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Uemoa : rendements en hausse, reports, annulations, sous-souscriptions… le marché financier régional s'essouffle

  • Date de création: 05 avril 2023 19:24

(Agence Ecofin) - Les pays d'Afrique de l'Ouest font face à des difficultés pour lever des fonds sur le marché régional de la dette, ce qui soulève la question d'une crise de liquidité sur ce marché, alors que les besoins de financement des différents plans nationaux de développement se font plus sentir. 

Depuis le début de l'année, les pays de l'UEMOA font face à une conjoncture défavorable sur le marché financier régional. Les récentes hausses des taux directeurs de la banque centrale ont entraîné une tension sur la trésorerie des banques commerciales, les principaux acteurs du marché.

Les États reçoivent ce choc de plein fouet, alors qu'ils sont coupés des marchés financiers internationaux, en raison des relèvements des taux directeurs dans les pays développés, ce qui a entraîné une hausse des rendements sur les obligations existantes.

Ces pays comptent plus que jamais sur le marché financier régional pour financer leurs besoins. Ils projettent de lever 7 429 milliards FCFA (12,3 milliards $) cette année 2023, loin devant les 5 254 milliards FCFA (8,7 milliards $) mobilisés sur le compartiment organisé par UMOA-titres en 2022. Une ambition trop élevée que le marché aura du mal à supporter, selon plusieurs observateurs.

Saturation du marché ?

À juste titre, en trois mois, les opérations se sont multipliées sur le segment d'adjudication. Au cours de ce premier trimestre, les États ont émis 108 titres, soit déjà plus que tout ce qui a été réalisé durant les deux premiers trimestres de l'année dernière, réunis. Conséquence, les objectifs de mobilisation sont loin d'être atteints. Le montant total levé ce premier trimestre est déjà en deçà de ce qui a été mobilisé l'année dernière, avec une baisse de 14% par rapport à la même période de l'année précédente.

On est passé de 1 377,45 milliards FCFA (2,3 milliards $) au 1er trimestre 2022 à 1 213 milliards FCFA ( 2 milliard $) en 2023, sur la même période, selon les données consultées par l'Agence Ecofin. Et pour cause : la participation des banques aux adjudications de titres publics est en forte baisse.

Résultat, les annulations et les reports d'opérations, qui se sont multipliés tout au long du trimestre, ont déjà établi un record annuel. En seulement trois mois, 17 transactions ont été soit annulées, soit reportées à la « dernière minute », signe que la transaction tendait vers un échec. Ce chiffre n'avait jamais été atteint auparavant, même sur une année entière. Presque tous les pays ont déjà annulé ou reporté une ou plusieurs incursions sur le marché cette année, sauf le Togo et la Guinée-Bissau.

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Des investisseurs trop frileux

La principale raison de cet état de fait est la nouvelle orientation de la BCEAO en matière de politique monétaire. Mi-mars, la Banque centrale a augmenté pour la quatrième fois en neuf mois ses taux directeurs, avec pour objectif de freiner l'inflation et de préserver les réserves de change qui ont fondu à 4,5 mois d'importation. De plus, les banques commerciales, qui représentent plus de 90% du marché des titres publics, subissent une tension sur leur trésorerie après que l'institution faîtière a décidé de reprendre les adjudications à taux variables sur ses guichets d'appel d'offres hebdomadaires et mensuels.

Ce resserrement monétaire a entraîné une hausse des rendements des nouveaux titres obligataires, qui ont atteint leur plus haut niveau depuis 2019. Selon les calculs de l'Agence ecofin, en mars, les rendements ont atteint environ 6,44% en moyenne sur une base mensuelle, sous l'effet des bons du Trésor assimilables (BAT), dont les taux exigés par les investisseurs progressent plus rapidement. Au cours du même mois de mars en 2022, ces rendements tournaient autour de 4,2%.

L'emprunt obligataire est devenu très cher pour les États, aggravé par une participation de plus en plus rare des banques commerciales aux adjudications, sur un marché où les sociétés de gestion et d'intermédiation (SGI) sont sous-représentées et où les sociétés d'assurance et d'autres collecteurs d'épargne n'ont pas un accès direct.

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Le tableau est d'autant plus sombre lorsqu'on explore les données de mars. Au cours de ce mois, aucun État n'a réussi à atteindre son objectif. Le 21 mars, la Côte d'Ivoire, la plus grande économie de l'Union, a échoué à lever les 85 milliards FCFA. L'opération, qui portait sur des BAT de 6 mois et un an, s'est soldée par un taux de couverture de 9%. Le 28 mars, l'émetteur le plus prisé sur le marché a réussi à lever difficilement 84 milliards FCFA (140 millions $) alors qu'elle cherchait à nouveau à lever 85 milliards par le biais d'une combinaison de titres à long et court terme.

Les rendements exigés par les investisseurs sur des titres à court terme dépassent ceux des titres à long terme. Au demeurant, c'est sans citer les nombreux échecs enregistrés sur les autres opérations, poussant des pays comme le Bénin à s'abstenir de lancer de nouvelles adjudications depuis les échecs de février.

Casse-tête pour les gouvernements

Les gouvernements de la région comptaient fortement sur le marché financier régional pour faire face à leurs besoins de financement, dont le montant net est estimé à plus de 4 360 milliards FCFA (7,25 milliards $) en 2023. Ne serait-ce que sur ce segment des adjudications, cette année, les remboursements sont projetés à 4 728 milliards FCFA (7,8 milliards $) sur l’année.

Face à la hausse des rendements des titres publics, la pression est forte sur les autorités financières de la sous-région. Dans les pays de la région, comme le Bénin, le Togo ou encore la Côte d'Ivoire, les autorités en appellent à la mobilisation des SVT (Spécialistes en valeur du trésor : Banques et SGI) implantés sur leur territoire, en invoquant le "patriotisme".

Selon plusieurs spécialistes, l’incapacité à lever des fonds sur le marché régional pourrait obliger les États à rechercher des sources de financement alternatives et moins chères telles que le Fonds monétaire international (FMI) pour éviter les déficits budgétaires.

Fiacre E. Kakpo

Lire aussi:

04/04/2023 - Combien les Etats de l’Uemoa prévoient-ils de lever cette année sur le marché financier régional ?

13/03/2023 - Forte pression sur la trésorerie des banques de l'Uemoa, à la suite du passage au taux variable sur le marché interbancaire

07/03/2023 - Uemoa : comment la hausse des taux directeurs impacte les obligations souveraines sur le marché régional



 
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