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Pourquoi autant de problèmes d’électricité au Cameroun ? les réponses d’Éric Mansuy, DG d’Eneo

  • Date de création: 18 avril 2021 11:34

(Agence Ecofin) - Eneo est l’opérateur du secteur de l’électricité au Cameroun. A fin 2019, la compagnie réclamait à ses clients 180 milliards de FCFA, dont 63 milliards aux seules entreprises publiques ou à capitaux publics. Et dans le même temps, elle devait à ses fournisseurs d’énergies et de carburants 155 milliards. En décembre 2019, au cours d’une réunion avec les acteurs du secteur, le gouvernement s’est engagé à accompagner les entreprises dans la recherche de solutions pour un retour rapide à l’équilibre financier du secteur. Où en est ce processus ? La rédaction d’Investir au Cameroun a posé la question à Éric Mansuy, le DG d’Eneo.

Investir au Cameroun : Selon nos informations, BGFI Cameroun a été mandaté il y a quelques semaines pour arranger l’opération de structuration de la dette d’Eneo vis-à-vis des fournisseurs d’énergie KPDC et DPDC d’un montant de 83 milliards de FCFA. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Éric Mansuy : Nous avons signé des accords en fin 2020 avec KPDC/DPDC pour l’apurement de cette dette, dans un délai raisonnable de 48 mois. Eneo prend toutes les mesures pour implémenter ces accords. Par ailleurs, il semble effectivement que KPDC et DPDC travaillent actuellement de leur côté avec des banques pour arranger une opération de structuration. Ce sont ces deux sociétés qui ont mandaté une banque de la place.

IC : À quelle échéance espérez-vous boucler cette opération ?

EM : Les discussions sont encore à un stade préliminaire, et des préalables importants doivent être satisfaits pour que cette opération puisse être bouclée. Elle doit absolument être cohérente avec d’autres opérations d’assainissement des finances du secteur en cours.

IC : Vous devez également beaucoup d’argent aux fournisseurs de combustibles comme Tradex. Comment comptez-vous résoudre le problème à ce niveau ? 

EM : Nous avons effectivement une dette résiduelle ancienne vis-à-vis de Tradex. Elle ne pourra être réglée que dans le cadre d’un apurement global des dettes du secteur. Les discussions se poursuivent avec l’État à ce sujet.

IC : Toujours au sujet de l’achat des combustibles, on a entendu le ministre de l’Eau et de l’Énergie dire que le chef de l’État a instruit que soit viré à Eneo un milliard de FCFA par semaine pour supporter la consommation des centrales thermiques du septentrion. Finalement qui supporte ces charges ? 

EM : Les charges de combustibles et d’achats d’énergie sont supportées par le secteur. Les consommateurs en paient une partie à travers le tarif. Le reste est subventionné par l’État (à travers une compensation tarifaire), dans le cadre de sa politique de stabilisation des prix de l’électricité aux clients résidentiels depuis 2009. Eneo se contente de collecter l’un et l’autre et de les reverser aux différents acteurs du secteur. C’est la raison pour laquelle il est important que cette compensation tarifaire soit arrêtée en tout début d’exercice et versée régulièrement chaque année, car tant les fournisseurs de combustibles, que les fournisseurs d’énergie demandent à être payés en temps et en heure.

Nous avons alerté l’État depuis fin 2020 sur la situation de déficit énergétique au Nord dû à la mauvaise hydrologie dans le bassin de la Bénoué. Le surcoût en fuel est estimé à 3 milliards de FCFA mensuels, pour lesquels nous avons demandé à l’État de nous aider, en reconnaissant, sans tarder, cette charge supplémentaire qui dans tous les cas sera prise en charge dans la compensation tarifaire de 2021.

Malheureusement, la seule réponse que nous avons eue est le rappel d’un précédent engagement du chef de l’État de faire payer à Eneo un milliard de FCFA par semaine. Cette somme couvre les factures de consommations d’électricité de l’État et de ses démembrements, et en aucun cas les besoins pour 2021. Cela n’est pas nouveau et ne répond pas à l’urgence signalée pour la bonne alimentation des populations du septentrion.

IC : Où en êtes-vous avec Gaz du Cameroun, un autre fournisseur de combustibles qui vous réclamait récemment des impayés ?  

