Agence Ecofin TikTok Agence Ecofin Youtube Agence WhatsApp
Agence Ecofin
Yaoundé - Cotonou - Lomé - Dakar - Abidjan - Libreville - Genève

Togo : Noel Bataka explique comment le Mécanisme Incitatif de Financement Agricole va injecter 650 milliards FCFA dans le secteur

  • Date de création: 23 octobre 2018 11:48

(Agence Ecofin) - Lancé le 25 juin dernier par Faure Gnassingbé, le MIFA est l’une des initiatives phares du Plan national de développement du Togo. Noël  Bataka, le coordonnateur chargé des chaînes de valeurs du MIFA en explique les tenants et les aboutissants

Togo First : C’est quoi le MIFA, pour les nuls ?

Noël Bataka (NoB) : Le Mifa, Mécanisme Incitatif de Financement Agricole, fondé sur le partage des risques, est un instrument mis en place par le gouvernement pour apporter des solutions concrètes aux acteurs et chaînes de valeur agricole. Le financement consiste à structurer le marché, organiser les différents acteurs le long des chaines de valeur dans les différents maillons, pour leur permettre de bénéficier des financements nécessaires, afin de fournir des produits en quantité et en qualité à des marchés structurés. Le Mifa apporte des réponses structurelles aux risques et différentes contraintes que les acteurs ont dans leurs activités agricoles et financières.

Togo First : Comment bénéficier du MIFA en tant qu’agriculteur et acteur de la chaîne agricole?

NoB : Il y a 4 catégories d’acteurs. Les premiers, les agrégateurs sont constitués des structures d’achat, de transformation, de consommation et de commercialisation de produits agricoles, aussi bien, au niveau national qu’international. En tant qu’acteur de cette catégorie, si vous avez un besoin en matières premières ciblées actuellement, qui sont le riz, le maïs ou le manioc, vous formulez la quantité recherchée et ses spécifications techniques, et le mécanisme vous met en relation avec des agriculteurs.

D’un autre côté, si vous n’avez pas de financement pour l’achat ou la transformation et que vous avez des garanties de marché, de commercialisation et d’écoulement avec des contrats fermes, le Mifa peut également vous accompagner auprès des Banques.

De la même façon, si vous êtes transformateur ou logisticien, le mécanisme peut vous appuyer tant que vous avez un contrat ferme. Et pour cela, vous devez présenter les preuves de ce marché, les garanties d’écoulement et de transport.

En ce qui concerne les agriculteurs qui sont la troisième catégorie d’acteurs, le Mifa les aide à s’organiser en groupement solidaires et ensuite en coopératives avec une évaluation plus précise de leurs besoins en intrants, en main d’œuvre, en mécanisation et en équipement agricole. L’objectif est de leur permettre de produire en quantité et en qualité, les produits que le marché ou un agrégateur aurait commandés. C’est ce contrat de marché qui est l’élément déclencheur de l’organisation des producteurs en vue de répondre à cette demande.

A partir de ce moment, les agriculteurs vont identifier des prestataires de services pour leurs fournisseurs qui constituent la 4ème catégorie d’acteurs. L’approvisionnement en intrants ou les prestations de services de ces derniers seront payées directement à partir d’un crédit initié par les banques.

Autour de ces 4 catégories d’acteurs, on a d’autres intervenants que constituent les assurances. Le rôle principal de l’assurance est d’apporter un produit spécifique pour couvrir le risque de sécheresse que connaît actuellement le secteur. Mais, elle couvre également, les maladies et les risques individuels des agriculteurs.

Outre les assurances, il y a les Banques. Et cela va de soi. Les banques ont pour principale mission, aussi bien le financement des agriculteurs que des autres maillons le long des chaînes de valeur agricole.

Togo First : ... Concrètement, quel est le contenu de cet accompagnement?

NoB : Le Mifa comme nous l’avons dit tantôt, identifie un acheteur, un acteur de marché, le met en relation avec les agriculteurs et accompagne toute la chaîne en ce qui concerne l’accès au crédit.

