Tour du monde du déconfinement : quand nécessité économique fait loi

(Ecofin Hebdo) - Après plusieurs semaines de confinement, les gouvernements du monde ont, en majorité, lancé le processus de déconfinement. Si les populations, enfermées pour la plupart chez elles depuis 8 semaines, accueillent cette annonce comme une bonne nouvelle, le processus n’en reste pas moins risqué. Depuis le début de l’épidémie, en effet, entre les tergiversations des gouvernants et les divisions de la communauté scientifique, il est apparu clairement que les cercles de décision n’avaient pas la situation en main.

Ce 11 mai, de nombreux pays ont décidé de lancer le processus de déconfinement sur leurs territoires, provoquant des scènes de liesse par endroits, laissant penser qu’un retour à la vie normale était proche. Seulement, le virus rôde toujours et loin d’un retour à la normale, le déconfinement pourrait être considéré comme une sorte de retour à la case départ. En effet, le problème médical n’est pas réglé et ses conséquences économiques sont de plus en plus palpables. Dans une telle situation, le déconfinement s’apparente plutôt à un coup de poker.

 

Les casse-têtes médicaux et sanitaires sont encore entiers

Depuis ce lundi 11 mai, la plupart des pays du monde ont décidé de lancer une sortie progressive du confinement lancé au mois de mars. En France, exit les magasins et les écoles fermés, l'attestation de déplacement dérogatoire pour les sorties du quotidien, etc.  

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Attendre le vaccin.

 

Le confinement avait été lancé pour permettre aux services de santé de ne pas être débordés, mais aussi pour endiguer l'épidémie. Ensuite, les gestes barrières et l'isolement des patients symptomatiques et de leur entourage devaient permettre d’attendre le vaccin.

Finalement, sans le vaccin, le casse-tête médical reste entier et pourrait même être aggravé par le déconfinement.

Mais pour le moment, même si le confinement a eu l’effet voulu, personne ne sait vraiment quand viendra le vaccin. Selon une étude de l’institut Pasteur, publiée le 21 avril, la France a réussi à faire passer le nombre de personnes infectées par chaque porteur du virus de 3,3, au début du confinement, à 0,5, soit une chute de 84 % des infections. Cela a notamment permis au personnel médical de faire face tant bien que mal à la situation.

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Aux Etats-Unis, les autorités veulent également lancer le processus de déconfinement.

 

Seulement, avec le déconfinement, de nombreux patients souffrant de divers autres maux vont revenir vers le personnel médical pour consulter et se soigner, alors que celui-ci doit encore traiter les patients isolés. Finalement, sans le vaccin, le casse-tête médical reste entier et pourrait même être aggravé par le déconfinement.

 

Les pays restent morcelés entre zones presque sûres et zones à risque

La plupart des pays ayant lancé leur déconfinement, cette semaine, sont actuellement partagés. En France, le pays est divisé entre les zones vertes, les zones orange et les zones rouges. Les zones vertes sont celles où le risque est le moins élevé de voir apparaitre une seconde vague. Il faut aussi préciser que la couleur des zones est déterminée par la capacité en matière de lits, la capacité de dépistage et le taux de circulation du virus. Les zones orange présentent des risques légers tandis que les zones rouges désignent des départements aux risques moyennement élevés.

Les activités reprennent à différents rythmes dans chaque zone. C’est le cas dans la plupart des pays du monde.

En Espagne, la vie reprend presque normalement, à Séville par exemple. Néanmoins, le confinement est toujours strictement respecté dans les régions de Madrid et Barcelone.

En Espagne, la vie reprend presque normalement, à Séville par exemple. Néanmoins, le confinement est toujours strictement respecté dans les régions de Madrid et Barcelone.

Au Royaume-Uni, seule l’Angleterre commence son processus de déconfinement. Le Pays de Galles, l’Ecosse et l’Irlande du Nord sont toujours confinés. Aux Etats-Unis, les autorités veulent également lancer le processus de déconfinement, malgré un nombre de décès toujours élevé. Ce qui n’empêche pas Donald Trump de vouloir relancer la machine économique, dans les plus brefs délais. Le 16 avril dernier, il avait même déclaré que la première puissance économique mondiale avait passé le cap de l'épidémie.

En Chine, au contraire, les autorités n’hésitent pas à reconfiner pour éviter une deuxième vague. C’est ce qui est arrivé dans la ville de Jilin, dans le nord-est du pays. Après la découverte de nouveaux cas, les lieux publics et les écoles ont de nouveau fermé leurs portes. A Wuhan, la ville d’origine de la pandémie, les autorités testent actuellement toute la population, après l’apparition de quelques nouveaux cas. Pour le moment, on ne parle pas encore de reconfinement, mais sait-on jamais. Les autres pays assurent qu’ils n’hésiteront pas non plus à reconfiner leurs populations pour éviter une deuxième vague. Seulement, vu les conséquences économiques de la pandémie, tenter un déconfinement semblait de plus en plus urgent.

 

Déconfiner, une nécessité économique pour les gouvernements

Avec la crise économique mondiale provoquée par le confinement, les gouvernements avaient peu d’options disponibles. Malgré le fait qu’on ne puisse toujours pas opposer grand-chose à la pandémie, il devenait urgent, partout sur la planète, de déconfiner. Aux Etats-Unis, le taux de chômage est passé à 14,7 % de la population active, en avril dernier, contre 3,6 % à la fin de l’année 2019. L’Australie affiche une situation similaire, avec un taux de chômage qui pourrait dépasser 10 %, le mois prochain, selon sa Banque centrale. En Argentine, l’économie a également été fortement affectée par le confinement. Le pays négocie actuellement avec ses créanciers pour obtenir des délais de paiement sur 66 milliards de dollars de dette. Au Royaume-Uni, les ventes de voitures ont baissé de 97 % en avril 2020. En France, on observe une baisse de 16,2 %, par rapport à février, sur la production industrielle du mois de mars.

Au Royaume-Uni, les ventes de voitures ont baissé de 97 % en avril 2020. En France, on observe une baisse de 16,2 %, par rapport à février, sur la production industrielle du mois de mars.

En Arabie Saoudite, la chute du prix du pétrole et la paralysie de l’économie qui s’en est suivie vont creuser le déficit public. Le gouvernement envisage de tripler la TVA, qui passerait de 5 % à 15 %.

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En Chine, le déconfinement a provoqué une ruée sur les sites touristiques.

 

Pour faire face à la crise, le G20 a annoncé vouloir injecter plus de 5000 milliards de dollars dans l’économie mondiale. Mais, cela ne suffira pas pour endiguer la crise économique. Confiner les travailleurs chez eux et maintenir les entreprises en cessation d’activité participe à creuser le gouffre. Finalement, les gouvernements n’ont pas d’autre choix que de relancer l’activité économique… même en l’absence de remède consensuel.  Nécessité économique fait loi.

Déconfiner, c’est prendre le risque de subir une deuxième vague pour éviter de s’embourber encore plus dans une crise économique déjà très importante. Entre zones rouges et orange, craintes de deuxièmes vagues et crise économique, la vie est encore loin d’être revenue à la normale. En effet, désormais, les gouvernements du monde vont devoir dépister, isoler et traiter des malades sans que cela ne perturbe les activités quotidiennes et en s’assurant que le reste de la population peut se procurer les ressources nécessaires pour vivre sans risque. Et ça, c’est plus vite dit que fait…

Servan Ahougnon

servan ahougnon

 

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