(Agence Ecofin) - Les responsable kényans sont consternés du fait que l'agence de notation Moody's ait dégradé la note de la dette souveraine de leur pays, un cran en dessous de sa position déjà spéculative : (B2) avec perspective stable. Par manque de chance, ils sont actuellement aux Etats-Unis dans le cadre d'une rencontre avec des investisseurs, au sujet de la prochaine émission d'obligations souveraines.
Le Kenya souhaite effectivement entrer dans le club très fermé des pays africains qui sont parvenus à mobiliser des ressources longues (à 30 de maturité) sur le marché international, comme le Nigéria, l'Afrique du sud, et il y a quelques jours, l'Egypte. Une délégation de ses officiels, avec à sa tête le ministre Henry Rotich (photo), en charge des finances, est actuellement aux Etats-Unis dans le cadre d'un roadshow qui se poursuivra lundi prochain à Londres, en Grande Bretagne.
Moody's a justifié sa position par le fait que le gouvernement kényan prévoit de gros travaux d'investissements publics et a pour cela emprunté massivement auprès des banques locales et des institutions financières internationales, alors que, dans le même temps, il peine à mobiliser les ressources necessaires au remboursement de ses dettes.
Selon des responsables de l'administration kényanne, cités par Reuters, l'agence américaine de notation n'a pas pris en compte les fondamentaux de leur pays qui connaîtra une croissance en rebond à 5,8%, tandis que le stock de la dette gouvernementale devrait être maitrisée à 7% seulement, contre 8,5% précédemment.
Cette annonce de Moody's va aussi compliquer la tâche pour les groupes financiers américains Citigroup et JP Morgan, le britanique Standard Chartered Bank et le sud-africain Standard Bank qui sont les arrangeurs de l’opération. Rappellons que le Kenya souhaite sortir sur le marché international des capitaux avec deux émissions d'une maturité chacune de 10 et 30 ans.
Au delà de la note de Moody's, l'opération financière devra également affronter les prévisions d'inflation aux Etats-Unis. Des analystes et experts s'attendent à plusieurs hausses des taux d'intérêt sur les différentes obligations américaines et par conséquent un moindre intérêt des gestionnaires de fonds pour des émissions en provenance des pays frontières comme le Kenya.
Idriss Linge
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