(Agence Ecofin) - Dans la zone CEMAC (Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale), de nombreux acteurs de l'économie se réjouissaient déjà de l'accord de restructuration trouvé entre le Congo et son créancier Exim Bank China au sujet d'un montant de dette équivalent à 2,5 milliards $.
Une évolution des choses qui est porteuse de l'espoir, qu'en marge d'un niveau des prix du pétrole moyennement en hausse, comparativement à la récente période des prix bas, le pays pourrait finaliser son accord avec le FMI, avec comme conséquence l'obtention de ressources complémentaires des autres bailleurs de fonds qui permettraient d'améliorer l'encours des réserves de change de la sous-région.
Cet espoir pourrait être vain. En cause, la possibilité pour le FMI de rejeter les propositions de réformes du Congo, tant qu’il n’y aura pas une transparence totale sur l'encours réel de la dette congolaise qui a constitué l'un des gros boulets du programme des réformes économiques, décidé par les chefs d'Etat de la CEMAC, lors de la réunion de crise de décembre 2016 à Yaoundé.
Dans ses discussions avec le FMI, le Congo se fait accompagner par le cabinet français Lazard et c'est ce dernier qui, selon des informations rapportées par Reuters, aurait attiré l'attention du gouvernement de Brazzaville, sur ce risque. Aucune réaction officielle ne vient confirmer cela, mais l'expérience avec le Tchad et l'affaire Glencore montre bien que la face visible de ces négociations dissimule très souvent une grosse partie immergée.
Si on sait en effet qu'un accord a été trouvé avec Exim Bank China, on sait cependant peu de choses sur le contenu total de cet accord. Il en ressort que le pays de Xi Jinping a accepté un remboursement de toute la dette due sur une période de 15 ans, mais à condition qu’un tiers de cette dette soit remboursé avant 2021.
Le Congo, selon Bloomberg, aurait aussi trouvé un accord avec Trafigura, un groupe très controversé de trading de matières premières. Mais il semble que cet accord ne soit pas conforme aux attentes du FMI. Au niveau de l'institution de Bretton Woods, on rejette cette hypothèse en expliquant que le conseil d'administration analyse sereinement la situation. Mais on se rappelle que l'accord avec le Tchad avait été durement obtenu.
Jusqu'ici, seuls trois pays, le Tchad, le Gabon et le Cameroun, ont trouvé un accord avec le FMI, en vue d'apporter une réponse à la baisse des revenus en dollars qui a plombé la sous-région CEMAC. Le cas du Congo a connu une évolution lente et le chapitre actuel est à suivre.
Idriss Linge
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