(Agence Ecofin) - L’Afrique du Sud a reçu un appui de 4,3 milliards $ du FMI pour faire face aux effets négatifs de la covid-19 sur son économie. C’est la première fois en 26 ans que le pays sollicite cette institution dont les solutions ont souvent été critiquées en Afrique et dans le monde.
Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé la demande d'aide financière d'urgence de l'Afrique du Sud de 4,3 milliards $. Cette somme qui représente 100% de la quote-part du pays au sein du Fonds, a été accordée au titre de l'instrument de financement rapide pour répondre aux besoins urgents de balance des paiements provoqués par la covid-19.
« La pandémie évolue en Afrique du Sud à un moment difficile. Avec de graves contraintes structurelles à la croissance, l'activité économique s'est affaiblie au cours de la dernière décennie malgré des dépenses publiques importantes ; ce qui a entraîné un chômage élevé, la pauvreté et l'inégalité des revenus », a expliqué l’institution basée à Washington dans le communiqué qui donne cette information.
C’est la première fois en 26 ans que l’Afrique du Sud, économie la plus diversifiée du continent africain et membre du G20, sollicite une aide du FMI. Le pays s’est toujours refusé à le faire au nom de la souveraineté économique. Avec une dette publique qui est à 90% due à des créanciers nationaux et un marché des capitaux qui pèse 20 700 milliards de rands (5 fois la taille de son économie), plusieurs analystes ont toujours estimé qu’aller vers le FMI est une sorte d’humiliation.
Mais cette fierté semble avoir été détruite par le coronavirus. « L’économie sud-africaine a été durement touchée par la covid-19. Le pays a signalé le plus grand nombre de cas en Afrique subsaharienne. Il connait aujourd’hui une profonde récession économique qui vient s’ajouter à une situation de contraintes structurelles, de croissance modérée et de détérioration des acquis sociaux », a fait savoir Geoffrey Okamoto, premier directeur général adjoint du FMI commentant cette décision.
Le FMI reste un mauvais souvenir pour de nombreux leaders d’opinion en Afrique qui ont gardé en mémoire les programmes d’ajustement structurel, accusés d’avoir contribué à fragiliser le continent. Pour les solutions actuelles, l’institution dit accorder son soutien sans aucune contrepartie. Mais la dernière partie de son communiqué ressemble à un ensemble d’instructions données à l’Afrique du Sud.
Il est demandé à ce pays de renforcer urgemment ses fondamentaux économiques et d'assurer la viabilité de la dette en procédant à un assainissement budgétaire, en améliorant la gouvernance et les opérations des entreprises publiques et en mettant en œuvre d'autres réformes structurelles propices à la croissance. Le FMI suggère aussi qu’il sera important de préserver le mandat de contrôle du niveau d’inflation de la banque centrale, de réglementation et de supervision proactives des banques, en particulier pour les petites banques.
Ces recommandations sont différentes de celles mises en œuvre au sein de plusieurs pays développés, et même en Chine. Face aux effets néfastes de la covid-19 sur leurs économies, les banques centrales ont injecté massivement d’argent sous forme de rachat de dettes. Aux Etats-Unis, ces opérations ont concerné non seulement les titres publics, mais aussi ceux émis par certaines entreprises.
Malgré les critiques, le FMI a été sollicité par plusieurs pays dans le monde. L’Afrique du Sud n’est pas la seule en Afrique à avoir fait entorse à son principe de ne plus solliciter l’institution. Le Nigeria et le Ghana ont dû demander son aide. Au total, 77 pays avant le pays de Cyril Ramaphosa (photo) ont sollicité et obtenu l’aide du FMI dans le cadre de la réponse à la pandémie.
83,4 milliards $ ont été déboursés, dont environ 14,3 milliards $ pour l’Afrique. Le continent compte aussi 22 pays qui ont bénéficié d’une annulation de 251,2 millions $ dus au FMI.
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