(Agence Ecofin) - Jusqu’ici, tous les experts et analystes prédisaient que les importations chinoises de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des Etats-Unis ne seraient pas touchées par les tensions entre les deux pays. D’ailleurs, ni l’un ni l’autre des protagonistes n’a évoqué le combustible dans leurs menaces, ce qui pour Wood Mackenzie n’est que normal.
Le consultant avait alors indiqué, dans un rapport du 18 juin dernier que le GNL revêt un caractère stratégique dans les relations commerciales entre les deux pays et qu’il n’existe pas de risque qu’il soit affecté par la tension.
Mais, depuis, les choses ont bien changé. La tension est montée d’un cran. Selon des informations rapportées par The Paper, la Chine et la Russie sont actuellement en train de négocier une coopération sur le gaz naturel via pipeline. Cela, après les menaces de Donald Trump qui s’est dit prêt vendredi, à taxer des produits importés de Chine pour tirer environ 505 milliards de dollars de taxes supplémentaires.
« S'ils parviennent à un accord, le volume des échanges de gaz naturel sino-russe devrait dépasser les 70 milliards de mètres cubes dans les dix prochaines années.», a commenté Nur Bekri, directeur du Département de la coopération internationale de l'Administration nationale de l'énergie en Chine.
Ainsi, la Russie deviendra le plus grand fournisseur de gaz naturel à la Chine, devant les Etats-Unis. Ce serait un évènement majeur dans le développement du marché gazier et qui jouera un rôle important non seulement dans les rapports de force entre ces trois puissances, mais bouleversera la hiérarchie dans le domaine de l’Energie. Il faut dire que selon l’Agence internationale de l’Energie (AIE), d’ici 2022, les Etats-Unis deviendront le premier exportateur mondial de gaz naturel, surclassant l’Australie et le Qatar. Mais avec la Chine, en moins comme destination d’exportation, ces prévisions pourraient être faussées.
Sun Yang, un analyste du secteur gazier, a déclaré dimanche au Global Times que le plus grand perdant de ce bras de fer sera certainement les Etats-Unis car il y a, avant tout, des possibilités de sécuriser le très important marché chinois de l’Energie.
En effet, les Etats-Unis dont la production de GNL est en boom, ont besoin de solides débouchés et la Chine dont la demande est en pleine croissance, a besoin d’importer. La Chine deviendra le premier importateur mondial de gaz naturel l'an prochain, dopé par les achats de GNL.
Yang a ajouté qu’avec le contrat de GNL proposé en cours de négociation avec la Russie, « il semble que la Chine se prépare à un coup final contre les Etats-Unis ».
Aux Etats-Unis, une dizaine de projets gaziers attendent la signature de contrats d’achats avec des entités chinoises pour prendre la décision finale d’investissement. La perte du marché chinois du GNL pourrait définitivement mettre fin aux espoirs de lancer ces projets.
Olivier de Souza