(Agence Ecofin) - L'Egypte a mené ces trois dernières années, des réformes qui ont reçu des félicitations ou encouragements de plusieurs institutions de référence, allant des agences de notation, aux organisations multilatérales, comme le FMI et la communauté des investisseurs. Le caractère positif de ces avancées ne semble pourtant pas trouver une certaine unanimité au sein de la population de cette puissance économique d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient
Il y a deux semaines, de violentes protestations dans le pays sont venues rappeler cette dualité de perception, entraînant du coup en seulement trois jours, une baisse de plus de 10% de l'EGX 30, le principal indice de la Bourse du Caire. Une analyse des performances macroéconomiques publiées par la Banque centrale permet de voir que le volume des réserves de change atteignait, fin septembre dernier, 45 milliards $, soit près de 4 fois son encours de 2014. Dans le même temps, après avoir progressé à plus de 10%, fin 2017, l'inflation est redescendue à son niveau le plus bas de 7,5% très récemment.
« Nous avons effectué une réforme économique qui a eu un impact négatif sur la population, car cette réforme était très difficile. Je crois personnellement que les dépenses sociales sont une dimension importante, mais le plus important est de créer des emplois », a fait savoir Mohamed Maait (photo), le ministre égyptien des Finances, dans une interview accordée à Bloomberg Television.
L'Egypte a connu une croissance moyenne de son PIB de l'ordre de 5,2% par an. Mais des analyses convergentes estiment qu'il aurait fallu une croissance de 8% pour absorber efficacement les 2,5 millions de nouveaux demandeurs d'emploi que compte le pays chaque année. Aussi le président Abdel Fattah al-Sissi a accepté de se plier aux exigences du FMI, en dévaluant la monnaie et en réduisant au maximum les subventions de certains produits et services de consommation.
Il y en a justement qui se frottent les mains, ce sont les investisseurs ciblant des obligations sur des marchés émergents. Pour contenir l'inflation, la Banque centrale a augmenté plusieurs fois ses taux d'intervention, atteignant les 5,2%. Une évolution des choses qui ne pouvait qu'augmenter les rendements sur les titres publics émis par le gouvernement. Les futures orientations économiques du gouvernement seront à suivre avec attention, car le peuple a montré qu'il peut encore réagir et très violemment.
Idriss Linge
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