EM : Le contentieux est apaisé et en cours de règlement à l’amiable.

IC : Pensez-vous aussi à votre dette vis-à-vis des entreprises publiques comme EDC ou Sonatrel ?

EM : Nous travaillions étroitement avec l’État, au travers notamment du Premier ministre et du ministère des Finances, pour suivre et surtout trouver des solutions à la dette du secteur. Notre position depuis décembre 2019 (date à laquelle le Premier ministre a organisé une table ronde des acteurs du secteur), est que les grands clients du secteur (et notamment les débiteurs publics) doivent régler leurs factures d’électricité dans les délais, afin que nous puissions de notre côté payer chaque mois tous les acteurs du secteur, qu’ils soient publics ou privés.

IC : La CAA estime la dette de l’État due à Eneo à 40,1 milliards de FCFA à fin 2020. Avez-vous déjà bouclé le processus de certification de la dette publique ? À combien s’élève-t-elle ?

EM : En effet, c’est ce qui est dit plus haut. Au final, l’Etat reste à devoir directement à Eneo environ 40 milliards, ce qui handicape très sérieusement ses opérations et ses capacités de développement.

IC : Après les 45 milliards de FCFA reçus de l’État en milieu d’année 2020, il était prévu que l’État vous verse encore environ 32 milliards de FCFA en guise de règlement d’une partie de sa dette. Avez-vous déjà reçu cet argent ?

EM : Les discussions sont en cours et devraient aboutir prochainement, dans le cadre de la volonté ferme du Gouvernement de normaliser le secteur.

IC : En début d’année 2020, Alucam et Eneo ont signé un contrat de validation des créances et des dettes au 31 décembre 2019. Où en sont Alucam et l’État du Cameroun avec l’apurement de la dette arrêtée à cette date ?

EM : Le processus de reprise de la dette d’Alucam par l’État est en bonne voie. Néanmoins, Alucam connait manifestement de graves difficultés, car les factures ne sont plus réglées depuis mi 2020, sauf rares exceptions. Ceci conduit toujours à une augmentation de sa dette et impacte la capacité d’Eneo à payer les autres opérateurs du secteur. 

IC : Après avoir transféré le réseau de transport à la Sonatrel, Eneo demande une compensation de 40 milliards de FCFA à l’État. Que représente cet argent ? 

EM : Peu de personnes le savent. En vérité, depuis la privatisation, des investissements colossaux ont été réalisés dans le transport, notamment depuis 2005 : construction de nouvelles lignes de transport, construction de nouveaux postes sources, renforcement du réseau de transport, mise en place d’un nouveau centre de contrôle du réseau moderne avec liaison fibre optique, etc. C’est la valeur de ces investissements non amortis qui fonde le droit à indemnisation d’Eneo.

Nous tenons à préciser que ce n’est pas une réclamation, mais l’application des dispositions de la règlementation générale du secteur et de notre contrat de concession (qui prévoit le principe de l’indemnisation de l’opérateur en cas de fin anticipée d’une concession). Les modalités de calcul sont strictement définies et les discussions sont en cours avec l’État. Certains points font, semble-t-il, déjà l’objet de consensus. Nous espérons que les derniers aspects seront bouclés rapidement.

IC : Au regard de l’État de vétusté dans lequel se trouve le réseau de transport confié à Sonatrel, certains estiment que la demande d’Eneo n’est pas justifiée. Que répondez-vous ? 

EM : L’État actuel du réseau de transport doit être analysé, au regard de son âge et des circonstances suite à la promulgation de la loi N° 2011/22 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité.

Eneo n’est plus autorisée à réaliser des investissements sur ce segment depuis 2012, et le réseau de transport souffre de sous-investissement. Ce qui peut expliquer les congestions et la recrudescence des incidents majeurs. Nous avons par ailleurs depuis 2012 soumis aux pouvoirs publics un plan directeur pour la période 2012-2025 dans lequel étaient exprimés tous les besoins en nouveaux investissements en transport.

La Sonatrel a repris l’exploitation du réseau de transport depuis deux ans maintenant, et nous n’avons pas manqué d’apporter notre assistance dans les situations sérieuses et potentiellement dommageables pour le secteur (comme l’incendie du poste du BRGM en 2020).

Interview réalisée par Aboudi Ottou


 
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