Par ailleurs, assiste-t-il techniquement les agriculteurs pour les amener à suivre les itinéraires techniques les plus adaptés, dans le but d’améliorer leur rendement.

Enfin, le Mifa accompagne les banques dans l’identification et la caractérisation des besoins du secteur agricole afin de mettre en place des produits financiers les plus innovants et les plus adaptés.

Togo First : En parlant des produits financiers, quels sont les instruments financiers que vous envisagez de mettre en place pour atteindre cet objectif qui est de relever le niveau de financement du secteur agricole.

NoB : L’ambition du gouvernement est d’amener le secteur bancaire à consacrer au moins 5% de son portefeuille de crédits au secteur agricole. En 2017 par exemple, les banques et le système de financement décentralisé n’allouaient au secteur que 0,2% de leur portefeuille de crédit. Pour renverser cette tendance, le mécanisme entend accompagner ces intermédiaires pour qu’ils mettent en place, des crédits de la manière la plus efficace possible.

Ce crédit est issu d’une évaluation que le mécanisme accompagne. Donc c’est du financement, mais à partir d’une caractérisation de besoins beaucoup plus affinés et beaucoup plus précis pour le banquier. Ce sont aussi des plans d’affaires que les banquiers financent et non juste des déclarations.

Enfin, le mécanisme de financement se fait en boucle, ce qui évite au maximum la manipulation de la liquidité. Ce qui fait que l’agriculteur, le transformateur ou même le logisticien, ne fait que faire payer le banquier pour les différentes prestations et acquisitions qu’il aura à faire, sans pouvoir affecter la liquidité reçue à d’autres projets personnels.

Togo First : On parle de 100 milliards d’investissement à terme. Comment comptez-vous mobiliser ces fonds?

NoB : Ces 100 milliards constituent en fait, un fonds d’amorçage. Qu’est-ce que cela signifie en réalité ? L’Etat, avec ses partenaires, va constituer un panier commun dans lequel, aussi bien les ressources publiques que les ressources privées vont être déposées. Ces ressources vont servir à amener les banques, par effet de levier, à financer par elles-mêmes le secteur agricole à travers des effets multiplicateurs allant de 5 à 10%. L’Etat, avec ses partenaires, en faisant le dépôt de ces 100 millions d’euros (65 milliards FCFA) que le Chef d’Etat a annoncé dans son discours du 27 avril, va amener les banques à financer le secteur agricole, sur leurs propres ressources jusqu’à 1 milliard d’euros, soit 650 milliards de FCFA d’ici 10 ans.

Togo First : Quel rôle le Mifa jouera-t-il dans le Plan national de Développement (PND) ?

NoB : L’axe 2 du Plan national de développement du Togo, focalise les investissements sur la transformation manufacturière et agricole.

Et parmi les instruments phares de cet axe 2, nous avons la mise en œuvre des agropoles et du Mifa. Il s’agit de faire en sorte que le mécanisme facilite l’accès au crédit et au financement pour les acteurs le long des chaînes de valeur, pour qu’ils développent les entreprises manufacturières, de production et de transformation à travers les agropoles.

Ainsi, le Mifa est une facilité que l’Etat met en place pour les opérateurs économiques privés afin de les aider à développer les chaînes de valeur agricoles, tel que prévu dans l’Axe 2 du Pnd.

Togo First : Après la phase pilote qui cible les filières riz, maïs et manioc, quelles seront les prochaines cultures ?

NoB : Pour bien maîtriser l’approche et stabiliser les outils (parce que le mécanisme fonctionne essentiellement sur la base de contrats et d’un certain nombre d’autres instruments), il est évident qu’il faut partir d’une phase assez simple. C’est pour cela que la phase pilote porte sur 3 filières : maïs, riz et manioc.

Après la stabilisation et les leçons qui seront tirées de cette phase pilote, le mécanisme va être étendu à 7 catégories de produits. Nous tablons sur des productions végétales, animales et halieutiques, à travers les cultures telles que les céréales, les tubercules, les racines, les oléagineux, les légumineux mais aussi l’élevage, notamment l’élevage de poulets, et aussi et surtout, les cultures de rente qui vont servir à apporter des devises mais aussi à améliorer notre balance commerciale.

