(Agence Ecofin) - Il y a des problèmes dans la répartition et l’utilisation de l’aide publique à la presse, au Sénégal. Le constat est établi dans le rapport 2014 de la Cour des comptes. L’institution de contrôle de la dépense publique s’est intéressée aux enveloppes des années 2008 à 2010, soit un montant de 1,5 milliard FCfa.
La Cour relève qu’il n’y a aucun encadrement juridique de l’utilisation de la subvention accordée au secteur des médias. « Pour certains organismes de presse, la subvention allouée est intégrée au budget de fonctionnement ou d’investissement. Pour beaucoup d’autres, l’aide est versée dans des comptes privés autres que celui de l’organe bénéficiaire où elle peut faire l’objet d’utilisation difficilement contrôlable », notent les vérificateurs de la Cour. Leur rapport indique clairement que « l’utilisation de l’aide n’est pas contrôlée par la direction de la communication ».
La désignation des bénéficiaires de la subvention publique est tout aussi problématique. La Cour des comptes relève que tous les soumissionnaires ne remplissent pas les critères édictés qui sont, entre autres, le tirage des journaux ou la diffusion sur au moins l’étendue d’une région administrative pour les médias audiovisuels.
Si la loi dit qui peut bénéficier de l’aide à la presse, la Cour constate qu’il n’y a aucune base légale pour l’octroi de l’aide aux correspondants régionaux ainsi qu’au Centre d’enseignement des sciences et techniques de l’information (Cesti). C’est l’ex-président de la République, Abdoulaye Wade, qui aurait décidé, en 2010, d’élargir la liste des bénéficiaires, sans pour autant modifier la loi. A propos des correspondants régionaux, la Cour écrit : « pour la plupart des bénéficiaires, les fonds versés constituent une aide du président de la République pour laquelle aucun justificatif n’est attendu en retour».
L’utilisation de la subvention par le Cesti est aussi remise en cause. « L’aide de l’Etat destinée à la formation des journalistes est une subvention publique qui ne peut être considérée comme une ressource destinée à la fonction de service », dénonce la Cour des comptes qui constate une majoration très élevée de la rémunération des enseignants. Le Cesti paie l’heure à 17 000 FCfa aux encadreurs des stagiaires or l’heure est payée à 7 500 FCfa aux maîtres-assistants à l’université.
Pour la Cour des comptes, enfin, il reste à déterminer la base sur laquelle les montants octroyés sont fixés. Car certaines entreprises de presse, de tailles très différentes, perçoivent parfois la même somme. De même, de petites entreprises reçoivent des enveloppes plus importantes que des entreprises plus grandes.
Assongmo Necdem
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