(Agence Ecofin) - La Banque africaine de développement (BAD) et le Maroc ont signé, ce 18 décembre à Tunis, un accord de prêt d’un montant de 115 millions d’euros. Celui-ci est destiné à financer la troisième phase du Programme d’appui à la réforme de la couverture médicale (PARCOUM III), qui sera exécuté en 2014.
Au Maroc, l’accès aux soins de santé butte sur une couverture médicale encore restreinte. Dès 2005, le gouvernement marocain s’était engagé dans des projets sociaux de grande envergure, tels que l’Initiative nationale de développement humain (INDH) et la création du RAMED (Régime d'assistance médicale). Plus de la moitié de la population marocaine (51 %) ne bénéficie toujours pas de protection sociale. Aussi, les dépenses de santé représentent-elles encore un lourd fardeau pour les ménages marocains, qui les assument à hauteur de 53,6 %, s’exposant ainsi à un risque d’appauvrissement en cas de maladie. Sans compter que d’importantes disparités existent toujours en matière de couverture médicale, entre régions urbaines et rurales notamment.
La première phase du PARCOUM (2002-2008) avait permis de renforcer la couverture médicale de base de la population active du secteur formel. La seconde phase visait à améliorer les conditions d'accès à des services de santé de qualité destinés aux populations économiquement démunies, par le biais du RAMED. « Nous sommes heureux de soutenir le gouvernement du Maroc dans sa progression vers la couverture maladie universelle. La vision de croissance inclusive du Maroc et ses efforts pour assurer l’accès à la santé aux plus pauvres doivent être salués », a souligné Agnès Soucat (photo), directrice du Département du développement humain de la BAD.
Le PARCOUM III vient maintenant renforcer les initiatives engagées par le passé pour appuyer la mise en œuvre de la réforme de la couverture médicale de base au Maroc. Il vise, notamment, à offrir une protection sociale aux travailleurs indépendants qui, pour la plupart, ne bénéficient actuellement ni d’assurance maladie ni de sécurité sociale.
Octroyé en deux tranches pour les années 2013 et 2014, le PARCOUM III permettra de conduire cinq grands chantiers : d’abord, atteindre une couverture de 93 % de la population ciblée par le RAMED ; ensuite, parvenir à intégrer progressivement certaines catégories sociales dans l’assurance maladie obligatoire (AMO), en visant au moins 200 000 affiliés supplémentaires, ainsi que l’établissement d’une vision stratégique à long terme pour la couverture des professions indépendantes. Le programme achevé, la disponibilité des services de qualité devrait, en outre, s’en voir améliorée.
Autre réalisation importante : le projet permettra de rationaliser le recours aux soins, avec l’augmentation des populations couvertes qui disposeront d’un médecin de famille (40 % prévus en 2014, contre 21 % aujourd’hui). Enfin, le projet entend promouvoir la voix citoyenne grâce à la mise en place d’un projet pilote qui permettra d’évaluer la perception de la qualité des soins par les usagers.
Ces orientations s’inscrivent dans la droite ligne de celles que la Banque a définies dans sa Stratégie décennale pour la période 2013-2022, ainsi que dans sa futur Stratégie du capital humain pour 2014-2018, axée en partie sur la mise en place de programmes financiers et sociaux inclusifs.
« La Banque africaine de développement est le premier bailleur du Maroc en termes de volume de financements. Elle a une longue expérience de l’appui budgétaire dans différents secteurs au Maroc. A ce jour, la Banque a enregistré un volume d’engagements de 2,4 milliards d’euros à travers 28 opérations, dont 16 prêts. En 2013, pour le secteur social au Maroc, la Banque a déjà octroyé un prêt de 116 millions d’euros pour le Programme adéquation formation-emploi et 8 dons d’un montant global de 2,9 millions d’euros », a précisé Jacob Kolster, directeur du Département régional Afrique du Nord de la BAD.
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