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Ethiopie : Paul Kagame appelle à une action concertée sur la crise au Tigré

  • Date de création: 16 février 2021 11:27

(Agence Ecofin) - Pour le président rwandais, la situation au Tigré ne reçoit pas encore l’attention qu’elle devrait avoir, de la part de l’ONU, des USA et des autres pays africains. Une situation qui pourrait aggraver la crise dans les prochaines années.

Dans un entretien réalisé le 03 février dernier dans le cadre d’un forum d’échanges périodique organisé par la Hoover Institution le président Paul Kagame s’est exprimé sur la gestion de la situation au Tigré. D’après le dirigeant, il est important qu’il y ait une action concertée pour trouver une solution durable à conflit qui a fait des milliers de réfugiés.

« Concernant l’Ethiopie […] la situation devient de plus en plus inquiétante. […] je pense que la nouvelle administration des USA, ou l’ONU ou d’autres parties devraient penser à ce qu’ils pourraient faire en collaboration avec les pays africains. […] quelque chose doit être fait pour régler la situation parce que d’ici 1 ou 3 ans, nous risquons de voir la situation devenir encore plus difficile à gérer » a déclaré le dirigeant.

Selon lui la crise que traverse le pays des négus souffre d’un manque de visibilité auprès de la communauté internationale. « En fait, le problème est que le conflit a été écarté du reste du monde, les gens ne savent pas vraiment ce qui s’y passe, à part la misère des personnes que nous voyons traverser la frontière pour fuir au Soudan » déclare-t-il, affirmant que cette situation ne saurait perdurer.

Faut-il le rappeler, la crise au Tigré qui oppose le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et le pouvoir central a entraîné des conséquences humanitaires importantes pour l’Ethiopie et ses voisins, notamment le Soudan. Ce dernier a accueilli depuis novembre 2020, 58 000 réfugiés éthiopiens fuyant le conflit, sans compter les millions de personnes déplacées internes.

Une intervention onusienne au Tigré ?

Pour Mehari Taddele Maru, professeur adjoint au Migration Policy Center du Centre Robert Schuman, il est désormais plus que nécessaire qu’une action du Conseil de sécurité de l’ONU au Tigré soit mise en œuvre. Pour lui, plusieurs raisons pourraient justifier cette intervention. Selon le responsable, la possible menace que pourraient représenter les forces armées de l’Erythrée, frontalière au Tigré, et déjà accusées d’ingérence dans le conflit, pourrait transformer la crise en une guerre à la fois civile et internationale, et donc du ressort de l’ONU. Une situation à laquelle s’ajoutent les défis humanitaires, ainsi que les possibles violations des droits de l’homme dénoncées sur le terrain.

Selon M. Maru, une intervention onusienne pourrait d’ailleurs être soutenue par les USA, dont la nouvelle administration a fait part de ses inquiétudes concernant la crise au Tigré. Lors de son audition de confirmation devant le Sénat, le nouveau secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, Antony Blinken, avait annoncé la nomination d’un envoyé spécial pour la région de la Corne de l’Afrique. L’objectif étant pour les Etats-Unis d’être plus actifs sur des dossiers comme celui du Tigré.

« Il doit y avoir un meilleur accès à la région [le Tigré, Ndlr], plus de responsabilités, un rétablissement de la communication, de l'aide humanitaire, et un effort pour mettre en place un dialogue pour résoudre les problèmes clés », avait-il déclaré.

De son côté, le président Paul Kagame insiste sur le fait que les pays africains doivent être les principaux acteurs de la résolution du conflit, si une action concertée était finalement approuvée. « A un moment, des démarches doivent être menées pour faire face à la situation, et si ces démarches peuvent être menées par l’Ethiopie elle-même ce serait mieux. Mais je pense que la situation devient de plus en plus inquiétante. […] L’Afrique doit être la première engagée sur la situation » a-t-il déclaré tout en reconnaissant que c’était « plus facile à dire qu’à faire ».

Alors que les autorités fédérales d’Ethiopie se sont toujours opposées à une implication de la communauté internationale dans la résolution du conflit dans le Tigré et sont restées sourdes aux appels au dialogue avec le TPLF (l’ex-parti au pouvoir dans cet Etat régional), la voix de Paul Kagamé qui est à la tête d’un pays qui a connu un génocide en 1994 et qui en garde toujours les séquelles, pourrait compter pour parvenir à une pacification des tensions dans cet Etat régional.

NB : Dans une version précédente de cet article, nous avons attribué par erreur au président Kagamé des propos qui étaient ceux de Mehari Taddele Maru. Nous présentons nos excuses à nos lecteurs.

Borgia Kobri
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