(Agence Ecofin) - Standard & Poor's a dégradé vendredi 04 novembre la note souveraine du Mozambique sur le long terme, la faisant passer de "CCC" (ultra spéculatif) à "CC" (en défaut avec quelques espoirs de remboursement).
La semaine dernière, le gouvernement a annoncé sans plus de précisions, le projet de restructuration de ses dettes en devises étrangères.Standard & Poor's estime que les marges de manœuvre disponibles dans cette initiative s'apparentent à un défaut pour les investisseurs des titres obligataires du Mozambique.
En Avril 2016, le pays a émis pour 726 millions $ de nouvelles obligations, arrivant à maturité en 2023. Dans le cadre de cette opération, une première tranche de remboursement de près de 60 millions $ est attendue le 18 janvier 2017. L'agence américaine de notation pense que le gouvernement mozambicain formulera des propositions avec pour effet de reporter le respect des engagements liés à cette première échéance et d’accroître les délais de paiement sur le long terme.
Sur le court terme, les échéances du pays prévoient en 2017 un règlement de 600 millions $ au titre du service de la dette. Or ce dernier fait face à une réduction drastique de ses réserves de change et à des difficultés pour mobiliser de nouvelles ressources.
Dans les discussions entamées avec le Fonds Monétaire International, il a été demandé au Mozambique de réduire le fardeau de sa dette, contre la possibilité de bénéficier de nouveaux décaissements.
Plus importante encore est la dette bilatérale qui constitue 42% des obligations extérieures du pays. Les analystes de Moody's estimaient dans une récente analyse que seule sa restructuration est capable d'apporter une soutenabilité complète à la dette publique.
Les négociations sont mal embarquées et plus personne ne semble vouloir investir sur les titres du Mozambique. Selon les données fournies par l'initiative de la BAD pour les marchés financiers en Afrique, l'eurobond mozambicain d'un taux de 10,5% et arrivant à maturité en 2023, se négociait à 59% de sa valeur d'émission, avec l'écart de rendement le plus important des obligations souveraines africaines (+12,7 points de base, soit 23,1%).
Idriss Linge
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