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COP27 : un think tank africain dresse les priorités de l’Afrique dans un contexte géopolitique très tendu

  • Date de création: 26 octobre 2022 05:08

(Agence Ecofin) - Bien qu’elle ne contribue que de façon marginale au réchauffement climatique, l’Afrique en paie déjà le prix fort. Lors de la COP27, le continent doit par conséquent taper du poing sur la table pour placer la justice climatique au centre des débats.

Lors de la 27è Conférence de l'Organisation des Nations unies sur le climat (COP27), l’Afrique doit parler d’une même voix pour obliger les pays industrialisés et historiquement responsables des émissions de gaz à effet de serre, à assumer leurs responsabilités et à mettre la main à la poche, a plaidé l’Institut sud-africain des affaires internationales (SAIIA) dans un rapport publié le 20 octobre.

Intitulé « Ensuring that COP27 is truly an African COP », le rapport précise que cette conférence se tiendra du 7 au 18 novembre 2022 dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-cheikh dans un contexte international particulièrement tendu. La Chine a en effet suspendu en août dernier ses négociations avec les Etats-Unis sur le changement climatique, en rétorsion à la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi, à Taïwan. Dans le même temps, une nouvelle ruée vers les combustibles fossiles s’est produite depuis le début du conflit russo-ukrainien.

Groupe de réflexion basé à Johannesburg, l’Institut sud-africain des affaires internationales estime que ce contexte géopolitique pourrait inciter les pays industrialisés à continuer leur « business as usual » alors que la COP27 abordera notamment les questions restées en suspens depuis la COP26, qui s’était soldée par un florilège de promesses et d’annonces politiques peu contraignantes.

Les décisions de la précédente grand-messe de l’ONU sur le climat n’ont pas répondu aux attentes des pays en développement qui sont en première ligne des impacts climatiques alors même qu’ils en sont les moins responsables. Raison pour laquelle le rapport souligne que la justice climatique doit être au premier rang des priorités du groupe des négociateurs africains.

Ces derniers devraient en effet défendre le droit de l’Afrique à continuer à exploiter le gaz naturel, l'hydrogène à faible teneur en carbone et l'énergie nucléaire, en tant qu’énergies de transition pour permettre au continent d’assurer son développement économique et l’accès de sa population à l’électricité.

Les négociateurs africains doivent aussi mettre en exergue « l'impact disproportionné du changement climatique sur le continent qui ne contribue qu’à hauteur de moins de 4 % aux émissions de gaz à effet de serre » alors même que les forêts du bassin du Congo sont, avec l'Amazonie, le principal poumon de la planète.

Opérationnaliser le « réseau de Santiago »

Le rapport précise également que les négociateurs africains devraient exercer des pressions sur les pays riches pour qu’ils tiennent enfin leurs promesses de fournir les financements nécessaires à l’adaptation au changement climatique, et leur rappeler à nouveau qu’ils ne respectent toujours pas leur engagement de porter à 100 milliards de dollars par an leur aide aux pays en développement.

Outre le financement des projets d’adaptation, les pays africains devraient exiger le déblocage de fonds pour faire face aux « pertes et dommages », c’est-à-dire les conséquences irréversibles du changement climatique qui touchent déjà de plein fouet le continent.

Les pertes et dommages sont de plusieurs natures : ils peuvent survenir lors d’événements de longue durée, comme les sécheresses à répétition ou la montée du niveau de la mer, qui détruisent de manière irréversible les moyens de subsistance de certaines communautés. Il peut aussi s’agir d’événements soudains, comme les ouragans ou les inondations qui détruisent des villages entiers en quelques heures.

L’Institut sud-africain des affaires internationales note par ailleurs que l’Afrique doit peser de tout son poids pour opérationnaliser le « réseau de Santiago », qui a été créé lors de la COP25 en vue de connecter les pays vulnérables du Sud avec des personnes et organisations dotées d’une expertise technique et de ressources pour les aider à prévenir, limiter et répondre aux pertes et dommages. Ce réseau se limite jusqu’ici à un site Web où les pays en développement peuvent poster leurs besoins, sans vraiment obtenir de réponse.

A Glasgow, un accord avait été trouvé sur le fond, c’est-à-dire sur les fonctions que remplira le réseau, mais pas sur la forme c’est-à-dire par qui et comment il va être piloté.

Sur un autre plan, le rapport recommande à l’Afrique de demander le respect des exigences du Pacte de Glasgow pour le climat, relatif au renforcement des objectifs actuels d’émissions à l’horizon 2030. Au 23 septembre 2022, date limite de soumission des nouveaux objectifs, 23 pays seulement sur près de 200 avaient soumis les versions actualisées de leurs contributions déterminées au niveau national (CDN).