’Etat congolaise », l’organisation affirme détenir des preuves selon lesquelles, l’entreprise américaine aurait conclu une affaire impliquant des recettes publiques congolaises détournées.
D’après le document lu par l’Agence Ecofin, Claudia Sassou-Nguesso (photo), fille de l’actuel président du Congo, aurait utilisé plusieurs millions de dollars de fonds publics pour acquérir un appartement de luxe à New-York aux Etats-Unis. A l’époque, l’affaire aurait été négociée avec la Trump Organization appartenant à la famille de l’actuel président américain, et qui détenait l’appartement en cause dans l’affaire.
« Trois sociétés de la Trump Organization appartenant au président américain Donald Trump, ont joué un rôle essentiel dans la transaction : premièrement, en tant que propriétaire du bâtiment Trump International localisé au 1, Central Park West ; deuxièmement, en tant que courtier immobilier chargé de la vente ; et troisièmement en tant que mandataires chargés de vérifier les antécédents de l’acheteur.», indique le rapport.
D’autres institutions et personnalités ont eux aussi, été cités dans l’affaire. Il s’agit entre autres du cabinet juridique K&L Gates ou encore de José Veiga, homme d’affaires portugais, proche de la famille dirigeante congolaise et qui avait été arrêté en 2016 pour corruption, fraude et blanchiment d’argent.
Cette nouvelle accusation vient plonger encore un peu plus dans la tourmente, un régime déjà décrié pour ses implications dans de nombreux scandales de corruption. Cela, dans un contexte économique difficile et une situation sociale précaire.
Avec une dette publique estimée à plus de 100% du PIB, le pays se classait à la 137ème place mondiale en matière d’indice de développement humain (IDH) en 2018. En 2010, la justice française avait déjà lancé des poursuites contre la famille Sassou-Nguesso pour des motifs de blanchiment d’argent et de biens mal acquis.
« La Trump Organization doit faire face à de sérieuses interrogations concernant la qualité des procédures de vérification des antécédents de l’acheteur de cet appartement. En l’occurrence, elle doit expliquer pourquoi cette transaction a été effectuée en dépit des risques de corruption et de blanchiment d’argent apparents associés à cette vente.», a à cet effet déclaré Mariana Abreu, chargée de campagne à Global Witness.
Et d’ajouter : « cette situation met en évidence l’urgence qu’il y a de mettre à jour les pratiques utilisées par les sociétés opaques pour transférer des fonds d’un pays à un autre avec une facilité déroutante en dépit de nombreux signes de corruption qui devraient donner lieu à des questions concrètes concernant la légitimité et l’origine des fonds ».
Moutiou Adjibi Nourou
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