(Agence Ecofin) - 11,5 milliards de shillings kényans prêtés à des étudiants pour financer les parcours universitaires étaient encore en attente de remboursement fin octobre 2020. Les premières explications rapprochent cette situation de la covid-19, mais le problème semble bien plus complexe.
Au Kenya, les défauts de remboursement de prêts contractés par les étudiants pour financer leurs parcours universitaires ont connu une nouvelle augmentation au cours des 10 premiers mois de l'année, apprend-on des médias locaux qui citent des documents présentés au Parlement. 38 314 anciens étudiants qui avaient bénéficié de ce type de crédits pour financer leurs études universitaires ont manqué à leur obligation de remboursement sur la période analysée.
Ce sont désormais 116 642 personnes qui ne sont pas parvenues à rembourser leurs prêts étudiants à la fin du mois d'octobre 2020. Cette situation est révélatrice de la difficulté que connaissent les ex-étudiants après leurs parcours dans le supérieur.
Pour ceux qui ont eu un emploi, l'hypothèse forte est que la situation actuelle ne leur permet pas de gagner suffisamment d'argent pour honorer leurs engagements de remboursement. Et pour ceux qui se sont lancés dans l'entrepreneuriat, la conjoncture ne semble pas permettre de dégager des marges suffisantes.
Au total, ce sont 11,3 milliards de shillings kényans (103,6 millions $) qui sont désormais considérés comme des créances douteuses sur un encours global actuellement de 45,5 milliards de shillings de prêts étudiants accordés par les institutions financières. Cela fait un taux de défaillance de remboursement de 28,5% qui est supérieur aux 13,5% pour l'ensemble du secteur bancaire de ce pays.
La situation actuelle semble être analysée exclusivement sous le prisme de la covid-19 qui a contraint à la limitation des activités dans le pays. Mais comme c’est le cas dans beaucoup de pays où existent des prêts étudiants, la cause du mal semble plus profonde.
La transformation du monde du travail fait en sorte que de longues études ne garantissent plus un emploi décent et bien rémunéré. Cela rend difficile la possibilité de rembourser le prêt contracté.
Idriss Linge
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