Ce sont des cultures telles que l’ananas, le café, le cacao, le coton, le soja et l’anacarde, seront couvertes par le déploiement du mécanisme à partir de 2019.     

Propos recueillis par Fiacre E. Kakpo


 
GESTION PUBLIQUE

Togo: la Plateforme Industrielle d'Adétikopé accueille de nouveaux investisseurs

Le Sénégalais Ousmane Dione nommé vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA

Côte d’Ivoire : un an après la digitalisation des attestations d’assurance auto, quels changements réels pour les usagers de la route ?

Le Kenya sera le 1er pays africain à émettre des obligations liées au développement durable

 
FINANCE

18 700 millionnaires africains ont quitté le continent au cours de la dernière décennie (rapport)

Acre Impact Capital lève 100 millions $ pour financer des infrastructures adaptées au changement climatique en Afrique

Afrique de l’Ouest : Goodwell investit un montant non dévoilé dans la plateforme de commerce de détail OmniRetail

Fitch maintient la note B de la BIDC, malgré les défis et avertit sur les impacts d’un retrait des pays de l’AES

 
MINES

Les difficultés d’approvisionnement à partir de la RDC contribuent à la hausse des prix mondiaux de l’étain

Burkina Faso : une réévaluation des ressources minérales attendue à la mine Sanbrado au troisième trimestre

Côte d’Ivoire : quatre sociétés obtiennent de nouveaux permis pour l’exploration de l’or

Ghana : la mine Asanko a généré 65 millions de dollars d’or de revenus au premier trimestre 2024 (Galiano)

 
TELECOM

Tanzanie : Tigo se lance sur le segment de la fibre optique

Atos accompagne l’Institut Pasteur de Dakar dans la diversification de ses activités via un système informatique intégré

Guinée : la ministre des Télécommunications discute avec MTN et Telecel de la vente de MTN Guinée

La BOAD augmente ses financements au secteur du numérique

 
TRANSPORT

Aéroport de Cape Town : 10 millions de passagers enregistrés durant l'exercice 2023-2024

Nigeria : un plan pour étendre le train urbain de Lagos vers l’Etat d’Ogun

Kenya : le président William Ruto lance un plan d’urgence pour réduire de moitié les accidents de la route

La Guinée signe avec le Japon un accord de financement de 18 millions $ pour reconstruire le pont sur la RN2

 
ENTREPRENDRE

Avec Caytu Robotics, le Sénégalais Sidy Ndao permet de contrôler des robots multi-tâches à distance

La start-up malienne Kénèya Koura digitalise des processus de prise en charge sanitaire

Ouverture des candidatures pour le 14e Prix Orange de l’Entreprenariat Social en Côte d’Ivoire (POESCI)

AFAWA Finance Togo: BAD et AGF dynamisent l'accès au financement pour femmes entrepreneures

 
ECHO

CEMAC : les pays acceptant le plus de passeports africains sans visa

Cameroun : importations de véhicules en 2022

Le caoutchouc naturel en Côte d’Ivoire

Sénégal : chiffres de la fonction publique en 2023

 
FORMATION

Le Japon ouvre les candidatures 2025 de son programme de bourses aux étudiants étrangers

Au Bénin, un programme pour former les jeunes filles à la cybersécurité

La première édition du Salon africain de la formation et de l’orientation est prévue le 16 mai à Abidjan

L’UNESCO propose des bourses pour suivre un programme d’ingénierie en Pologne

 
COMM

Les régulateurs d’Afrique francophone attendus à Abidjan pour définir des règles communes sur l’information en ligne

Une vingtaine d’écrans de cinéma menacés en Afrique du Sud suite aux difficultés du diffuseur Ster-Kinekor

L’Afrique abrite désormais 30% des abonnés de Canal +, contre 24, 1 % en 2019

Kenya : l’audience du contenu local est en pleine croissance