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Soudan : la conférence de Berlin sonne comme un rendez-vous de la dernière chance pour un pays au bord de la faillite

  • Date de création: 25 juin 2020 08:26

(Agence Ecofin) - En pleine récession et surendetté, le Soudan traverse une violente crise économique aggravée par une inflation élevée et une monnaie dépréciée. Au bord de la faillite, Khartoum a urgemment besoin de fonds. La conférence de Berlin sur le pays sonne donc comme un rendez-vous de la dernière chance.

Le gouvernement de transition civil au Soudan, dirigé par le Premier ministre Abdallah Hamdok, place de nombreux espoirs dans la Conférence de Berlin sur ce pays, qui se tiendra virtuellement ce jeudi 25 juin. Coorganisée par l'UE, l'Allemagne, l'ONU et le Soudan, cette rencontre verra la participation de plus de 40 pays et dirigeants d’institutions financières internationales, dont le président de la Banque mondiale, David Malpass, et la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.

Bien que cette conférence apparaisse pour les responsables de l’UE comme une opportunité de fournir le « soutien politique compréhensif au gouvernement de transition civil », les autorités soudanaises actuelles y voient, en plus, une opportunité de mobiliser, à travers la présentation d’une série de projets, un soutien financier inespéré pour un pays au bord de la faillite.

En effet, le Premier ministre Abdallah Hamdok, qui dirige le pays dans le cadre d'un accord de partage du pouvoir transitoire et précaire avec l'armée, depuis le renversement d’Omar al-Béchir lors d'un soulèvement populaire en 2019, cherche désespérément des appuis financiers et des investissements.

Certes, le Soudan va bénéficier d’un nouveau programme du FMI en vue de rééquilibrer le cadre macroéconomique du pays afin de relancer l’activité économique et la création d’emploi tout en renforçant la gouvernance, mais il en faudra bien plus pour relever son économie, vu que ledit programme n’est adossé à aucun financement.

Traversant d’énormes difficultés économiques, la croissance économique du Soudan devrait ressortir fortement négative à – 8% en 2020, selon les projections du FMI. Tandis que les ratios d'endettement public et extérieur s’affichent à des niveaux élevés et intenables. Ceux-ci étaient en effet respectivement à 211,7% du PIB et 198,2% du PIB en 2019.

Selon Reuters, le gouvernement soudanais a eu recours à la planche à billets afin de financer le pain et les subventions au carburant face à une inflation qui a atteint 100% au mois de mai. La monnaie du pays (la livre soudanaise, Ndlr) s’échange à 150 pour un dollar sur le marché noir contre 55 au taux officiel, en raison de la pénurie de devises fortes.

La crise économique a été aggravée par la pandémie de coronavirus, qui a détourné les ressources de nombreux donateurs, avec le spectre d'une invasion acridienne en provenance du Kenya voisin, d'ici quelques semaines.

Par ailleurs, selon le FMI, l’inscription du pays sur la liste des Etats parrainant le terrorisme (SSTL) par les Etats-Unis constitue un des obstacles à l’allégement potentiel de la dette, à travers notamment une admission à l'initiative PPTE. Des sanctions pour lesquelles le Soudan devra attendre encore trois ans pour obtenir une levée selon des sources gouvernementales, rapportent certains médias.

Pour le chef de la mission de l'UE au Soudan, l’ambassadeur Robert van den Dool, cette Conférence de Berlin permettra d’envoyer un signal fort aux Etats-Unis pour la levée de ces sanctions.

A moins qu'il n'obtienne rapidement des fonds, le Soudan court le risque d’une faillite qui pourrait conduire à de graves troubles sociaux ou même à une prise de contrôle militaire dans un pays ayant une histoire de coups d'Etat, selon certains analystes.

Borgia Kobri



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